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Les producteurs horticoles fondent de plus en plus d’espoir dans les nouvelles technologies pour faire face aux défis colossaux que constituent la pénurie de main-d’œuvre et la crise climatique. Pour les accompagner, le Réseau d’expertise en innovation horticole (REIH) produit une veille technologique afin de cibler des innovations susceptibles de répondre à leurs besoins. Izmir Hernandez, conseillère en innovation au REIH, nous en propose trois qui risquent d’atterrir dans nos champs au cours des prochaines années.
Des récolteuses de framboises intelligentes
L’entreprise britannique Fieldwork Robotics a conçu une récolteuse intelligente dotée de bras munis de senseurs qui détectent la couleur des baies. Lorsque la framboise est à point, le bras récolteur aspire le fruit pour ensuite le déposer dans un bac à l’arrière du véhicule. « Prenons l’exemple d’une baie qui commence à peine à se colorer. Avec l’entraînement, la récolteuse arrive à savoir que cette baie sera prête dans trois jours », illustre Izmir Hernandez. Une machine qui, comme toutes les technologies qui ont recours à l’intelligence artificielle, gagne en précision avec le temps en nourrissant l’algorithme. La récolteuse étant encore en développement, il faudra être patient avant qu’elle n’arrive dans nos champs.
Réduire la quantité de pesticides grâce à un épandage ciblé
Cinq producteurs maraîchers québécois utiliseront pour la première fois cet été le pulvérisateur de pesticides ARA de l’entreprise suisse Ecorobotix. Une technologie qui permet de réduire de 50 à 80 % la quantité de produits chimiques – pesticides, insecticides ou fongicides – employés dans les champs. « Cette machine-là peut travailler de nuit et possède des valves qui identifient la mauvaise herbe pour envoyer de petits jets ciblés », explique Izmir Hernandez. Ainsi, au lieu de procéder à un épandage généralisé, le pulvérisateur ARA identifie la plante à asperger et peut même délimiter des zones d’exclusion, que la machine doit épargner. « Selon les producteurs qui l’ont testé, c’est tellement précis et ciblé que tes cultures ne sont pas abîmées », affirme-t-elle. Principalement utilisé dans les cultures d’oignons, l’ARA peut être entraîné dans les cultures d’épinards, de maïs, de betteraves, de brocolis, de carottes et de laitues. Depuis quelques mois, l’entreprise québécoise Univerco est devenue le distributeur d’ARA dans la province.
Couper les stolons des fraisiers sans toucher au plastique
La coupe de stolons, ces bébés fraisiers qui se développent à partir de la plante mère, est une tâche énergivore pour les producteurs de fraises qui nécessite de deux à trois coupes par été. Pour alléger la tâche, l’entreprise allemande Heuling a mis au point une machine qui s’adapte à la plasticulture. Ainsi, la déstoloneuse de fraises sur paillis de plastique est un équipement mécanique qui arrive à soulever les stolons pour les couper en hauteur, sans abîmer le plastique qui recouvre les planches de culture. Le REIH aimerait bien tester l’engin ici prochainement. « C’est une machine qu’un producteur a testée ici il y a 20 ans, mais qui n’était pas très adaptée. Depuis, elle a beaucoup évolué », note Izmir. Le REIH fait présentement des démarches pour trouver un distributeur.
Bien que ces technologies soient prometteuses, leur arrivée dans nos fermes comporte de nombreux défis. Les coûts, la distribution, et le manque de validation objective des technologies pour savoir si elles s’adaptent bien aux conditions de production d’ici sont autant de freins à leur implantation. Et après l’acquisition, il reste aussi à partager son expérience avec les autres, ce que peu de producteurs sont enclins à faire par crainte d’alimenter la concurrence. « C’est tout un travail de conscientisation », note Izmir Hernandez. Cette dernière espère que les mentalités vont changer pour que les petites et moyennes entreprises puissent bénéficier davantage d’un travail collectif. « On aurait avantage à partager davantage pour pouvoir acheter de l’équipement ensemble lorsque c’est possible, et ce, pour le bien de la production à l’échelle de la province. Parce qu’avec toutes les compagnies qui meurent, celles qui restent ne pourront pas supporter toute la charge du marché », conclut-elle.