Volailles 11 avril 2023

Les hauts et les bas d’une productrice d’œufs en vedette sur Twitter

Le petit Charlie, fils benjamin de Caroline Fillion, vole souvent la vedette du compte Twitter de sa mère. 

Ils sont de nombreux producteurs d’œufs, principalement en France, à commenter l’actualité, à revendiquer de l’aide ou à parler de leur quotidien sous le mot-clic « #ceuxquifontlesœufs », sur le réseau social Twitter. Parmi eux, la productrice québécoise Caroline Fillion, connue sous son pseudonyme « La valeureuse guerrière des temps modernes », raconte depuis environ cinq ans les hauts et les bas de son quotidien de productrice d’œufs, d’entrepreneure et de mère de trois jeunes enfants.

« J’ai commencé pour faire connaître le métier, afin de montrer comment c’est, la vie d’un producteur. Les gens ramassent des œufs à l’épicerie, mais ils ne se posent pas la question sur tout le travail qu’il peut y avoir derrière », explique la copropriétaire des fermes Fillanoeuf et Hubëlie, à Saint-Sébastien-de-Frontenac, en Estrie. 

Elle ne s’attendait toutefois pas à une si grande popularité, alors que son compte Twitter compte à ce jour un peu plus de 11 000 abonnés. « C’est sûr que ma vie, ça roule. Je ne me rends pas toujours compte : pour nous, c’est devenu banal, c’est notre quotidien, mais pour les gens qui me suivent sur Twitter ou Facebook, ça suscite de l’intérêt et aussi beaucoup de questions », se réjouit la productrice, qui se plaît à leur répondre pour les aider à mieux comprendre le métier qu’elle fait.

C’est déjà arrivé, après une publication sur le vidage du poulailler, qu’une fille me tombe sur la tomate en me disant que je n’avais pas d’affaire à montrer ça.

Caroline Fillion

Parmi les publications qui ont connu de gros succès, il y a cette vidéo montrant son plus jeune fils, Charlie, endormi sous une machine de triage d’œufs extrêmement bruyante. Une publication dans laquelle la productrice dénonce le fait que le milieu agricole n’a pas été reconnu comme un secteur de production essentiel au début de la pandémie de COVID-19, forçant les familles comme la sienne à trimballer leurs enfants au travail, puisqu’elles n’avaient plus accès aux garderies. La vidéo a été vue près de 56 000 fois, un record parmi plusieurs autres photos et vidéos que la productrice publie hebdomadairement. Cela a même attiré l’attention d’une station de radio qui a invité Mme Fillion à venir parler de sa situation au micro. Une occasion qu’elle a saisie avec plaisir, pour que la vie des producteurs agricoles soit mieux comprise. 

Certaines publications, qui sortent du ton plus loufoque qu’aime généralement prendre la productrice, permettent de partager les paysages de la vie à la campagne. Photos : Gracieuseté de Caroline Fillion

Une autre façon d’enseigner

Dans un registre généralement amusant, Caroline Fillion partage des clichés de son quotidien de productrice d’œufs sur les réseaux sociaux.

Cette forme d’échanges qu’elle aime avoir à travers les réseaux sociaux n’est peut-être pas étrangère à une certaine passion qu’elle voue à l’enseignement. En effet, c’est d’abord dans cette voie que la productrice se dirigeait après l’obtention d’un baccalauréat en formation professionnelle et technique. « Je voulais enseigner dans le domaine agricole, mais ça n’a finalement pas servi. Peut-être que ce que je fais sur les réseaux sociaux, c’est une autre façon d’exploiter cet intérêt-là », reconnaît humblement la productrice. 

C’est peut-être aussi pourquoi elle ne se gêne pas pour aborder tant les bons que les moins bons côtés de la production. « Les gens me posent souvent des questions quand on vide les poulaillers. Ils se demandent pourquoi et je leur réponds. Ce n’est pas des sujets faciles, mais ça fait partie de notre travail et j’aime avoir la chance de pouvoir l’expliquer », dit-elle. En général, tout se passe dans le respect, mais la productrice avoue avoir déjà pensé abandonner ses publications après avoir reçu des commentaires d’activistes véganes. « C’est dommage, car j’essayais de leur répondre, mais je n’étais pas capable de m’expliquer avec eux. » Plutôt que de céder à la pression, elle a simplement décidé de bannir de ses profils Facebook et Twitter les personnes qui ne permettent pas un échange constructif.