Technologie 21 août 2024

La biométhanisation au service des agriculteurs québécois


Keridis BioÉnergie, une entreprise québécoise spécialisée dans la biométhanisation, connaît, elle aussi, une croissance impressionnante. 

Fondée il y a trois ans, Keridis Bio­Énergie est le fruit d’une collaboration entre Viridis Environnement, une entreprise québécoise bien établie dans le recyclage de matières organiques, et le groupe français Keon, expert en construction et exploitation d’usines de biométhanisation.

Simon Naylor, PDG de Keridis BioÉnergie, explique : « Nous voulions développer la biométhanisation avec nos clients agriculteurs, mais comme nous ne connaissions pas la conception, les équipements, la construction et l’opération de ce type de technologie, nous avons cherché un partenaire complémentaire. Nous avons eu la chance incroyable de croiser le Groupe Keon, une compagnie en France qui a construit 80 usines de biométhanisation en 15 ans. »

« Nous voulons développer une dizaine d’usines au Québec, un peu partout sur le territoire, qui seront en zone rurale. » Simon Naylor  / PDG de Keridis BioÉnergie

Le modèle proposé par Keridis est inspiré de celui qui prévaut en France : des usines de taille moyenne, ­adaptées aux zones rurales.

Les installations de Keridis BioÉnergie utilisent du fumier, du lisier, des coproduits végétaux et des résidus agroalimentaires pour produire du biométhane, une source d’énergie renouvelable. « On utilise du fumier, du lisier et des coproduits végétaux comme des pailles, mélangés à quelques résidus agroalimentaires comme des résidus de restauration ou du petit lait des usines de fromage, pour faire un cocktail », décrit Simon Naylor. Grâce à un procédé biologique, le biométhane, appelé aussi GNR, est extrait et utilisé comme gaz renouvelable.

Des projets ambitieux

Les projets de biométhanisation de Keridis BioÉnergie sont ambitieux, avec l’objectif de développer une dizaine d’usines au Québec dans les prochaines années. « Nous voulons développer une dizaine d’usines au Québec, un peu partout sur le territoire, qui seront en zone rurale », précise Simon Naylor. Les projets à L’Ange-Gardien et à Bécancour sont les plus avancés, avec des mises en service prévues pour 2027. À L’Ange-Gardien, l’usine traitera 80 000 tonnes de matières et nécessitera un agriculteur partenaire majoritaire. À Bécancour, l’usine traitera 65 000 tonnes et nécessitera deux ou trois agriculteurs partenaires.

Keridis BioÉnergie s’efforce de créer des partenariats solides avec les agriculteurs locaux, leur offrant la possibilité de devenir actionnaires dans les projets. Par exemple, le projet de la Ferme Grenier Gardangeois à L’Ange-Gardien a été initié par un agriculteur, qui a ensuite ouvert l’actionnariat à Keridis et à la firme Prorec de Saint-Hyacinthe. « C’est toujours plus pertinent d’être en petit groupe complémentaire pour faire de tels projets. C’est notre vision chez Keridis », ­souligne Simon Naylor.

L’entreprise investit des ressources considérables dans chaque projet, allant de la recherche de subventions à la gestion des intrants et à la valorisation du biogaz produit.

On va fournir les équipements nécessaires avec des garanties de performance. On va opérer l’usine pendant les 20 prochaines années, au moins. C’est des termes de 20 ans. On va aller chercher la dette, puis on va s’occuper de l’opération.

Simon Naylor

Les projets de Keridis BioÉnergie coûtent entre 30 et 40 millions de dollars chacun et nécessitent des années de travail pour leur développement, incluant des études de faisabilité, des plans d’affaires, la sécurisation des terrains et l’obtention des permis environnementaux.

Keridis BioÉnergie privilégie le modèle français de biométhanisation, contrairement aux modèles allemand et danois, jugés moins adaptés pour le Québec. « Le modèle à l’allemande fonctionne beaucoup avec de l’ensilage de maïs, ce qui pose des problèmes environnementaux et d’acceptabilité sociale. Le modèle danois, basé sur des méga-usines, n’est pas approprié non plus pour notre territoire. Nous préférons le modèle à la française, avec quatre ou cinq agriculteurs par usine, permettant une meilleure acceptabilité sociale et un bilan environnemental amélioré », explique Simon Naylor.

Keridis BioÉnergie voit un fort potentiel pour la biométhanisation au Québec. « Il y a 40 000 usines de biométhanisation dans le monde, dont 1 500 en France. Il n’y a pas de risque technologique. Les agriculteurs québécois produisent 30 millions de tonnes de fumier et lisier par an, offrant des opportunités d’affaires et de nouveaux revenus tout en réduisant leur impact environnemental », conclut Simon Naylor.