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Depuis une dizaine d’années, un stratagème d’étiquetage permet à des millions de kilogrammes de viande de poulet d’entrer au pays de manière illégale pour contourner les limites d’importations autorisées dans le cadre des différents accords commerciaux.
La fraude consiste à étiqueter du poulet à griller comme étant de la poule de réforme, puisque cette dernière, qui est un sous-produit de la production d’œufs de consommation et d’incubation, n’est soumise à aucun contingent d’importation. « Le problème, c’est que les poitrines de poules de réforme sont très semblables à des poitrines de poulet, ce qui complique l’identification des produits frauduleux par les agents frontaliers », explique Yves Ruel, directeur exécutif adjoint aux Producteurs de poulet du Canada.
Les PPC ont décelé ce stratagème en 2012, quand ils se sont aperçus que les importations canadiennes de poules de réforme en provenance des États-Unis surpassaient la production américaine. Ils estiment aujourd’hui que 17 % des importations canadiennes de viandes de réforme seraient en fait de la viande de poulet à griller étiquetée frauduleusement. « Souvent, ces produits sont vendus moins cher que d’habitude, ou en plus grosse quantité », précise M. Ruel, qui déplore les pertes financières engendrées par cette fraude qui perdure depuis de nombreuses années.
Il existe pourtant, depuis 2014, un test ADN permettant d’identifier rapidement si un produit provient de poule de réforme ou de poulet à griller. « On continue à faire pression sur le gouvernement pour que l’outil puisse être utilisé par les agents frontaliers », assure M. Ruel, qui s’attend à un dénouement dans la prochaine année.
Les PPC estiment qu’au plus fort des importations illégales entre 2012 et 2016, le Canada aurait perdu 1400 emplois, 105 M$ en contributions à l’économie, 35 M$ en taxes et impôt et au moins 66 M$ en recettes publiques en raison de contournement des tarifs de ces produits importés frauduleusement. Ce poulet pose également problème pour la santé publique, puisqu’il ne peut être retracé en cas de rappel de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.