Vie rurale 9 septembre 2014

Troisième génération d’Ayotte : un pari réussi!

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Malgré les écueils de la production bovine et les revenus alléchants du secteur minier, Richard Ayotte et Karine Bérubé n’ont pas hésité à reprendre la ferme familiale.

L’entreprise des Ayotte, la Ferme Ojibway, du nom du lac formé par le retrait du grand glacier nord-américain, fut bâtie par le grand-père de Richard, Irené Ayotte. Originaire du Bas-Saint-Laurent, ce dernier débarque en Abitibi en 1916 pour venir explorer son lot. L’année suivante, il y érige un camp, puis en 1918 il s’installe finalement dans son village adoptif de Dupuy, tout près de La Sarre, où il bâtit son entreprise agricole. Son fils Paul-René lui succédera.

Richard, le petit dernier des trois enfants de Paul-René, a toujours travaillé à la ferme. Même durant les sept ans qu’il passe en forêt à gagner son pain comme bûcheron, le jeune homme revient donner un coup de main à la ferme. En 2006, la crise forestière décime la région. Au même moment, son frère David, qui exploite désormais la ferme, quitte l’entreprise pour des raisons de santé. Richard revient donc prendre la relève.

« Moi, ici, je suis heureux, mais je ne me voyais pas prendre la relève », confie Richard. En effet, le jeune homme avait déjà acquis trois lots de « terre faite » pour y faire un peu d’élevage de bovins pur sang et du foin commercial.

En 2007, le jeune homme et sa conjointe Karine s’installent à la ferme des Ayotte. Plusieurs personnes ne donnent pas cher quant à leur chance de réussir. « Beaucoup de gens nous ont découragés. Peut-être parce que je suis petite et blonde, mais plusieurs me disaient que je ne serais jamais capable », confie la menue jeune femme. Au début, la jeune femme doit tout apprendre. « J’avais de la difficulté à comprendre leur langage et j’étais plus craintive avec les vaches. Il a fallu que j’apprenne sur le tas. » Aujourd’hui, la petite-fille de Germain Bérubé, un des pionniers de la production bovine en Abitibi, est devenue une vraie cowgirl. « Mon grand-père est content. Nous avons de belles conversations », se réjouit Karine.

Plein de projets

Depuis son arrivée, le couple a trimé dur. Les deux producteurs ont modernisé les infrastructures, en plus d’ajouter une centaine de têtes à leur cheptel. « Nous tenons un inventaire autour de 400 vaches pour 845 bêtes. Nous faisons la semi-finition des veaux entre 750 et 850 livres. Pour les races, nous jouons entre l’Angus, la Hereford et la Simmental », décrit Richard. Le couple garde aussi quatre vaches Angus noires pur sang « pour se gâter ». Ces privilégiées et leurs congénères du troupeau commercial profitent du grand air à l’année. Elles se partagent quelques-uns des 2000 acres (809 hectares) de la ferme, superficies qui sont aussi cultivées en petites céréales et en fourrages.

Les deux amoureux conjuguent sens de la débrouillardise et de l’innovation. « Il faut toujours s’améliorer », insiste Karine. Celle-ci n’a pas hésité à faire les démarches auprès de la compagnie texane Archer afin d’adapter son ordinateur de poche à l’élevage de veaux d’embouche. Dans cet outil, les deux éleveurs notent tout : assistance au vêlage, maladies et poids des animaux. L’appareil calcule aussi le gain de poids des veaux. « Ça nous épargne beaucoup de temps à fouiller dans les calepins », affirme Richard.

Le jeune homme et sa douce moitié nagent toujours en pleins projets. Après la rénovation des parcs, Richard est en train de refaire une beauté au corral. « Nous ne faisons que ça, parler des projets », lance Karine. Le couple regarde toujours en avant malgré les embûches et les découragements. « Ça ne peut pas aller mal quand tu aimes ça. Ça va juste moins bien », termine Richard.