Volailles 8 novembre 2024

Les principaux freins à la commercialisation du dindon

Il y a plusieurs freins à la commercialisation et à la production de dindons pouvant expliquer en partie les difficultés que traverse actuellement le secteur.

 
Des familles plus petites qu’avant

La réduction de la taille des familles au pays jouerait en défaveur du dindon compte tenu de la taille même de l’oiseau, capable de nourrir « des familles de 7-8 personnes », a souligné Jean-Luc Hamelin, vice-président à l’approvisionnement en porc et volaille chez Olymel. Voilà qui rendrait ce produit moins bien adapté à la réalité d’aujourd’hui.


Des nouveaux arrivants qui connaissent peu cette viande

Contrairement au poulet et aux œufs, dont la croissance de production suit celle de la population, le dindon vit la situation inverse. Les transformateurs avancent l’hypothèse qu’une majorité des nouveaux arrivants des dernières vagues d’immigration n’ont pas les mêmes traditions culinaires. Le président des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), Benoît Fontaine, estime toutefois qu’avec davantage d’efforts, il est possible de faire découvrir le dindon à cette population.

Plus chère que ses concurrents

Dans les périodes économiques plus difficiles, lors desquelles le pouvoir d’achat des consommateurs diminue, ceux-ci tendent à délaisser la dinde. Celle-ci est plus chère à produire, ce qui se répercute sur son prix de vente comparativement à celui de ses plus proches concurrents, comme le porc et le poulet.  

Un seul transformateur

Selon certains éleveurs, le fait de n’avoir qu’un seul abattoir principal de dindon au Québec (Unidindon), dirigé par les deux plus importants acheteurs que sont Olymel et Exceldor, rendrait le secteur plus vulnérable en cas de grève ou d’incendie. 

Des pertes liées à la grippe aviaire

Des éclosions d’influenza aviaire hautement pathogène ont frappé plusieurs troupeaux de dindons, rendant la production plus difficile. En 2022 2023, 2,9 millions de kilogrammes (Mkg) vifs n’ont pu être produits en raison des pertes liées à ces éclosions, alors qu’en 2023-2024, 1,97 Mkg n’a pu être produit, rapportent les EVQ. 

Un problème de qualité

Selon les transformateurs, la production de dindon, particulièrement au Québec, est aux prises avec un problème récurrent de kystes et de cellulite depuis de nombreuses années, lequel mine la qualité du produit, en plus de ralentir la vitesse d’abattage et d’engendrer de grandes pertes économiques, tant du côté des transformateurs que des producteurs. 

L’effet des accords commerciaux

Les concessions accordées dans le cadre d’accords commerciaux, dont l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) ainsi que celui avec le Chili ratifié en 2023, ont eu un effet plus important sur la production de dindon. Selon les EVQ, cela s’explique par le fait que le secteur n’est pas en croissance, comme c’est le cas pour le poulet. « Juste le contingent tarifaire du PTPGP, ça va venir remplacer chaque année une production domestique de 6,8 Mkg, ou l’équivalent de 5 % de la production totale (133 Mkg), tandis que dans le poulet, les contingents tarifaires privent les producteurs d’une partie de leur croissance », précise l’organisation.