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Les exigences en matière de salubrité et de biosécurité influencent la santé des cheptels et la qualité des aliments produits, et les producteurs laitiers doivent considérer ces facteurs lorsqu’ils aménagent leurs installations. Ici, des designs mieux pensés, des matériaux durables et des équipements de pointe optimisent les pratiques d’hygiène.
Des surfaces (vraiment) lisses
Qu’il s’agisse d’une nouvelle construction ou de la mise à niveau d’un bâtiment existant, la porosité des surfaces figure parmi les premiers postes d’intervention en matière de salubrité. « La réglementation du MAPAQ exige des planchers de béton en bon état dans les laiteries », indique Christian Lemay, ingénieur chez Consultants Lemay & Choinière, une firme de génie-conseil spécialisée en bâtiments agricoles. « On peut voir par exemple des planchers de béton avec ajout de céramique ou d’un revêtement de type époxy, et des bas de mur en béton. Un additif peut aussi être incorporé au béton; on appliquera ensuite un scellant après sa mise en place, ce qui rendra le plancher moins poreux et plus résistant lorsque des produits chimiques ou de lavage sont utilisés », explique-t-il. « Le même principe s’applique aux mangeoires, où différents additifs d’alliages de polymères sont employés. Tous les comptoirs sont en inox, ce qui évite le gonflement et la dégradation des matériaux », précise l’ingénieur.
Le design qui pense à tout
Les nouveaux bâtiments misent sur la conception « d’aires de propreté » dans tous les secteurs de l’exploitation. « Il faut un endroit où les intervenants peuvent laver leurs bottes avant de pénétrer dans l’aire d’élevage », précise M. Lemay. « La planification d’une nouvelle construction prévoit des boyaux pour laver les bottes et des grilles de plancher à l’entrée de secteurs stratégiques, principalement la laiterie et le réservoir à lait, et pour passer de l’aire d’élevage à l’aire de traite ou d’alimentation, vers une aire de service, où se trouvent normalement les bureaux, les salles mécaniques ou électriques, la laiterie, etc. », explique l’ingénieur.
L’ingénieur note par ailleurs l’évolution des concepts qui distingue l’étable neuve du bâtiment existant. « Dans les nouveaux bâtiments, ce que le MAPAQ considère comme la laiterie est la partie où le camionneur vient chercher le lait. On voit de plus en plus de murs mitoyens au travers du réservoir à lait : le devant est considéré comme étant la laiterie, et l’arrière comme la salle mécanique. Tandis que dans les vieilles étables, on voit parfois la pompe à vide avec le réservoir à eau chaude et même de petits panneaux électriques. Il y a des pièces mécaniques dans la laiterie, ce qu’on ne fait plus dans les bâtiments neufs », relate-t-il. Le même principe s’applique au système de plomberie des eaux usées. « Les pompes dédiées aux eaux usées ne peuvent se trouver dans la laiterie, parce que c’est une source d’odeur. Ces réserves-là seront donc mises ailleurs. »
Des espaces dédiés à accès restreint
Les nouvelles conceptions prévoient aussi des espaces dédiés pour les animaux de réforme. « L’idée est d’éviter que le transporteur ait à se déplacer dans l’étable pour venir chercher une vache. De plus en plus, les producteurs aménagent une annexe ou un coin clôturé. Il peut aussi s’agir d’un espace fermé, avec une porte mitoyenne entre l’étable et ce bâtiment. L’intervenant n’a accès qu’à cet endroit, où il embarque l’animal dans le camion et s’en va », explique M. Lemay. « Quand on envisage des travaux de réaménagement, c’est plus facile de concevoir un enclos d’expédition ou une entrée que d’installer des grilles de planchers, admet l’ingénieur. Pour améliorer la situation d’un bâtiment existant, on va surtout regarder les revêtements de surface et l’aménagement d’espaces annexes pour les réservoirs à eau chaude et les produits nettoyants, etc. »
La robotique, alliée de la propreté
Si les bâtiments bien conçus favorisent les mesures d’hygiène, l’équipement fait partie aussi des installations et il représente un outil crucial dans la prévention des maladies. Les recherches démontrent d’ailleurs un rapport direct entre la propreté des trayons et la santé des mamelles. C’est ici que la robotique prend une valeur ajoutée. « Le robot de traite offre beaucoup d’avantages comparativement à la traite conventionnelle », explique Ghyslain Gagné, président d’Agri-Robotique, une entreprise spécialisée dans l’automatisation des fermes laitières. « Les manchons sont nettoyés pour éviter la contamination d’une vache à l’autre, avec un système de brossage des trayons qui désinfecte et nettoie chacun des trayons avant d’appliquer le manchon trayeur », souligne le spécialiste. « Les gobelets trayeurs sont en contact uniquement avec un trayon propre, et sont rincés entre chaque vache pour éviter les contaminations croisées. Les brosses nettoient et désinfectent jusque sous la mamelle, ce qui offre un nettoyage des trayons plus poussé », ajoute M. Gagné.
Racler, c’est bien; aspirer, c’est mieux
La propreté de la vache et des équipements est tributaire de celle du sol. Un sol propre empêche les vaches de transporter du lisier dans les logettes : les queues et les mamelles restent plus propres, ce qui réduit le risque d’infection. « Il y a deux façons de faire », souligne ici Ghyslain Gagné. « La méthode plus conventionnelle, de type raclette, circule d’un bout à l’autre de l’étable et racle toute la partie fumier, pour l’envoyer dans une cavité à l’autre bout », explique-t-il. « Nous, on propose l’idée qu’au lieu de pousser le lisier, on peut littéralement l’aspirer sur place par succion, ce qui évite la fameuse vague de fumier qui se crée avec les systèmes conventionnels. Ça évite aussi au producteur d’avoir à racler manuellement les surfaces surélevées du sol, puisque contrairement aux raclettes, l’aspirateur peut nettoyer l’étable à 100 % », conclut M. Gagné.