Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) a mis sur pied l’automne dernier un projet visant à introduire le foin de commerce en rotation dans la culture du maïs/soya pour les saisons 2023 et 2024.
Le projet consiste à jumeler 12 duos (un producteur de foin avec un producteur de maïs/soya) qui s’échangeraient 10 hectares de terres (minimum 7 ha). Des incitatifs financiers étaient également accordés pour compenser certaines pertes.
Pour que l’échange soit équitable aux deux parties, les terres devaient être de qualité agronomique équivalente. La prairie du producteur de foin devait donc être en fin de rotation en vue d’un renouvellement à l’automne ou au printemps 2023. De son côté, le producteur de grains devait offrir un champ qui avait été cultivé en maïs-grain ou en soya depuis au moins six ans. Idéalement, la dernière culture aura été du soya pour minimiser la gestion des résidus dans le foin.
Guy Allard, chargé de projet au CQPF, convient qu’à première vue, les bénéfices du projet sont plus évidents pour le producteur de grains. « En raison de la matière organique présente dans le sol où du foin a été cultivé, le producteur de maïs peut s’attendre à une augmentation de production de 10 à 20 %. Notre espoir, c’est qu’il réalise qu’il peut atteindre le même seuil de production qu’une année habituelle, mais avec 10 ha de culture en moins qui demeureront réservées à la culture fourragère. »
Pour le producteur de plantes fourragères, le gain doit être vu dans une perspective à plus long terme, lorsque le foin prendra sa place comme culture commerciale, qui est aussi l’un des objectifs du projet. « C’est certain que ça demande une volonté de faire un peu plus dans un premier temps. Les participants seront ceux qui se sentent concernés par la question de l’environnement », poursuit le directeur du Pôle d’expertise en plantes fourragères au CQPF.
Il rappelle que depuis 30 ans, près de la moitié des superficies en plantes fourragères pérennes au Québec ont laissé place au maïs/soya, ce qui s’est avéré un succès d’un point de vue commercial et agronomique, mais qui a amené son lot de défis en matière d’environnement.
Un secteur à structurer
Selon Guy Allard, bien qu’on fasse du foin de commerce au Québec, on est encore loin d’une véritable culture commerciale avec des points de référence pour se guider comme c’est le cas avec les grandes cultures. « Ça serait plus facile de convaincre un producteur de se lancer là-dedans si on pouvait lui dire qu’avec tel type de foin, sur tel type de marché, il va recevoir tant. »
Le chargé de projet souligne que le Québec est en mesure de produire du foin de qualité, mais demeure un petit joueur dans ce marché alors que les besoins sont grands aux États-Unis et en Europe. Sans prôner une centralisation excessive, Guy Allard fait un parallèle avec les producteurs acéricoles québécois qui ont développé le marché de l’exportation une fois qu’ils ont réussi à se structurer et à monter un inventaire.
« En 2022, par exemple, il y a du foin partout alors qu’on a vécu des années difficiles en 2020 et 2021, mais dans une culture commerciale, il faut quand même être en mesure de remplir les marchés même lorsqu’il y en a moins », rappelle Guy Allard, qui souligne que ces variations en montagnes russes deviendront la norme à l’avenir avec les changements climatiques.
Autre facteur à ne pas négliger, selon lui, les crédits carbone qui arriveront plus tôt que tard dans la cour des producteurs agricoles dans un contexte où la production de plantes fourragères pérennes permettent justement une séquestration du carbone.
Le CQPF crée le titre de Membre honoraire
Pour souligner ses 35 ans d’existence, le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) a institué le titre de Membre honoraire qu’il décernera dorénavant annuellement lors de sa Journée à foin.
Les premières intronisations ont eu lieu le 20 septembre dernier à la Ferme Berni, hôte de la 34e Journée à foin. Les membres honoraires de la première cuvée sont Pierre Fournier, agronome, membre fondateur et président du CQPF de 1987-1991; Martine Giguère (membre du CA de 2008 à 2022), agronome, pour son apport exceptionnel à la bonne gouvernance de l’organisation); Guy Allard (membre du CA de 1993 à 2013), professeur-chercheur, pour la transmission de sa connaissance aux agronomes; Huguette Martel (membre du CA de 2005 à 2018), agronome au MAPAQ, pour sa capacité à transmettre le message au fil de plusieurs décennies; Robert Berthiaume, agronome et chercheur à Agriculture et agroalimentaire Canada, pour son incroyable capacité à transmettre la connaissance; et finalement, Germain Lefebvre (président du CQPF de 1995 à 2013), pour son apport au développement et à la connaissance du secteur des plantes fourragères qui dépasse les frontières.