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C’est connu, opter pour un travail en profondeur ou de surface oblige le producteur à prendre certaines décisions. L’agronome Stéphanie Veilleux, du club-conseil Lavi-Eau-Champ, en Mauricie, croit par exemple que le choix du meilleur équipement dépend non seulement du type de travail que l’on veut faire, mais aussi de la texture du sol.
Chaque type de sol ne réagira pas de la même façon à l’intervention humaine.
« Grâce aux améliorations qu’on a faites dans nos champs depuis les 30 dernières années [drainage, nivellement], aux équipements plus performants tels que les semoirs, on peut aller vers un travail plus superficiel. Autrefois, le travail en profondeur venait pallier ce manque à
gagner », dit-elle.
Plus on travaille le sol mécaniquement, plus on porte atteinte à son environnement et plus les coûts sont élevés, car l’utilisation de ces machines est très énergivore et requiert plus de main-d’œuvre, note l’agronome. Un travail trop agressif vient aussi détruire une partie de l’environnement des vers de terre, qui jouent un rôle important dans la santé des sols.
« Ça fait 18 ans que je suis avec le club Lavi-Eau-Champ et je constate cette tendance à diminuer le travail au champ », dit-elle. La transition est ce qu’il y a de plus important pour bien réussir en système de non-labour, selon Mme Veilleux. « Notre rôle est d’accompagner les producteurs pour bien réussir cette transition qui peut prendre quelques années selon le type de sol », dit-elle.
Économiser temps et argent
Dans un webinaire présenté en novembre 2022 par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), Mme Veilleux et sa collègue Éliane Martel ont présenté les avantages et éléments à considérer lors d’une transition vers le travail minimum ainsi que les questions à se poser afin de choisir l’équipement le plus adapté pour l’entreprise.
Dans un premier temps, Mme Martel fait valoir qu’un travail réduit procure une économie de temps et d’argent tout en protégeant le sol contre l’érosion, en plus de faciliter grandement le développement de la matière organique. En effet, la présence de résidus permet de nourrir les micro-organismes du sol, dont les vers de terre. Une meilleure structure du sol et la présence de matières organiques assurent une meilleure fertilisation et favorisent l’infiltration d’eau.
Bien que recommandé, le travail réduit peut aussi comporter des inconvénients. Il pourrait entre autres laisser des résidus trop abondants pour un semoir conventionnel et être moins efficace que les labours pour l’assèchement du sol. Dans tous les cas, le sans labour implique le passage des équipements à l’automne en conditions plus sèches qu’avec une charrue et requiert un ou plusieurs passages. La profondeur de travail sera déterminée par les conditions au champ.
Selon l’agronome, une transition implique que le sol s’habitue et demande un temps d’adaptation. Il est préférable, dit-elle, de débuter avec les champs qui sont déjà performants et d’améliorer progressivement ceux qui le sont moins.
Le choix des équipements appropriés au type de travail devient donc essentiel. On ne va pas utiliser le même type d’équipement pour régler un problème de compaction que pour préparer un lit de semence.
Types de sol
Mme Martel explique que le type de sol guidera aussi le choix des équipements et les moments de passage. Sur un sol fin comme l’argile, le travail minimum devrait être priorisé à l’automne. En contrepartie, un sol grossier comme le sable requiert un travail réduit au printemps. Entre l’argile et le sable, sur un sol moyen comme le limon, on devra privilégier un travail minimum au printemps. On doit aussi tenir compte de la rotation des cultures et de la gestion des résidus.
Équipements en fonction des cultures
Le type de culture influencera le choix de la machinerie. Le maïs-grain, dont la récolte se fait tardivement et dont les résidus sont abondants, requiert des équipements à pattes à haut dégagement pour un travail printanier. La récolte du maïs ensilage, plus hâtive et générant moins de résidus, se fera bien avec une déchaumeuse à pattes ou à disques.
Les céréales impliquent un type d’équipement plus robuste permettant de bien trancher la paille et de l’incorporer correctement. Les équipements à disques ou à pattes à haut dégagement feront du bon travail. Le travail du soya sera facilité par des équipements à disques peu agressifs et des équipements légers à pattes puisque ses résidus sont peu abondants et que la récolte est tardive. Enfin, dans le cas des prairies, les équipements à disques sont à privilégier pour ne pas sortir de plaques de racines. On parle ici d’équipements plus agressifs et plus lourds impliquant généralement plusieurs passages. Avoir les bons équipements de semis est aussi très important.
Les essais au champ
L’essayer n’est pas toujours l’adopter. Selon Stéphanie Veilleux, il est important pour un producteur de faire des essais au champ et d’assister à des journées de démonstration afin d’acheter un équipement qui répondra à ses besoins.
Un appareil à disques va découper le sol et les résidus pour en faire un bon mélange en remontant davantage les particules à la surface. Il est idéal pour intégrer les engrais organiques et les engrais verts. On l’utilise en conditions sèches. Ce type de machinerie se retrouve dans les turbos max, les herses à disques, les offsets et les rotobêches.
Par ailleurs, un appareil à pattes va créer une onde de choc, fissurer et éclater le sol, explique l’agronome. Il remonte les particules grossières en surface. On l’utilise principalement au printemps. On le retrouve dans les vibroculteurs, cultivateurs et chisels.
La déchaumeuse
Certains appareils combinés utilisent les disques et les pattes (dents). C’est le cas de la populaire déchaumeuse (ou déchaumeur), principalement à disques, mais aussi à pattes. La déchaumeuse est suivie d’une herse ou d’un peigne pour répartir les résidus.
Cet outil de finition convient très bien pour égaliser le lit de semence. Cet équipement est plutôt lourd et demande de travailler à grande vitesse pour obtenir un travail optimal. Il enterre plutôt que de brasser. Il est plutôt étroit et convient surtout pour l’automne, selon Mme Veilleux.
« La herse rotative est vendue principalement pour la préparation du lit de semence », ajoute l’agronome. C’est un équipement qu’elle qualifie de lourd et d’énergivore.
Puisque l’équipement parfait n’existe pas, Stéphanie Veilleux insiste sur l’importance de bien déterminer ses besoins et connaître ses sols. « Il faut avoir des champs prêts pour la transition et faire des essais dans plusieurs champs », ajoute-t-elle. Il faut aussi être prêt au changement et disposé à sortir de sa zone de confort. Même lorsque la situation change, dit-elle, il n’est pas toujours obligatoire de changer ses équipements.