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Pendant bien des années, il n’était pas rare d’entendre l’adage « un mouton malade, c’est un mouton mort » tant de la bouche des intervenants que des producteurs. Rien n’est plus faux aujourd’hui.
L’élevage ovin a beaucoup évolué dans les dernières années, et ce, dans toutes les facettes de la production. Les producteurs ovins sont d’ailleurs répartis un peu partout sur l’ensemble du territoire québécois.
Malgré la pénurie de vétérinaires dans les grands animaux au Québec, on dénombre une vingtaine de vétérinaires praticiens qui démontrent beaucoup d’intérêt pour les petits ruminants, et ils sont présents dans toutes les régions du Québec. Bien qu’ils aient parfois peu de clients producteurs ovins dans leur secteur, ce qui leur laisse dans certains cas peu d’expositions cliniques, ils sont soutenus par des réseaux et des centres d’expertise qui les appuient dans leurs tâches. Une multitude de réseaux d’experts collaborent et contribuent à améliorer les connaissances sur la santé des troupeaux ovins. En voici quelques-uns.
Réseau d’épidémiosurveillance vetovincaprin
Présentement, plus de 100 vétérinaires en sont membres. Ils sont des étudiants vétérinaires, des vétérinaires praticiens, des vétérinaires de l’industrie ou proviennent de l’enseignement collégial et universitaire et ont tous en commun un intérêt pour la médecine des petits ruminants. Six conférences téléphoniques ou « virtuelles » sont organisées annuellement pour partager des situations cliniques ou pour recevoir des conférenciers traitant de sujets d’intérêt vétérinaire. Entre ces conférences, de nombreux échanges courriel se font entre les membres pour poser des questions, faire des demandes de renseignements et partager des situations cliniques complexes. Ce réseau est appuyé par un comité de pilotage composé de la Dre Anne Leboeuf du MAPAQ, la Dre Julie Arsenault et le Dr Pascal Dubreuil de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal, les Dres Magaly Bégin-Pépin, Dominique Fournier et Marie-Lou Gauthier des laboratoires de santé animale du MAPAQ, et du Dr Gaston Rioux, du CEPOQ.
CEPOQ
Le CEPOQ, soit le Centre d’expertise en production ovine du Québec, apporte un soutien d’expertise, tant agronomique que vétérinaire, pour accompagner les producteurs et les intervenants dans leur recherche de solutions à leurs problèmes et les accompagner dans leurs projets. Le CEPOQ développe aussi avec ses partenaires (MAPAQ, FMV, SEMRPQ et LEOQ, entre autres) plusieurs projets de recherche dans le but d’améliorer la santé et la productivité des élevages québécois. Actuellement, le CEPOQ participe activement à près d’une dizaine de projets de recherche ou de transfert de connaissances, directement liés à la santé des ovins, et d’autres sont en attente de financement. Les éleveurs et intervenants peuvent consulter le site www.cepoq.com, pour y retrouver de nombreuses informations sur les projets de recherche, mais également sur la santé ovine, telles que des fiches techniques, des capsules vidéo, le contenu de certaines formations, des articles de vulgarisation, divers outils de travail, des rapports de recherche, etc.
MAPAQ
Au cours des deux dernières années, le MAPAQ et ses partenaires, dont le CEPOQ, ont développé trois campagnes PISAQ (Programme intégré de santé animale du Québec) destinées aux petits ruminants. Une première campagne était axée sur la prévention et le contrôle des avortements, la seconde sur la gestion intégrée du parasitisme gastro-intestinal chez les petits ruminants sur pâturage et enfin, une troisième sur la qualité du lait et la santé de la glande mammaire des chèvres et brebis laitières, comprenant entre autres des visites vétérinaires et des analyses de laboratoire gratuites.
Autres actions
Le CEPOQ coordonne également les programmes québécois d’assainissement des troupeaux ovins pour le Maedi visna et pour l’arthrite encéphalite caprine (AEC). Ces deux programmes, qui regroupent plus de 110 éleveurs participants (75 pour le Maedi visna et 35 pour l’AEC), visent à diminuer la prévalence de ces maladies au sein des troupeaux ovins et caprins. Ce sont les vétérinaires praticiens qui prélèvent les échantillons sanguins et travaillent avec les éleveurs pour s’assurer que les règles de biosécurité sont respectées.
D’autres organisations contribuent à améliorer la santé du cheptel québécois par leurs actions et à fournir aux consommateurs un produit sain et sans résidus. Il reste bien entendu de nombreux défis à surmonter comme la santé du pis, les pneumonies en élevage et la paratuberculose, une maladie bien présente dans les élevages ovins et caprins et qui affecte la productivité de façon non négligeable. Des projets de recherche ont été et seront d’ailleurs réalisés dans les prochains mois pour aider à trouver des outils permettant de diminuer la prévalence de cette maladie chez les petits ruminants. Une équipe, entre autres formée de la Dre Julie Arsenault de la FMV de l’UdeM, du CEPOQ et de la Dre Anne Leboeuf du MAPAQ, collabore dans un projet d’envergure en lien avec cette condition.
À tout ceci s’ajoutent d’autres défis d’avenir comme l’adaptation des productions ovine et caprine aux changements climatiques et l’orientation de celles-ci dans une démarche de développement durable.
Donc, comme on peut voir, nos moutons sont bien gardés et en santé au Québec, car ils sont entourés d’éleveurs et d’intervenants compétents. Aujourd’hui, l’adage cité en début d’article n’a plus sa place dans nos conversations. Un mouton malade n’est plus un mouton mort.
Dr Gaston Rioux, mv, coordonnateur de la santé ovine, Centre d’expertise en production ovine du Québec (CEPOQ)