Santé animale 8 novembre 2024

Des pratiques favorisant un bon état de santé des veaux laitiers

Des pratiques mises en œuvre durant les premières heures de vie du veau, puis les jours suivants, ont une influence sur sa santé et ses futures performances. Un projet de recherche mené dans le cadre d’une collaboration entre la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal et les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) visait à recenser de telles pratiques déjà connues, puis à en identifier de nouvelles. Cet article synthétise les résultats de ce projet.

La prise colostrale : trois pratiques pour une meilleure immunité

La prise colostrale permet le transfert d’immunité passive : en buvant du colostrum, le veau acquiert de l’immunité et a donc moins de chances d’être malade à l’avenir. Un transfert d’immunité passive inadéquat a des conséquences économiques pour le producteur (en raison des pertes de performances et des coûts des traitements médicaux). Il a par ailleurs été démontré que les veaux avaient deux fois plus de risques de mourir lorsque leur transfert d’immunité passive était inadéquat. Afin que le transfert d’immunité passive soit adéquat, trois pratiques sont essentielles :

•Donner le premier repas de colostrum dans les deux premières heures de vie du veau, et assurément dans les six premières heures; au-delà, la prise colostrale sera moins efficace pour améliorer la santé du veau;

•Donner au moins 4 L de colostrum lors du premier repas;

•Donner un colostrum de bonne qualité. Comment connaître la qualité du colostrum? La méthode la plus facile est d’utiliser un appareil appelé réfractomètre de Brix. Après le dépôt de quelques gouttes de colostrum sur le lecteur, un pourcentage s’affiche : la recommandation est de donner un colostrum dont le pourcentage de Brix est supérieur à 22 %. S’il est inférieur à 22 %, il faut l’enrichir. Autrement, le transfert d’immunité passive pourrait être inadéquat.

Le réfractomètre de Brix, qui coûte environ 400 $, permet de vérifier si le colostrum a une qualité suffisante (plus de 22 %) avant de nourrir les veaux. À gauche, le réfractomètre allumé avant utilisation. À droite, le réfractomètre après la lecture du pourcentage de Brix.

Vacciner les vaches pour limiter la diarrhée des veaux 

La vaccination des mères contribue à limiter la gravité de la diarrhée des veaux durant leurs premières semaines de vie. Les bénéfices de la vaccination vont néanmoins dépendre de la réussite du transfert de l’immunité passive. La vaccination a en effet lieu avant le vêlage, puis le veau en reçoit les bénéfices lors de la prise colostrale. Les molécules permettant d’immuniser les veaux contre les diarrhées, appelées anticorps, sont en effet contenues dans le colostrum.

Dans le cadre du projet de recherche, 20 % des veaux avaient la diarrhée (définie par un score fécal augmenté au moment de leur examen), et les vaches étaient vaccinées dans 40 % des fermes (11 fermes sur 28). Dépendamment des autres facteurs de risque, la vaccination pourrait être un outil supplémentaire envisagé dans les fermes concernées par des problèmes de diarrhée des veaux. 

Un accès à l’eau en ferme laitière pour diminuer la mortalité en ferme d’engraissement

Il a été démontré dans une étude menée à l’Université de Guelph en Ontario que les veaux laitiers déshydratés à leur arrivée en ferme d’engraissement avaient environ six fois plus de chances de mourir durant les trois premières semaines après leur arrivée que les veaux hydratés. Un moyen de limiter la déshydratation est de donner un dernier repas lacté un peu avant le transport.

Par ailleurs, le lait ne permet pas de répondre entièrement aux besoins hydriques des veaux. C’est pourquoi le nouveau code de pratiques recommande un accès permanent à l’eau pour les veaux. Les deux tiers des veaux observés à la ferme dans le cadre du projet de recherche n’avaient pas d’accès à l’eau. Les observations, qui ont été réalisées avant l’entrée en vigueur du nouveau code de pratiques, illustrent combien l’accès à l’eau était une pratique peu souvent mise en œuvre. Procurer un accès facile et permanent à l’eau dès la naissance pourrait aussi contribuer à éviter la déshydratation des veaux avant leur transport. 

Ainsi, il est recommandé au producteur laitier de discuter avec ses conseillers pour savoir comment améliorer la gestion de la prise colostrale, et si nécessaire, de questionner son vétérinaire à propos de la vaccination en cas de diarrhées fréquentes des veaux. Il est aussi recommandé de donner un dernier repas lacté avant le transport et de s’assurer que les veaux aient un accès facile et permanent à l’eau.


Figure 1 : Résultats des transferts d’immunité passive et de la qualité des échantillons de colostrum dans les 28 fermes laitières visitées dans le cadre du projet de recherche entre la FMV et les PBQ. L’objectif de 90 % de transferts d’immunité passive adéquats a été atteint dans seulement deux fermes (A : 27 veaux en moyenne ont été recrutés par ferme, pour un total de 753). L’objectif de 80 % des échantillons de colostrum ayant une qualité suffisante n’a été atteint que dans une ferme (28 échantillons en moyenne ont été récoltés par ferme, pour un total de 662; aucun échantillon n’était disponible dans 4 fermes). Ces résultats montrent donc que les pratiques liées à la prise colostrale peuvent être encore améliorées.