Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Depuis deux ans, l’Abitibi-Témiscamingue a perdu 10 % de ses fermes, dont le nombre vient de tomber sous la barre des 700 entreprises. Un point de non-retour pour le secteur agricole de la région « qui ne doit plus perdre de joueurs », témoignent des agriculteurs.
Crise de la vache folle, effondrement du secteur forestier, quelques années difficiles pour les cultures, mesures de redressement à l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), les agriculteurs de l’Abitibi-Témiscamingue ne l’ont pas eu facile. Éleveur de bovins de boucherie en Abitibi-Ouest, Richard Ayotte comptabilise cinq faillites dans les alentours depuis deux ans.
Le passage de la compensation d’assurance stabilisation sur les kilogrammes de veaux vendus a fait particulièrement mal, selon lui. Puisque l’ASRA fixe le maximum assurable à 750 livres/veau, « l’important, c’est d’aller chercher au minimum 750 livres, explique-t-il. Mais les petits producteurs ou ceux qui travaillent à l’extérieur et qui faisaient des veaux de 600-650 livres n’ont pas l’équipement ni la main-d’œuvre pour engraisser des animaux de 700-750 livres », assure le jeune agriculteur, qui prédit d’autres fermetures. Bien qu’il se dise en accord avec la compensation sur les kilogrammes », Richard juge la transition trop rapide.
Leurs voisins, Éric Lafontaine et Hélène Noël, sont également frappés de plein fouet par le resserrement. « Nous sommes performants. Pourquoi sommes-nous touchés? » s’enquiert Hélène. « Travailler, nous faisons juste ça. Travailler pour diminuer nos coûts de production, faire plus de pâturages, valoriser nos fourrages », renchérit Éric. Dans leur village de Dupuy, qui portait le titre de « capitale de la vache à bœuf » il y a quelques années à peine, ils ne sont plus que six à vivre de la production bovine.
À quelques pas de là, la production ovine vit aussi des heures difficiles. « Des quatre producteurs que j’ai visités avant de démarrer dans l’élevage, des gros producteurs, des producteurs de référence, il n’en reste qu’un », témoigne Bruno Lemieux, éleveur d’agneaux à Palmarolle. Œuvrant au ministère de l’Agriculture du Québec, Richard Dessureault constate les transformations du paysage agricole de la région. « Il y a dix ans, il y avait environ 30 producteurs d’agneaux. Aujourd’hui, il en reste 6 », résume-t-il.
D’autre part, dans une région où 85 % des entreprises bénéficient du programme d’ASRA, le choc économique causé par la baisse du soutien à l’agriculture peut dégrader rapidement le tissu social et l’activité économique, prévient l’UPA régionale. Cette vulnérabilité de la région inquiète ses artisans. « Si nous continuons à perdre des entreprises, nos fournisseurs vont s’en aller, craint Éric Lafontaine. Nous sommes à un point où il ne faut plus en perdre », tranche l’éleveur bovin.