Vie rurale 19 septembre 2014

Mettre l’accent sur la capacité, pas sur le handicap

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Bon nombre de tâches dans le domaine agricole peuvent être effectuées par des gens qui ont un handicap.

On ne s’attend pas à ce qu’un aveugle pilote un avion ou un tétraplégique devienne monteur de lignes pour Hydro-Québec, mais bon nombre de tâches dans le domaine agricole peuvent être effectuées par des gens qui ont un handicap.

Un employeur ne devrait jamais se demander quel poste pourrait convenir à une personne handicapée, car il n’y a pas de catégories de postes à exclure, explique Martin Prévost, coordonnateur au Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées (ROSEPH). « Il n’y aucun emploi ni aucun corps de métier qui ne peuvent être occupés par une personne handicapée. Cela dépend toujours de ses capacités. Quelqu’un qui n’a pas les capacités pour effectuer un travail, handicapé ou non, il ne faut pas l’embaucher. » À son avis, le plus grand problème des gens qui présentent un handicap à l’emploi demeure les préjugés. Plusieurs ignorent, par exemple, que la majorité des gens qui ont une déficience intellectuelle légère savent lire.

Des organismes membres du ROSEPH ont notamment facilité l’intégration d’un ouvrier paraplégique sur une ferme bovine, lui permettant de conduire et d’opérer la machinerie agricole, d’une personne ayant une déficience visuelle à prendre soin de poussins et d’une autre à s’occuper de l’entretien d’un chenil. Leurs services ont également permis à une personne ayant des séquelles d’une tumeur au cerveau causant une paralysie partielle et des problèmes de motricité fine à conduire différents équipements de ferme et à effectuer l’entretien mineur de la machinerie. Grâce à eux, plusieurs personnes ayant une déficience intellectuelle travaillent dans des pouponnières de porcherie et en horticulture, soit dans des serres ou en plein champ.

« L’essayer, c’est l’adopter! » dit M. Prévost, qui ajoute qu’une fois intégrés dans leur emploi, les travailleurs handicapés ont moins tendance à changer d’employeur et que leur taux d’absentéisme et d’accidents de travail n’est pas plus élevé que celui des personnes sans incapacités.

Le processus de sélection et d’intégration à l’emploi qu’offre le ROSEPH, en s’assurant que la bonne personne occupe le bon emploi, qu’elle est bien formée pour les tâches requises, est parmi les plus-values du service.

De plus, comme le ROSEPH est la porte d’entrée des programmes de subventions qu’offrent les gouvernements pour intégrer cette clientèle sur le marché du travail, le processus est simple, c’est un « one-stop shop », comme on dit.

Le Cactus Fleuri, basé à Sainte-Madeleine, embauche depuis 1978 des gens ayant une déficience intellectuelle. La clé du succès, selon André Mousseau, propriétaire de l’entreprise, est que tout le monde soit prêt à appuyer l’initiative, car le concept s’appuie sur le transfert de connaissances et l’empathie. « Ça prend des gens qui ont ça à coeur, qui sont présents toute la journée, qui sont à l’écoute », explique-t-il. Il ajoute que ces recommandations ne s’adressent pas seulement aux personnes handicapées, mais à tout le personnel qu’on tente d’intégrer dans l’entreprise.