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La terre a toujours été là pour les Lafontaine. Après un intermède de quelques années, l’agriculture a repris sa place dans la famille grâce au travail d’Éric et de sa conjointe Hélène. Un parcours dont serait fier l’ancêtre Lafontaine, défricheur en Abitibi.
« La terre ici, c’est le lot de mon grand-père, Benoit P. Lafontaine, originaire de Saint-Stanislas en Mauricie. Il possédait 100 acres, dont 30 en culture. Aujourd’hui, on cultive beaucoup plus », dit Éric, tout sourire, en arpentant ses pâturages. Pendant quelques années, son père Justin a délaissé l’agriculture pour aller travailler à la mine. Au début des années 70, Justin revient à ses premières amours et se lance dans l’élevage de poules pondeuses. Toute la famille met alors la main à la pâte. « À 15 ans, pendant que mes parents allaient à la chasse, je faisais la livraison des oeufs avec un chauffeur. Je manquais même l’école », se souvient Éric. « Ç’a été une bonne école pour les enfants », note aujourd’hui sa conjointe Hélène Noël.
À l’époque des poules, la mère d’Éric achète un premier veau à engraisser pour faire boucherie à l’automne. La vache mourra sur la ferme à…17 ans! Entouré de deux voisins possédant plus de 100 vaches, il n’en faut pas plus pour qu’Éric décide de reprendre la ferme familiale et de l’orienter vers la production bovine. Il s’expatrie donc à Saint-Hyacinthe pour étudier en zootechnologie. À son retour, l’entreprise compte déjà 30 vaches. Les poules ne tardent pas à céder leur place à de plus en plus de bovins. « En 1987, quand je l’ai connu, c’était du blanc ici [NDLR : des vaches de race charolaise] », se rappelle Hélène.
Aujourd’hui, l’Angus, le Simmental et le Shorthorn, en triple croisement de rotation, ont pris le relais. « Nous avons décidé que nous ne suivions plus les modes, que nous ne regardions plus de l’autre bord de la clôture », confie Hélène. Une clôture que la diplômée en gestion et exploitation d’entreprise agricole, en stage chez le voisin des Lafontaine, a sautée pour rencontrer Éric!
Au début des années 90, les deux amoureux prennent officiellement les rênes de l’entreprise qu’ils baptisent de leurs noms de famille respectifs. Ils possèdent alors 150 vaches. Aujourd’hui, le troupeau Lafontaine-Noël compte près de 330 vaches qui produisent environ 300 veaux par année. La moitié des femelles sont gardées pour la reproduction ou vendues comme taures de remplacement, tandis que les mâles sont semi-finis jusqu’à 850 livres. La ferme cultive un peu plus de 2000 acres (809 hectares), principalement en pâturages et en fourrages, ainsi que 150 acres (60 hectares) en céréales.
Hélène et Éric affectionnent ce mode de vie au grand air, peu routinier. « Quand tu finis quelque chose, tu dis à l’année prochaine. C’est vraiment un cycle annuel. Il y a les vêlages puis les foins, la rotation de pâturages », décrit Éric. Durant la saison hivernale, le couple se concentre davantage à l’alimentation de ses bêtes. « Nous ne passons pas l’hiver les pieds sur la bavette du poêle », se dépêche de préciser Éric.
Pendant qu’Hélène s’occupe principalement de la mise en marché et de l’insémination artificielle, Éric se concentre sur les champs et la machinerie. Le couple fait le choix des taureaux ensemble ainsi que toutes les manipulations des animaux. « C’est notre chasse gardée », ajoute Éric. Hélène et lui peuvent aussi compter sur l’aide de leurs deux enfants : Corine, 15 ans, et Simon, 16 ans. Le jeune homme vient de prendre du galon puisque ses parents ont malheureusement perdu leur employé, parti travailler dans une mine.
À la fine pointe
La famille comprend aussi neuf chiens Border Collie, la plupart pour l’agilité canine et d’autres retraités. Pour sa part, Terzo, qui signifie troisième en italien, travaille avec les vaches. « Nous ne pouvons plus travailler sans chiens, affirme Hélène, qui a transmis sa passion au reste de sa famille. Les taures, c’est malcommode. Sans les chiens, elles nous niaisent! Nous pouvons travailler le double du temps », révèle l’éleveuse.
De l’aveu même d’Éric, les deux associés se considèrent un peu « capotés » de pâturages. Ils sont d’ailleurs des pionniers du stockpiling dans la région. Cette technique de gestion des pâturages permet de laisser le temps à la plante de se constituer des tiges assez rigides pour supporter la neige. « Nous étirons les pâturages jusqu’au début décembre pour une saison de 200 jours, décrit Éric. C’est une régie différente, par plus petites parcelles d’une journée ou deux. Les vaches sont dans leur élément et ce sont elles qui travaillent », résume le producteur. Ce qui laisse plus de temps pour les nombreux projets de ces deux éleveurs à la fine pointe de la production.