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De la peinture sur le lambris de bois extérieur d’une maison qui s’écaille. Des planches de patio qui se fendillent et laissent apparaître des champignons. Et si un sous-produit issu de la fabrication du fromage contribuait à réduire les impacts du gonflement et la contraction répétés du bois de construction?
Trois chercheurs de l’Université Laval pourraient bien avoir trouvé une solution écologique à ce problème grâce à la mise au point d’un nouveau traitement à base de perméat d’ultrafiltration de lactosérum. Leur objectif? Créer de la valeur à la fois pour l’industrie du lait et celle du bois à partir d’un sous-produit très abondant et plutôt difficile à valoriser actuellement en raison de sa faible valeur commerciale.
« Le lactosérum est le fluide qui reste une fois que la majorité des protéines et de la matière grasse ont été extraites du lait pour produire du fromage, explique Julien Chamberland, professeur adjoint au Département des sciences des aliments de l’Université Laval et l’un des responsables du projet. À l’échelle industrielle, nous travaillons donc sur une méthode qui permettra l’utilisation de ce perméat liquide. »
Une meilleure stabilisation
Le professeur Chamberland et ses collègues Véronic Landry, du Département des sciences du bois et de la forêt, et Gaétan Laroche, du Département du génie des mines, de la métallurgie et des matériaux, ont ainsi uni leur expertise. Le procédé qu’ils ont élaboré assure la stabilité dimensionnelle du bois. Les scientifiques ont réalisé que le coproduit laitier diminuait la capacité du matériau à capter l’humidité.
« Le lactose est une petite molécule qui peut facilement pénétrer la paroi cellulaire du bois, ce dernier contenant de nombreux groupements chimiques pouvant réagir avec le lactose, détaille la professeure Landry.
Les analyses que nous avons faites montrent que ces petites molécules rendent le tout très stable, ce qui contribue à prévenir les dommages occasionnés par le gonflement et la contraction du bois. »
Des expérimentations en cours
Les chercheurs en sont présentement à mesurer l’efficacité du traitement sur des échantillons d’épinette blanche et de peuplier faux-tremble soumis aux éléments. Des supports exposent les planches qui sont traitées au soleil et aux intempéries. « Chaque essence a ses particularités structurelles et nous devons évaluer jusqu’à quel point le traitement assure sa stabilité dimensionnelle », note Véronic Landry.
Les intrants que le trio emploie sont beaucoup moins coûteux que l’acétylation du bois, un traitement utilisé en Europe. Qui plus est, le procédé ne fait pas intervenir de produits nocifs pour l’environnement ou pour la santé des travailleurs. Pour le peuplier faux-tremble, des essais concluants pourraient créer un nouveau marché. En effet, en densifiant ce bois, le lactosérum le rendrait plus apte à la construction.
« Nous souhaitons ouvrir une nouvelle voie de valorisation qui n’implique pas de coûteuses opérations de séchage, conclut M. Chamberland. Il est toutefois encore trop tôt pour préciser les volumes qui pourront être valorisés à long terme. Nous sommes cependant convaincus de ce potentiel à grande échelle, entre autres pour les entreprises laitières situées loin des sites de valorisation plus conventionnels. »