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Cibler l’équipement agricole qui respecte à la fois son budget et les besoins du travail à la ferme s’avère un exercice de plus en plus vertigineux devant la panoplie de nouvelles technologies disponibles. La Terre a profité de la tenue de l’événement Expo-Champs, à Saint-Liboire, en Montérégie, à la fin août, pour explorer l’importance accordée à la rentabilité dans les choix de machinerie.
Pour faire un choix rentable dans la panoplie d’équipement agricole sur le marché, Alexandre Bakaras, enseignant en technique de génie agricole (TGA) à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), suggère aux producteurs agricoles de toujours revenir à la base, en se demandant d’abord ce dont ils ont réellement besoin et si l’équipement proposé a une réelle plus-value pour leur entreprise.
Un point de vue que partage Zachary Parenteau, qui achève sa formation en TGA et qui travaille à la fois à la ferme laitière familiale de L’Avenir, dans le Centre-du-Québec, et dans l’atelier de réparation du représentant Desmanche Équipements agricoles. « Avec les coûts élevés de la machinerie, c’est encore plus important d’acheter le bon équipement en partant, car, sinon, ça peut avoir des répercussions, comme en te donnant plus d’ouvrage que ça en enlève si tu n’as pas choisi ce qui répond le mieux aux besoins », dit-il. Pour ce faire, il recommande de trouver un bon conseiller, bien au fait de tout ce qui est offert sur le marché, pour être bien guidé à travers toutes les possibilités. Ce que suggère également M. Bakaras, qui spécifie qu’il ne faut pas confondre vendeur et conseiller. « Ça doit être un travail d’équipe avec le producteur, et celui-ci doit trouver quelqu’un en qui il a confiance. C’est la clé. »
La conjoncture entraîne un changement de mentalités
Certains agriculteurs ont toujours pris le temps de calculer la rentabilité d’un achat, alors que d’autres avaient l’habitude de rentrer chez leur détaillant sans trop évaluer le retour sur investissement d’un équipement, dit Brent Raines, gérant de produits pour l’Amérique du Nord de la compagnie Krone. Rencontré à Expo-Champs, le 29 août, M. Raines constate que les comportements d’achat des agriculteurs changent avec le contexte inflationniste et les taux d’intérêt plus élevés.
Le producteur laitier et de grandes cultures Owen Macdonald, de Lennoxville, en Estrie, confirme qu’avec la conjoncture actuelle, les achats sont plus que jamais axés sur la profitabilité. « Aujourd’hui, il faut tout budgéter, voir les revenus potentiels qu’un équipement va nous donner versus les coûts. Mais c’est parfois dur de juger. Si je prends l’exemple simple des matelas pour vaches, il y a plein de gammes de prix. Le confort et le rendement en lait qu’un matelas donnera de plus par rapport à un autre, ce n’est pas évident à juger. Chaque vendeur veut vendre ses produits… Il faut comparer et aller voir d’autres fermes, car si on ne fait pas un bon investissement, ça va avoir des conséquences », fait remarquer celui qui planifie un projet d’agrandissement.
Évaluer ses besoins à long terme
La grosseur de la ferme, le type et les besoins de chaque production, la disponibilité de la main-d’œuvre, mais également les perspectives à long terme d’une entreprise sont autant d’éléments qui devront être considérés avant de choisir un équipement et s’assurer que l’investissement en vaut la chandelle, énumère Alexandre Bakaras. « Pour un système de guidance intégré, par exemple, c’est beaucoup plus cher de faire installer cette technologie après avoir acheté le tracteur qu’avant, lorsqu’elle est préusinée. Donc, je dirais que si un producteur hésite parce qu’il croit qu’il pourrait en avoir besoin dans trois ou quatre ans, il devrait opter pour ce genre de technologie de base. S’il ne l’utilise pas, il pourra tout de même compter sur une meilleure valeur de revente après », illustre l’enseignant.
De son côté, Jean Lacasse, qui enseigne au programme de mécanique agricole du Centre de formation agricole de Saint-Anselme, dans Chaudière-Appalaches, remarque que les gros producteurs ou ceux qui font du forfait pour les autres tirent avantage de la quasi-totalité des technologies existantes, comparativement aux plus petits producteurs qui vont parfois s’acheter de l’équipement avec des options technologiques qu’ils n’utiliseront jamais. « C’est officiel que dans ce cas, c’est un investissement moins rentable pour eux. Certains peuvent se le permettre, d’autres le font, mais ne devraient peut-être pas, sauf que ça, c’est un autre débat. »
Avec la collaboration de Martin Ménard
Un choix orienté par des valeurs environnementales
Par Patricia Blackburn et Martin Ménard
L’enseignant Alexandre Bakaras constate, et de manière « flagrante », que les nouvelles générations d’étudiants sur les bancs de l’ITAQ ont des valeurs environnementales beaucoup plus fortes qu’avant. « C’est donc plus important pour eux d’aller vers des technologies comme le contrôle de sections ou des systèmes d’application d’engrais à taux variable. Mais ça vient avec un coût, car c’est dispendieux et ça nécessite un grand volume de terres pour devenir rentable. Certains vont quand même opter pour ces équipements parce qu’ils ont ces valeurs à cœur », remarque-t-il. Deux vendeurs d’équipements consultés par La Terre précisent qu’actuellement, les achats d’applicateurs et d’équipement à taux variables sont toutefois justifiés par la rentabilité, et ce, en diminuant les quantités d’intrants employés et en maximisant le potentiel de rendement.