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Malgré des démarches de représentation répétées de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique et des différentes associations représentant les petits producteurs de volailles, ceux-ci continuent à se sentir ignorés dans les décisions prises par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, et un certain découragement se fait sentir.
Dans une décision rendue en décembre dernier, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMMAQ) a décidé d’inclure la Mycoplasma synoviae à la liste des maladies à déclarer obligatoirement aux Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ).
Or, les producteurs hors contingent, c’est-à-dire produisant moins de 6 000 œufs d’incubation, considèrent comme injuste de devoir rendre de tels comptes à la POIQ, alors qu’ils ne sont pas visés par son plan conjoint, et n’y sont pas représentés démocratiquement.
Le libellé de la décision rendue par la RMMAQ les rend perplexes et leur semble présenter une certaine incohérence. En effet, le plan conjoint de la POIQ a été modifié afin d’inclure la Mycoplasma synoviae dans la liste des maladies que les producteurs d’œufs d’incubation de poules de races reconnues doivent s’engager à déclarer aux POIQ, « pour ne pas être visé par le plan conjoint », précise la décision.
Les petits producteurs d’œufs se sentent ignorés, explique M. Bibeau-Mercier. En 2022, un mémoire avait été déposé par la CAPÉ à l’intention de la RMMAQ, puis une lettre illustrant leur déception devant la décision prise à l’automne dernier a suivi. La CAPÉ y déplorait notamment le fait que « la Régie décide de donner l’aval, une fois de plus, à des résolutions sur lesquelles les personnes concernées n’ont pu se prononcer ». Aucune de ces démarches ne semble avoir été entendue.
Une question de biosécurité
Marie-Ève Bourdeau, directrice générale des POIQ, précise le contexte dans lequel la décision de la RMMAQ d’ajouter la Mycoplasma synoviae à la liste des maladies à déclaration obligatoire a été prise.
Les producteurs hors contingent, c’est à dire produisant moins de 6 000 œufs d’incubation, doivent déjà se rapporter au POIQ de toute façon, explique-t-elle. « Pour être exclu du plan conjoint, c’est le producteur qui doit en faire la demande. »
Léon Bibeau-Mercier pense que plusieurs occasions ont été manquées par la RMMAQ et la POIQ de prendre en compte la réalité des petits producteurs. « À chaque cinq ans, la Régie fait une évaluation du plan conjoint, des enjeux et des choses qui pourraient être améliorées pour s’adapter à l’évolution et au contexte du marché. Cet exercice-là a été fait fin 2022, début 2023. Dans les mois précédents, on avait eu beaucoup de tractations avec la Régie, et la réalité des petits producteurs hors contingent et celle des races alternatives avaient été mises en lumière. Pourtant, quand on lit le rapport d’évaluation du plan conjoint, il n’y a absolument rien de ça qui est évoqué. On parle du circuit conventionnel avec les couvoirs, mais tous les points qui ont été plaidés devant la Régie et qui concernaient les producteurs hors contingent, on n’en parle pas du tout. »
Selon le président de la CAPÉ, ces enjeux vont bien au-delà des guerres d’intérêt de marchés ou des rivalités entre producteurs. Une prise en compte de la réalité des petits éleveurs de volailles pourrait profiter à tout le monde. « Par exemple, il faut considérer la diversité génétique. Actuellement, la plupart des lignées produites par les producteurs d’œufs d’incubation sont sous licence et proviennent des États-Unis, dont on est complètement dépendants. Il y a des enjeux qui, s’ils étaient considérés, pourraient renforcer la résilience de tous, y compris les producteurs sous quota, alors qu’en ce moment, ces enjeux-là sont complètement balayés sous le tapis. »