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L’incidence des maladies est particulièrement importante pendant la période péripartum, ce qui a conduit à de nombreuses études sur les marqueurs du métabolisme énergétique (par exemple, les acides gras non estérifiés et le B-hydroxybutyrate [BHB] dans le sang). Cependant, des recherches récentes ont mis en lumière l’importance d’autres facteurs pouvant être la cause profonde des maladies métaboliques, notamment l’inflammation chronique. Cela représente un changement de paradigme, car la modulation des processus inflammatoires émerge comme une cible clé dans la prévention des maladies.
Nos marqueurs de maladies sont-ils bons?
Deux études pilotes réalisées au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) récemment montrent que l’induction de la cétose (BHB sanguin > 1,2 mmol/L) ne cause pas de symptômes cliniques de maladie ni de pertes de production chez des vaches en lactation. De plus, une étude récente a déterminé que jusqu’à 72 % des vaches ayant de la cétose clinique en début de lactation souffraient aussi d’endotoxémie (c.-à-d. la présence de molécules d’origine bactérienne dans le sang).
Ces observations suggèrent donc deux choses : 1) l’élévation de corps cétoniques n’est pas un marqueur indépendant de maladies, et 2) la cause sous-jacente des maladies en début de lactation est davantage liée aux réponses inflammatoires qu’à l’utilisation d’énergie. Par conséquent, des facteurs pouvant moduler l’inflammation auraient le potentiel d’améliorer la santé de vaches. Par exemple, un faible statut sanguin en vitamine D3 a été identifié précédemment comme un prédicteur indépendant de l’incidence de maladies péripartum, suggérant que des carences nutritionnelles pourraient être présentes pendant cette période critique. Également, les concentrations plasmatiques des acides gras oméga-3 seraient associées à des processus de régulation de la réponse immunitaire, par exemple via leur contribution à la synthèse d’oxylipides impliqués dans la résolution de l’inflammation.
À terme, la détermination des concentrations plasmatiques de vitamine D3 et des oméga-3 pourrait améliorer la détection des vaches à risque de maladies en fournissant une image plus complète de la susceptibilité des vaches à l’inflammation chronique.
Comment la nutrition peut-elle aider?
La vitamine D3 et les acides gras oméga-3 jouent des rôles divers dans le métabolisme intermédiaire et la santé, tels que la modulation des processus inflammatoires par divers mécanismes. Cette modulation peut avoir un impact majeur pendant les périodes critiques où l’inflammation serait dysrégulée ou excessive. Heureusement, les concentrations plasmatiques de ces nutriments peuvent facilement être augmentées au moyen de leur supplémentation dans la diète. Toutefois, même si les besoins nutritionnels ont été établis pour les vaches laitières, les concentrations optimales de ces nutriments pour des périodes de stress métabolique ou immunitaire ne sont pas connues. Comme le montrent nos études récentes dans un modèle d’inflammation par stress de chaleur, la supplémentation en vitamine D3 au-dessus des recommandations nutritionnelles (3,764 UI/kg) ou en acides gras oméga-3 (40 g DHA/vache/jour; protégés de la fermentation ruminale) réduit les concentrations plasmatiques de cytokines, des protéines de la phase aiguë et d’oxylipides pro-inflammatoires.
Comment utiliser ces connaissances?
Ces stratégies de supplémentation seraient utilisées de façon ciblée dans des moments spécifiques, tels que la période de transition, de stress thermique ou en cas d’infection (p. ex., mammite, métrite et autres) où elles peuvent être un outil puissant pour réduire l’inflammation et même améliorer les performances des animaux. Il faut noter que ces interventions nutritionnelles peuvent être facilement mises en œuvre, et pourraient potentiellement devenir des solutions de rechange à certains médicaments anti-inflammatoires. Toutefois, certaines considérations sont nécessaires, comme la dose optimale, et spécifiquement pour les acides gras oméga-3, il est important d’assurer leur protection ruminale afin d’éviter des effets négatifs sur la fermentation et par conséquent, sur le taux de gras du lait.
L’implémentation de ce type d’interventions nutritionnelles chez la vache laitière fait présentement l’objet de nos recherches au CRSAD, où notre but est d’établir les doses adéquates de ces nutriments et leurs potentiels effets additifs en évaluant la réponse immunitaire à des défis inflammatoires.