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Premier à bénéficier du Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA), Steve Croisetière n’a ménagé aucun effort pour concrétiser son rêve.
Et le jeune homme a pu compter sur le soutien de toute sa communauté.
Natif de Maskinongé, Steve a grandi les deux pieds bien ancrés en agriculture. Ses parents, Mario et Solange, exploitaient une ferme porcine et de grandes cultures. À 5ans, assis sur son tracteur à gazon, Steve se promet déjà qu’un jour il aura un gros tracteur! Il passe nombre de soirées et de fins de semaine à la ferme laitière de son grand-père et celle de son oncle. « Après l’école, je ne jouais pas au ballon, je tirais des vaches », raconte ce grand gaillard de 22 ans. Dès l’âge de 13 ans, il commence à élever des petits veaux. « Au lieu de jouer au jeu vidéo, j’essayais de les revendre! »
Durant ses études secondaires, Steve travaille plus d’une vingtaine d’heures comme vacher, puis il obtient un diplôme d’études professionnelles (DEP) en production laitière à l’École d’agriculture de Nicolet. Sa passion se reflète dans ses performances académiques alors qu’il est sacré meilleur élève de sa promotion. Il continue à accumuler de l’expérience lorsqu’un jour sa mère lui offre de l’épauler dans son projet de démarrer une production laitière. Steve ne fait ni une ni deux et monte un plan d’affaires basé sur un achat de 12 kg de quota et l’obtention du prêt de 5 kg du Programme d’aide à la relève en production laitière de la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ). La Financière agricole du Québec (FADQ) juge le projet « un peu serré ». Steve retourne donc faire ses devoirs et tente d’obtenir un prêt de 12kg de quota en vertu du Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières de la FPLQ.
Pour mettre toutes les chances de son côté, le jeune homme fait du porte-à-porte pour s’assurer du soutien de sa communauté. Son volumineux plan d’affaires sous le bras, il rencontre producteurs et fournisseurs d’équipements. « Je traînais toute ma paperasse dans mon char », se souvient Steve, qui à chaque tournée ne s’arrête que lorsque son réservoir d’essence est presque vide!
Tous les astres s’alignent pour la réalisation de son rêve. Le jeune homme obtient finalement « son »12 kg de quota de même que l’aide financière de la FADQ, de Desjardins, du Centre local de développement et de la SADC de Maskinongé. Mais par-dessus tout, Steve devient le premier à recevoir un prêt subordonné du Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA). Ce fonds de capital patient de 75 M$ offre du financement plus souple pour soutenir le démarrage d’entreprises agricoles en dehors du cadre familial.
Le 27 juillet dernier, Steve devenait officiellement propriétaire de sa ferme. Une perle rare qu’il a dénichée à Saint-Paulin, ancienne entreprise laitière inexploitée depuis trois ans. Signe du destin, lors de la vente à l’encan de ses actifs, l’ancien propriétaire avait tenu à conserver le réservoir et les lignes à lait dans l’espoir qu’un jour quelqu’un reprenne le flambeau. « J’étais venu à l’encan ici! » fait remarquer Steve. Un autre signe du destin?
Élan de solidarité
Son histoire rappelle d’ailleurs les belles corvées d’autrefois. Famille, amis, voisins, confrères agriculteurs des alentours et même de la région de Lanaudière ont tout lavé, peinturé, ramassé et rangé. Au bout de deux jours, Steve et son troupeau étaient installés! « Des bras, je n’ai pas tout calculé, mais j’en ai eu pour au moins 1000 heures », tient à mentionner en guise de remerciements le jeune homme. Des éleveurs tels que Peter Cardinal, Stéphane Rousseau, Jean-Marc Blandin et Laurent Lambert, « un des meilleurs éleveurs au Québec », lui donnent des animaux de qualité. Son oncle, Michel Chevrette, lui offre généreusement des vaches, du foin et de l’équipement. D’ailleurs, charrue, vibroculteur, planteur à maïs, rouleuse à grains, fourragère, la majorité de la machinerie a été donnée ou prêtée par des producteurs du coin. Steve a aussi pu compter sur le soutien de sa mère, Solange Chevrette, et de son père, Mario Croisetière. Chacun à leur façon, ils assistent Steve dans son entreprise. « Ma mère m’aide à la traite et aux champs. Mon père a plus apporté le côté machinerie », précise le jeune homme. Sa copine, Claudel, profite de la ferme, notamment les travaux en tracteur, pour se détendre entre deux examens de médecine.
Portrait
La Ferme Steve Croisetière possède 25vaches en lactation, pour une cinquantaine de têtes, un heureux mélange de Holstein et de Jersey. « J’ai toujours eu de la Holstein, mais la Jersey est moins chère. J’ai de la haute qualité, des mères excellentes, des vedettes Jersey. Dans la Holstein, j’ai de la bonne vache à lait, pas des cossins », assure Steve qui, à 22 ans, possède déjà dix ans d’expérience!
Intarissable lorsqu’il parle de ses vaches, le jeune éleveur affectionne particulièrement Kalista, avec 14 générations de vaches classées excellentes derrière elle, et « sa » Billet. « Billet, c’est mon départ en génétique. Ç’a été ma première vache de haute qualité, achetée avec le profit de la vente des autres », poursuit Steve, qui se qualifie de gars d’étable. Que de chemin parcouru en un peu plus d’un an. « Tout seul, je n’aurais pas été capable », reconnaît-il humblement. Déjà les projets abondent pour le jeune entrepreneur. Il songe à augmenter son quota, améliorer la génétique de son troupeau, tâter des expositions et « faire mes paiements! » rigole-t-il.