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L’agriculture en régions périphériques telles que l’Abitibi-Témiscamingue doit surmonter des défis souvent proportionnels à l’éloignement du coeur de la province. Tout comme leurs ancêtres défricheurs, les agriculteurs de l’Abitibi-Témiscamingue doivent négocier avec les aléas des marchés forestiers et miniers. Cet état de fait s’avère particulièrement problématique au chapitre de la main-d’œuvre. Alléchés par des salaires faramineux, plusieurs ouvriers délaissent l’agriculture au profit des mines.
« Avec l’or à 1600 $/once, le marché de l’emploi est fou dans la région. Il y a quelques années, les mines, c’était plus tranquille, mais là, c’est la folie furieuse. Présentement, le plus gros défi, c’est la main-d’œuvre », révèle Éric Lafontaine. L’éleveur bovin de Dupuy, en Abitibi-Ouest, vient de perdre son employé, parti travailler… dans les mines.
Son confrère, Richard Ayotte, abonde dans le même sens. « Le plus difficile, c’est la main-d’œuvre. Les gars dans les mines gagnent de 40 à 60 $/heure », explique le jeune homme qui exploite un élevage de vache-veau avec sa conjointe Karine Bérubé.
Le boom minier affecte également le coût des métaux et du béton. La Fédération de l’UPA de l’Abitibi-Témiscamingue observe même un écart important de coûts entre le secteur plus minier de l’Abitibi et celui du Témiscamingue. La distance des grands centres se traduit également dans le coût des matières premières, notamment celui du béton pour la construction des ouvrages de stockage du fumier. « Le transport coûte plus cher que la chaux elle-même! Et ici, nous n’avons pas accès aux sous-produits », note Richard Ayotte. Tous ces éléments s’additionnent pour faire gonfler les coûts de production des agriculteurs de la région.
L’éloignement complique souvent l’accès aux spécialistes et à la formation. « Ça prend une journée pour y aller, une journée pour la formation et une journée pour revenir », témoigne Richard Dessureault, vigneron au Témiscamingue.
Une pénurie de médecins vétérinaires frappe aussi la région. Éric Lafontaine ne peut compter que sur un praticien au Témiscamingue, à plus de trois heures de route, et un autre à Amos, à près de deux heures de transport. Sans compter que les distances à parcourir limitent leurs champs d’intervention.
Sur une note plus positive, le climat plus nordique de l’Abitibi-Témiscamingue constitue un avantage. « Nous avons de beaux hivers secs et froids », illustre Richard Ayotte, dont les animaux broutent à l’extérieur toute l’année. De plus, le prix des terres s’avère « encore très raisonnable », selon le jeune homme qui possède près de 40 lots dans trois municipalités et qui en défriche encore.
Mais qui dit terre abordable dit aussi améliorations à apporter. Le drainage agricole est peu répandu en Abitibi, et les terres à vendre se font rares sur le marché. Les propriétaires non-agriculteurs démontrent souvent un fort attachement pour le lot familial, souvent défriché par leur grand-père, et refusent de le vendre. Plusieurs agriculteurs sont ainsi locataires des terres qu’ils cultivent. Une situation qui amène son lot d’incertitudes. C’est le cas pour Éric Lafontaine et sa conjointe, Hélène Noël. « À peu près la moitié de nos terres est en location. Ces terres-là, nous ne pouvons pas les améliorer », souligne le producteur bovin.