Technologie 3 mai 2023

Une des plus fortes concentrations d’agtech du Canada au Québec

L’ASSOMPTION – Entre 2017 et 2021, le Canada a enregistré une croissance fulgurante de l’industrie des agtech de 11,5 % par année. En 2023, le Québec recense sur son territoire plus du tiers de ces entreprises, spécialisées dans le développement et la commercialisation de technologies agricoles. Toutefois, les principaux intéressés, les fermiers, sont encore réticents à joindre l’aventure.

Marilou Cyr

En 2019, le Québec comptait une vingtaine d’agtech établies, c’est-à-dire d’entreprises spécialisées dans le développement et la commercialisation de technologies agricoles. En incluant les entreprises en démarrage, la Belle Province compte aujourd’hui 250 agtech, ce qui en fait la province avec l’une des plus fortes concentrations du Canada, aux côtés de l’Alberta et de l’Ontario. Au plus fort de la pandémie, la province recensait d’ailleurs 450 jeunes pousses sur le territoire, indique la directrice générale de la Zone Agtech, Marilou Cyr. « Il y en a tout le temps qui se développent et d’autres qui ferment, mais je dirais qu’il y en a environ dix par année qui arrivent à percer », précise celle dont l’organisme de l’Assomption œuvre à soutenir et à structurer l’industrie florissante. 

L’effervescence des dernières années s’explique d’une part par les incitatifs des gouvernements provincial et fédéral mis en place pour développer l’autonomie alimentaire du Québec. D’autre part, ces technologies sont attrayantes pour les producteurs, car elles permettent des gains de productivité tout en solutionnant des problèmes. Par exemple, elles proposent de résoudre la pénurie de main-d’œuvre par la robotisation et l’automatisation. Elles répondent également aux stratégies de décarbonation, d’amélioration de la santé des sols, de captation de carbone et plus.

Plusieurs entrepreneurs des 250 agtech québécoises viennent régulièrement bénéficier du soutien entrepreneurial offert par la Zone Agtech à l’Assomption. Photo : Myriam Laplante El Haïli/TCN

Adoption variable des technologies

De leur côté, les producteurs adoptent en majorité des technologies simples et abordables. « C’est beaucoup ce qu’on voit actuellement, des producteurs qui fonctionnent avec des sondes de captation d’humidité, de captation des nutriments dans le sol, etc. pour favoriser l’agriculture de précision », explique Mme Cyr. Ces solutions se détaillent autour de 5 000 ou 10 000 $, précise-t-elle. 

Des projets de plus grande envergure commencent toutefois à voir le jour. Comme celui de Gabrielle Roy, à Montmagny, qui a choisi de se diversifier de la production porcine et de grandes cultures en démarrant une ferme verticale.

L’important coût d’un robot désherbeur ou récolteur ou d’un tracteur autonome incite les agtech à développer des stratégies d’adoption innovantes auprès des producteurs. Certaines proposeront leurs dispendieuses technologies aux coopératives d’utilisation de matériel agricole, d’autres mettront en place des modèles de location plutôt que d’achat, par exemple. Bien que ces technologies ne soient pas encore tout à fait prêtes à être commercialisées, les producteurs attendent leur arrivée sur le marché avec impatience. 

Les producteurs n’adhèrent pas beaucoup aux solutions intégrant de l’intelligence artificielle ou des biointrants, indique la directrice générale. « L’intelligence artificielle, je dirais que les producteurs sont beaucoup moins là en ce moment. Juste parce que ça fait peur, et des fois c’est une question de valeurs », dit-elle. Le secteur agricole est près de la terre et a des manières de faire plus humaines, poursuit-elle, ce que l’intelligence artificielle peut dénaturer. Mme Cyr attribue la faible pénétration de marché des biointrants, comme les biofertilisants, les biopesticides ou les biocatalyseurs, à la difficulté de placement de ces produits chez les distributeurs d’intrants du Québec. Les producteurs n’y adhèrent pas parce qu’ils n’y sont pas exposés.


Qu’est-ce qu’une agtech?

Agtech est la contraction des mots « agriculture » et « technologie ». Le terme est employé pour décrire des entreprises qui développent et commercialisent des technologies pour le milieu agricole. Ces technologies répondent à un besoin, souvent lié à un gain de productivité, de rendement ou de rentabilité de la ferme. Au Québec, ces entreprises se spécialisent dans six domaines : l’agriculture de précision et les systèmes connectés, l’automatisation et la robotisation, les nouveaux systèmes agricoles et environnements contrôlés, les aliments émergeants, les énergies propres et les bioproduits et biotechnologies.