Santé animale 8 novembre 2024

Dans les coulisses d’un exercice de dépeuplement et d’élimination

Avec l’objectif de renforcer la préparation en cas d’introduction de la peste porcine africaine (PPA) au Québec, l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP) a coordonné une simulation pour valider l’état et la capacité de réponse du secteur.

La maladie virale PPA est devenue la cause d’une crise majeure pour l’industrie porcine mondiale, avec des conséquences économiques dévastatrices et une menace en Amérique continentale.

Afin de valider l’état de préparation du plan de mesures d’urgence au Québec, une simulation d’intervention a été menée par l’EQSP avec les membres des équipes de dépeuplement et d’élimination du plan de mesures d’urgence pour trois gros sites québécois de production de porcs contaminés par la PPA.

L’unité mobile d’euthanasie

Les trois fermes 

Les trois fermes où s’est déroulée la simulation sont une maternité, une pouponnière et un engraissement (l’inventaire d’animaux est présenté dans le Tableau 1) où 30 % des porcs sont considérés comme non ambulatoires à cause de la maladie.

Dépeuplement

La méthode de dépeuplement a été déterminée selon la catégorie et la condition de mobilité des porcs. Les équipements de l’EQSP, conçus afin de répondre aux exigences des programmes actuels de bien-être animal, seraient utilisés.

Pour les porcs ambulatoires de 30 à 400 kg, l’unité mobile d’euthanasie serait l’équipement de choix. Les porcelets ambulatoires de 19 jours à 6 semaines d’âge seraient dépeuplés par l’ajout du dioxyde de carbone (CO2) dans deux remorques à bascule. Pour les porcelets de 3 jours, une euthanasie par le gazage au CO2 a aussi été convenue, avec 26 appareils de distribution de gaz et 52 boîtes de contention en bois.  La méthode d’euthanasie établie pour tous les porcs non ambulatoires et comme méthode secondaire a été l’utilisation de ­pistolets percuteurs.

Une boîte de contention en bois et un appareil de distribution de gaz

Élimination

La méthode d’élimination des animaux morts a été sélectionnée en fonction des options d’élimination possibles établies avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). 

Pour la maternité et la pouponnière, le compostage en andain sur les terrains des sites a été évalué. Les conditions environnementales pour le compostage des cadavres de porcs en andain extérieur ont été établies par le MELCCFP. 

En raison de l’absence de terres agricoles qui permettrait d’effectuer du compostage à proximité du site d’engraissement, il a été proposé d’envoyer les cadavres de porcs vers des lieux d’enfouissement technique.

Conclusions

L’exercice a permis de mettre en pratique les méthodes de dépeuplement développées ou validées par l’EQSP. Il a aussi mis en relief que la disponibilité des ressources matérielles et humaines, de même que le niveau élevé de coordination du travail, sont primordiaux pour le succès des opérations. 

La disponibilité de terres à proximité du site est déterminante pour la réalisation du compostage des cadavres d’animaux sur le site, mais également sujette aux aléas de la météo et des saisons. La disponibilité de la matière organique pour la formation des andains de compost, comme la ripe ou les copeaux de bois, et la capacité des lieux d’enfouissement technique à recevoir des cadavres ont été les facteurs limitant davantage les activités. Dans ce contexte, il serait opportun d’explorer le développement de sites centralisés pour l’élimination des cadavres infectés. 

L’exercice a démontré que les coûts d’élimination sont de loin supérieurs à ceux du dépeuplement. Ainsi, les dépenses d’élimination de la pouponnière et de l’engraissement sont respectivement de l’ordre de deux et quatre fois plus élevées que celles liées au dépeuplement, mais ce ratio est passé à près de huit fois pour la maternité (Graphique 1). 

Les dépenses liées aux mesures de biosécurité sur un site infecté n’ont pas été incluses dans cet exercice. La nécessité de mobiliser du personnel de la ferme et hors ferme pour la réalisation des tâches, de même que l’importance d’offrir un soutien psychologique aux éleveurs et à leurs employés, ont été soulignés.