Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Déjà bien présente dans différents secteurs de l’économie, l’intelligence artificielle (IA) tarde à s’implanter dans les fermes québécoises. Plusieurs intervenants pensent toutefois que le milieu doit amorcer rapidement ce virage technologique pour demeurer concurrentiel et pressent les associations de producteurs de prendre l’initiative.
En agriculture comme dans d’autres domaines, l’intelligence artificielle est devenue très performante pour remplacer les yeux d’un travailleur humain. Elle peut désormais évaluer le degré de maturité d’un fruit, analyser le comportement de bestiaux ou encore détecter la présence de nuisibles. Combinée à la robotique et à la vision industrielle, l’IA permet d’automatiser plusieurs opérations pour soulager le secteur d’une pénurie de main-d’œuvre qui ira en s’aggravant. La technologie est disponible, mais les fermes qui utilisent l’IA demeurent rares. Comment expliquer ce phénomène?
« Dans sa courbe de progression, le niveau actuel de l’IA est comparable aux ordinateurs des années 1990, affirme Dominic Pilon, expert en transformation numérique chez Hyperzic. On est au début de quelque chose, mais il faut plus de geeks et des compétences agricoles pour l’exploiter. »
Selon lui, il est encore nécessaire d’adapter la technologie à la réalité du terrain. « On a un grand besoin que les associations de producteurs se mobilisent pour développer des outils technologiques en fonction de leurs besoins à long terme avec des fermes-pilotes pour les tester. Les producteurs seuls ne pourront y arriver », explique-t-il en marge d’une présentation sur le sujet à la première Journée Innovation, tenue le 25 janvier dernier, à Drummondville.
L’union fait la force
« La partie de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle ne se jouera pas en solo. À part quelques gros joueurs, les fermes québécoises sont des petites PME. Si elles ne se réunissent pas pour prendre le virage, elles vont manquer le bateau… En fait, le bateau est déjà parti et il est temps de courir après la dernière passerelle », tranche Hugues Foltz, v.-p. directeur chez Vooban, une firme spécialisée dans ce domaine.
« Si tous les producteurs joignaient leurs forces pour bâtir quelque chose qui bénéficie à l’ensemble, ce serait à la fois très puissant et très abordable, poursuit Hugues Foltz, qui participait également à la Journée Innovation. Mais les producteurs doivent accepter de travailler avec leurs compétiteurs. »
Tester les technologies
Le chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et spécialiste de l’agriculture de précision Alain N. Rousseau s’attend à ce que l’IA fasse une percée lorsque les producteurs verront dans cette technologie un avantage économique ou une façon de diminuer un irritant comme la pénurie de main-d’œuvre, « d’où l’utilité de comparer différentes innovations selon les besoins des producteurs ».
« Le producteur moyen en a déjà plein les bras avec la gestion de son entreprise; il n’a pas nécessairement le temps de faire l’analyse de toutes les offres disponibles, fait valoir le chercheur. Ce sera important que les associations prennent l’initiative de tester différentes technologies et arrivent avec des recommandations. Les vitrines technologiques sont aussi essentielles pour démontrer que ces outils fonctionnent. »
Selon Dominic Pilon, l’IA permettrait d’aller au-delà des références historiques et de regarder le vrai impact des opérations à la ferme. Pour obtenir des réponses, il faut plus d’échantillonnage et continuer à récolter des données. »