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Il existe plusieurs façons de travailler le sol au printemps et à l’automne. Elles se regroupent généralement en deux façons de faire. Différentes terminologies existent pour les décrire. On parlera de travail primaire ou secondaire, lourd ou léger, en profondeur ou en surface.
Essentiellement, ces formules font référence au même type de travaux. Or, le choix entre l’une ou l’autre des techniques ne se fait pas à la légère, mais plutôt en fonction du type de sol et de ses besoins agronomiques. Certains arguments peuvent aussi être de nature économique
et environnementale.
La tendance va donc vers une réduction du travail du sol. Plus on travaille intensément le sol, plus les fréquences sont élevées, plus c’est coûteux en matière d’énergie et de temps. C’est aussi une bonne façon de réduire notre
empreinte environnementale.
En France, une législation interdit aux producteurs de laisser les sols à nu. Après une culture de céréales ou autre culture principale, les producteurs français vont immédiatement implanter une culture d’intérêt accessoire, qu’ils nomment « culture intermédiaire piège à nitrates
(CIPAN) », avant la culture suivante. Cette pratique vise à limiter la dégradation des sols par l’érosion, à laisser un sol constamment enraciné et, de surcroît, à protéger la qualité de l’eau de la pollution par les nitrates.
Primaire vs secondaire
« Quand on parle de travail primaire, on parle d’aération du sol en profondeur, ce que les agriculteurs faisaient autrefois en labourant le sol », explique Vincent Lamarre, ingénieur, agronome et professeur à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ). La charrue était alors l’outil de travail principal pour exécuter ce type de travaux. Ce n’est plus le cas de nos jours. Son utilisation tend même à disparaître.
Le travail primaire se fait à une profondeur qui varie de 0 à 20 centimètres en moyenne. « Dans le cas de la pomme de terre, ça peut être un peu plus », précise M. Lamarre.
Préparer le lit de semence
En contrepartie, le travail secondaire, ou superficiel, vise la préparation du lit de semence pour l’implantation d’une nouvelle culture. « On veut ici limiter au maximum les agressions physiques du sol », ajoute l’agronome. Le producteur choisira un travail en profondeur dans le cas d’une intervention ponctuelle, notamment pour décompacter le sol ou pour l’aménagement d’une terre. Un travail en surface ne suffirait pas à solutionner un problème de compaction.
L’utilisation d’opérations mécanisées qui se sont additionnées au fil du temps, dit-il, peut créer une compaction du sol qu’on doit régler par un travail d’aération en profondeur. « On va parler ici d’un travail de sous-solage qui peut aller jusqu’à un mètre de profondeur, dépendamment de la zone d’induration [durcissement] que l’on doit briser mécaniquement », note M. Lamarre.
Une intervention aussi directe et ponctuelle devient nécessaire pour briser cette zone dans le but de faciliter l’infiltration de l’eau, de favoriser les échanges d’air et de permettre enfin le développement racinaire des plantes. Vincent Lamarre compare une telle action à une visite chez le médecin. « Le producteur doit, par la suite, adopter des pratiques favorisant la santé des sols afin d’éviter de revenir dans la même problématique », dit-il.
L’étape suivante sera d’identifier la source du problème, c’est-à-dire quelles sont les raisons, les explications et les actions posées qui ont mené à ce problème. Ce diagnostic servira à mettre en place des pratiques culturales qui aideront à diminuer les risques de compaction. La solution pourrait passer par exemple par une diminution du travail du sol, l’utilisation de machines moins lourdes et l’emploi d’engrais verts.
Selon les cultures
L’objectif premier du travail secondaire est, rappelons-le, de préparer le lit de semence en vue d’implanter une nouvelle culture. La profondeur du travail varie selon les exigences de la culture. Celle du maïs ne requiert pas le même travail de préparation que le maraîcher, par exemple.
De façon générale, on mettra rarement la semence à plus de cinq centimètres. « On ne fait pas plus que ce qui est nécessaire, car plus on travaille le sol de façon mécanique, plus on affaiblit sa structure », souligne M. Lamarre.
Les cultures où l’on doit introduire un plant ou un tubercule demandent cependant une préparation plus profonde. C’est le cas de la pomme de terre. « Il n’y a pas d’universalité dans la façon de travailler le sol; c’est propre à chaque culture », poursuit l’agronome.
Les types de sols
Le type de sol joue lui aussi un rôle important dans le choix du travail à exécuter. Certains s’assèchent plus facilement, ce qui implique de réduire le travail du sol. Un sol travaillé perd son eau plus facilement, selon M. Lamarre. Un sol argileux sera plus sujet à la compaction. En revanche, un sol sableux sera plus facile à travailler, dit-il.
L’idéal est de mettre l’accent sur la santé du sol en adoptant des pratiques agronomiques adéquates, affirme Vincent Lamarre. Si on doit le travailler, on tente de le faire de la façon la plus superficielle possible.
Si on a de la compaction en profondeur, on doit d’abord régler ce problème avant de faire nos cultures. Sinon, les plantes auront de la difficulté à faire leur développement racinaire et l’eau va moins bien s’infiltrer. « Il faut en premier lieu s’assurer d’avoir les bonnes conditions, d’avoir un sol en bon état et on pourra envisager comme stratégie par la suite de limiter le travail du sol », précise le spécialiste.
Un agent facilitant
Pour atteindre cet objectif, le Programme d’agriculture durable (PAD) du gouvernement du Québec a mis en place des éléments facilitants pour l’adoption de pratiques d’agriculture durable. « Là-dedans, on va retrouver la réduction du travail du sol et l’adoption du semis direct », dit M. Lamarre. L’absence de travail du sol conduira à la pratique du semis direct.
Au lieu d’un travail mécanique, le producteur misera plutôt sur l’implantation de végétaux qui aéreront le sol en prévision d’une nouvelle culture, et ce, grâce à leur réseau racinaire. On parle alors d’une aération naturelle du sol. « C’est vers cette façon de faire que de plus en plus de producteurs choisissent d’aller », souligne Vincent Lamarre. Des programmes sont aussi disponibles auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, notamment, pour l’implantation de nouvelles technologies, dit-il.
En terminant, notons que le fait d’établir un bon diagnostic aidera à adopter la meilleure stratégie d’intervention possible et permettra de choisir les meilleurs outils pour atteindre ses objectifs.