Technologie 22 mai 2024

Vers un robot qui peut cueillir des fruits et dépecer des carcasses

L’une des frontières en matière de robotisation dans le secteur agricole est sans aucun doute de réaliser des tâches aussi complexes et précises que de cueillir des tomates ou de dépecer une carcasse. Or, le Québec s’apprête à franchir cet objectif futuriste grâce à l’entreprise Exonetik, de Sherbrooke, qui vient de se voir octroyer deux subventions du ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada. 

Pascal Larose aux côtés du robot qui fonctionne à partir d’un fluide intelligent pouvant passer de l’état solide à liquide.

D’un montant de 1 M$ chacune, ces subventions rattachées au programme Solutions innovatrices Canada serviront à faire évoluer la technologie de l’entreprise dans la cueillette de fruits et de légumes ainsi qu’en boucherie. « On sait tous les manques qu’on a en matière de ressources humaines, dit Pascal Larose, président-directeur général d’Exonetik. Notre objectif est de pouvoir fournir une main-d’œuvre non pas pour des tâches répétitives, mais pour des tâches complexes. »

L’entreprise, qui compte une dizaine d’années d’existence, a commencé dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Elle a développé une expertise dans l’utilisation du fluide intelligent, dit magnétorhéologique », qui peut passer de solide à liquide.

Il change de consistance selon le flux magnétique qui le traverse. Il permet d’obtenir des gestes très semblables aux membres humains, qui peuvent être rigides et forts ou bien mous. Les robots conventionnels ont des gestes raides, qui peuvent endommager une culture.

Pascal Larose, président-directeur général d’Exonetik

Le robot actuel est dirigé à distance, par un humain, à partir d’un robot-maître, lequel est rattaché à un robot-clone indépendant, qui en reproduit les gestes. Le tout fonctionne notamment grâce à des lunettes de réalité virtuelle et est contrôlé à la manière de la télémédecine.

À terme, l’objectif est d’obtenir un robot qui sera en mesure de fonctionner seul. « Nous aurons besoin de l’intelligence artificielle (IA) pour faire évoluer la technologie. Avec l’analyse de données, cela permettra au robot d’apprendre des gestes de l’humain, dit celui qui est coactionnaire de l’entreprise de 35 employés. Nous n’avons pas l’expertise de l’IA à l’interne. Nous sommes en discussion avec une entreprise spécialisée dans le secteur. »

Pour mener son développement à bien, Exonetik s’est adjoint la collaboration de deux partenaires, soit le Groupe Savoura et les équipements de Frontmatec, une entreprise d’automatisation ayant notamment comme clients Olymel, duBreton et Maple Leaf.

L’objectif serait de commercialiser les premiers robots à partir de 2026. Sans avancer de prix, Exonetik aimerait que ses robots soient le plus accessibles possible, et ce, pour différentes tailles d’entreprises. « On veut que les entrepreneurs puissent rentrer dans leur argent en dedans de quelques années », précise Pascal Larose.