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Donner des probiotiques aux animaux, notamment aux ruminants, peut procurer des avantages, selon Marcio Costa, professeur agrégé à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
« Par définition, les probiotiques sont des organismes vivants (c’est-à-dire des bactéries et des levures) qui, administrés à l’animal, auront un impact bénéfique sur sa santé », dit-il. Il faut les distinguer des prébiotiques, qui sont des fibres qui ne sont pas digérées par l’animal, mais qui peuvent être utilisées par les bactéries. « Je dis à mes étudiants que les prébiotiques sont de la nourriture pour les bactéries. Les produits combinant probiotiques et prébiotiques sont appelés symbiotiques », mentionne M. Costa.
Avantages
Essentiellement, explique le spécialiste, les probiotiques sont administrés afin d’améliorer la réponse immunitaire intestinale, de rivaliser avec les bactéries nocives (agents pathogènes) et de produire des molécules bénéfiques. « Ces produits peuvent favoriser la santé intestinale en améliorant la production de mucus ou en diminuant la perméabilité entre les cellules intestinales; ils peuvent également inhiber la croissance d’agents pathogènes », résume le Dr Costa.
Autres facteurs
L’utilisation de probiotiques peut cependant avoir des limites. Leur effet est normalement transitoire. Si on cesse la supplantation, l’effet bénéfique va cesser également. Il existe d’autres facteurs environnementaux qui agissent conjointement et sont difficiles à contrôler, souligne Marcio Costa. Les études scientifiques qui ont été réalisées ne sont donc pas en mesure de démontrer formellement les bienfaits des probiotiques. « Par exemple, des chercheurs ont remarqué des bénéfices dans la performance des veaux, mais lorsqu’ils ont répété l’étude sur un autre lot d’animaux, en utilisant le même produit et la même dose, ils n’ont trouvé aucune différence avec le groupe témoin », ajoute-t-il. Bref, les probiotiques peuvent être bénéfiques, mais pas toujours.
Dans un tel cas, ils doivent être recouverts d’une sorte de revêtement qui les protégera de la fermentation dans le rumen (panse) et de l’acide dans l’estomac (caillette). La protection est alors dégradée par les enzymes digestives et les probiotiques peuvent être libérés dans l’intestin grêle.
À la hausse
« L’utilisation de probiotiques chez les animaux d’élevage a augmenté ces dernières années, principalement en raison des restrictions imposées à l’utilisation d’antibiotiques stimulateurs de croissance », note M. Costa. Avec d’autres suppléments, les probiotiques sont utilisés pour améliorer la santé intestinale et lutter contre les bactéries pathogènes, bonifiant ainsi les indices zootechniques d’une ferme ou d’un troupeau.
« Nous devons cependant toujours être conscients que la capacité des probiotiques à améliorer les performances est variable en fonction de nombreux facteurs tels que les conditions d’hygiène, la présence d’agents pathogènes, l’interaction avec d’autres bactéries et levures intestinales, les défis nutritionnels, et autres facteurs », dit-il. Selon Marcio Costa, les probiotiques sont également recommandés pour traiter la diarrhée chez les chiots, poulains et veaux, ainsi que chez les animaux adultes. Cependant, les études dans ce domaine emploient normalement un faible nombre d’animaux et restent donc peu concluantes, notamment compte tenu du caractère passager de la diarrhée. Les animaux se rétablissent généralement rapidement.
Pour les grands animaux, il convient en outre de considérer que les doses nécessaires pour obtenir un effet bénéfique sur l’hôte doivent être considérablement plus élevées, en particulier pour les produits non protégés. De plus, ajoute M. Costa, « il peut être justifié d’utiliser des probiotiques après un traitement aux antibiotiques pour tenter de rétablir l’équilibre du milieu intestinal ».
Selon les recommandations
Selon M. Costa, les probiotiques sont classés comme des produits généralement sûrs, ce qui signifie que les effets secondaires sont très rares et qu’on ne doit pas trop s’en inquiéter. La majorité des études montre qu’administrés à la dose recommandée, les probiotiques ne modifieront pas le microbiote intestinal, ajoute le spécialiste. Les probiotiques sont classés comme des suppléments et non comme des médicaments et peuvent donc être achetés sans ordonnance. Cependant, il est toujours prudent et sage de consulter d’abord son vétérinaire.
À quelle fréquence est-il recommandé de les inclure dans l’alimentation du troupeau? « Cela dépend de la raison pour laquelle vous utilisez des probiotiques, répond le spécialiste, mais les recommandations du fabricant ou les conseils de votre vétérinaire doivent être suivis. »
Bref, est-ce que ça vaut le coup pour un producteur de donner des probiotiques à son troupeau pour obtenir de meilleurs rendements? « D’après mon expérience, de nombreux producteurs sont très satisfaits des performances de leurs troupeaux après l’utilisation de probiotiques, mais scientifiquement, cela reste un domaine controversé. Je recommande donc aux agriculteurs de tirer leurs propres conclusions. Un conseil que je donne habituellement aux producteurs est de demander aux fabricants de probiotiques des données montrant des différences statistiques entre les animaux traités et les animaux témoins », conclut le professeur agrégé à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.