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Exotique, mais toxique! La berce du Caucase, qui a tant fait parler d’elle il y a quelques années, alimente un peu moins les conversations grâce aux efforts déployés dans plusieurs régions. Mais serait-elle pour autant en voie de disparition? Pas vraiment, craignent les spécialistes.
« Je me souviens des premières conférences où je parlais de la berce du Caucase : tout le monde tombait des nues! » raconte le professeur Claude Lavoie, de l’Université Laval. Le biologiste a passé quatre années, de 2013 à 2017, à se pencher sur le phénomène de cette étonnante plante, séduisante par son allure et ses ombrelles blanches, mais véritable envahisseur toxique, surtout dans les zones humides.
Un véritable fléau
Introduite en Amérique du Nord comme plante ornementale, la berce du Caucase a été repérée pour la première fois au Québec dans les années 1990, et s’est développée de Gatineau à Rimouski, en passant par Baie-Comeau et l’Île-Verte. Elle est devenue un véritable fléau pour bien des municipalités et agriculteurs de l’Estrie, de la Chaudière-Appalaches, de la Capitale-Nationale ou encore du Bas-Saint-Laurent… En effet, en plus d’avoir une croissance faramineuse et de perturber la biodiversité, cette plante à la sève toxique peut provoquer de sérieuses brûlures cutanées.
Néanmoins, dans certains secteurs (Chaudière-Appalaches, Capitale-Nationale, Bas-Saint-Laurent), la progression du végétal semble mieux maîtrisée. Dans le Bas-Saint-Laurent par exemple, une démarche concertée entre de nombreux partenaires entamée en 2015 a permis d’enrayer sa progression. Un investissement d’un million de dollars sur cinq ans y a été consacré.
Un combat permanent
En Estrie, quatre ans plus tard, la situation commence à se stabiliser. La berce, dont les graines voyagent particulièrement bien dans les cours d’eau, s’était infiltrée le long de rivières et dans plusieurs communes, traversant des zones agricoles. Pour en venir à bout, « le combat est ardu » dans ce secteur où il n’est pas possible d’utiliser d’herbicide, reprend Claude Lavoie. Nicolas Trottier, fondateur de l’entreprise Quadra Environnement, est l’un des professionnels qui interviennent pour éradiquer cet ennemi naturel. « Le long de la rivière, l’invasion se prolonge sur une trentaine de communes », note le spécialiste, qui reconnaît : « Sur ce type d’espèces végétales, on parle rarement d’éradication totale. Il ne faut jamais baisser la garde. »
De quoi décourager élus et agriculteurs? « Tout le monde est convaincu qu’il faut agir. Maintenant, la plante est connue; on sait comment s’y prendre pour la combattre. Il y a la technique mécanique, où la seule solution consiste à arracher les racines à la pelle, et quand c’est possible, une méthode chimique. Il y a un plan de match, mais cela coûte cher et prend beaucoup de temps », explique Nicolas Trottier.
Le maire de Racine, Christian Massé, reste prudent lui aussi : « On commence à avoir le contrôle. Mais on part de loin! » Sa commune et celles qui sont autour (Valcourt, Canton de Valcourt et Maricourt) consacrent chaque année de 10 000 $ à 15 000 $ de leurs budgets aux traitements. Une subvention de 100 000 $ a été versée par Prime-vert au Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE).
« L’expansion est maintenant limitée, mais il reste beaucoup de travail et je ne pense pas qu’un jour, nous puissions totalement en venir à bout », estime le maire. Un constat que partage le spécialiste Claude Lavoie : « Le combat est bien mené, mais il est loin d’être terminé. »
Agathe Beaudouin, collaboration spéciale