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A priori, recycler l’eau qui s’écoule des systèmes de drainage est une initiative louable, tant d’un point de vue pratique qu’environnemental. Mais est-ce réalisable dans nos cultures?
Les productions horticoles
Pour plusieurs productions horticoles, récupérer l’eau fait partie intégrante de l’exploitation. En production de canneberges, l’eau d’irrigation est acheminée par un réseau de canaux ou de tranchées vers un bassin, d’où elle est repompée vers les gicleurs le soir suivant. En milieu horticole, le procédé reste relativement rudimentaire, bien qu’efficace. « Pour quelques pépinières de contenants au Québec, un bassin en contrebas d’une pente récupère l’eau de surface », explique l’agronome Nicolas Authier, conseiller en pépinière à l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale (IQDHO). « Les plus modernes sont équipées d’un système de drains qui recueille le maximum d’eau, pour la réutiliser. Au Québec, la Pépinière Abbotsford a développé un système de collecte pour la production en contenants. La planche de production est munie d’une pente, où un collecteur situé de chaque côté de la planche va acheminer l’eau au bassin via un système de drains », décrit M. Authier.
Et au champ?
En grandes cultures, des essais menés par le Groupe ProConseil et l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) se sont penchés sur le drainage contrôlé. Cette méthode vise le double objectif d’augmenter le rendement en gérant mieux la hauteur de la nappe phréatique à différents moments de l’année, et de réduire les impacts environnementaux du drainage. Le concept consiste à installer une structure de contrôle à l’exutoire du collecteur des drains afin de hausser le niveau de la nappe phréatique, tout en retenant l’eau et les éléments nutritifs dans les champs. « Depuis 2017, des essais ont été réalisés avec des tours de contrôle chez une dizaine de producteurs dont les parcelles présentaient les conditions spécifiques requises », explique l’agronome Eveline Mousseau, conseillère en agroenvironnement chez Groupe ProConseil. Les champs dont la pente n’excède pas 0,2 %, de configuration carrée, ont ainsi réalisé les meilleures performances. « Dans nos essais, nous avons constaté que suivant de fortes pluies en été, lorsque les drains étaient ouverts, l’eau descendait dans le sol et cheminait vers les drains, faisant en sorte qu’il n’y avait plus d’eau. Alors qu’en appliquant le dispositif de contrôle, le niveau de la nappe remontait. Il y aurait donc une possibilité de “recharger” un peu l’humidité du sol et de conserver nos pluies de cette façon », avance l’agronome. Malgré des résultats prometteurs, l’approche reste limitée dans son application. « On ne peut pas l’implanter partout », soulève Mme Mousseau. « Cela fonctionne à condition qu’il pleuve et que l’eau s’infiltre dans le sol jusqu’au drain. Avec des champs très longs, pour réussir à garder l’eau dans le système de drainage, la longueur des drains latéraux ne doit pas excéder plus de deux fois celle du collecteur », mentionne l’agronome, ajoutant que divers facteurs pédologiques et topographiques peuvent influencer l’efficacité du système.