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L’arsenal dans la lutte intégrée à la chrysomèle rayée du concombre pourrait bientôt s’enrichir d’une nouvelle technique. Une étudiante à la maîtrise en biologie de l’UQAM travaille à développer une stratégie de piégeage massif de ce ravageur en régie biologique.
La chrysomèle rayée du concombre est l’ennemi principal des cucurbitacées. En plus de causer des dommages directs aux plants et aux fruits, elle est vectrice du flétrissement bactérien. Sans traitement, elle peut générer jusqu’à 75 % de pertes dans les cultures. « Peu d’options sont disponibles en régie biologique et l’usage des pesticides dans la culture conventionnelle des cucurbitacées est soumis à des restrictions pour protéger les pollinisateurs. Il faut continuer à chercher des alternatives aux pesticides pour contrôler ce nuisible », rappelle Jessee Tinslay, étudiante à la maîtrise en biologie à l’UQAM.
Sous la supervision d’Éric Lucas, directeur du Laboratoire de lutte biologique de l’UQAM, et de Pierre Lafontaine, directeur général du Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière, Jessee Tinslay cherche à mettre au point une stratégie de piégeage massif adaptée au Québec, en s’inspirant de travaux réalisés au Missouri en 2018, qui ont permis de maintenir la population de chrysomèles rayées sous le seuil économique des dommages. Ces pièges étaient constitués de bidons d’eau savonneuse auxquels était ajouté un attractif.
Un prétest effectué la même année a permis de capturer 10 600 chrysomèles rayées en Montérégie à l’aide de ce même type de pièges. « Toutefois, on a constaté que ces pièges attiraient aussi des pollinisateurs et des ennemis de la chrysomèle rayée. Par conséquent, il fallait optimiser le piège pour minimiser la capture d’insectes non cibles tout en maximisant celle de la chrysomèle », explique Mme Tinslay.
Trouver le piège optimal
Pour y parvenir, l’étudiante a mené deux expériences. D’abord, elle a voulu déterminer la taille et le nombre de trous optimaux sur les pièges en perçant 10 ou 20 trous d’un diamètre variant de 4 mm à 6 mm sur les bidons. Le piège témoin présentait quant à lui 20 trous d’une ouverture de 6 mm, soit les mêmes caractéristiques que le prétest et que l’expérience menée au Missouri. Par la suite, un attractif dégageant un parfum de courge a été déposé dans chacun des pièges, qui ont été disposés de façon aléatoire en périphérie de deux productions de courges biologiques en Montérégie. Résultat : le diamètre et le nombre d’ouvertures sur les pièges n’ont eu aucune influence sur la capture de chrysomèles rayées. En revanche, les pièges disposant de trous de plus petite taille ont limité de façon importante l’entrée d’insectes utiles, pollinisateurs et coccinelles.
La deuxième expérience a consisté à identifier quel attractif était le plus efficace pour la capture des chrysomèles rayées, tout en limitant celle des insectes non cibles. Jessee Tinslay a donc testé quatre attractifs différents dans des bidons à gros trous : l’Alpha Scents, l’AgBio, le KLP et le TRE8276. L’étudiante a constaté que l’AgBio était de loin le plus efficace pour capturer la chrysomèle rayée, mais aussi les pollinisateurs. « Bien que l’AgBio attire également des insectes non cibles, le piège optimal serait celui qui utilise cet attractif. Pour limiter l’entrée des pollinisateurs, le bidon devrait de plus disposer de 10 trous sur les côtés d’un diamètre de 4 mm », conclut l’étudiante.
Encore en développement
À l’été 2020, Jessee Tinslay a mené d’autres tests, cette fois-ci pour mesurer les effets du piégeage massif sur la réduction des dommages. « Jusqu’à présent, on a réussi à réduire la population de chrysomèles rayées, mais pas encore sous le seuil économique des dommages. Peut-être qu’en jumelant le piégeage massif avec d’autres techniques, on pourrait y parvenir. »
Par ailleurs, elle a remarqué un effet secondaire intéressant : certains pièges ont attiré jusqu’à 1 000 chrysomèles des racines du maïs, un ravageur qui peut également endommager les citrouilles. « C’est une avenue intéressante à explorer pour les producteurs qui cultivent des cucurbitacées et du maïs. »
L’étudiante poursuivra ses travaux cet été pour perfectionner la technique de piégeage massif.