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Le producteur Marc-Antoine Paquet, qui a démarré un élevage de poulet de chair en 2021 à Sainte-Florence, dans le Bas-Saint-Laurent, a été le premier et est encore le seul éleveur commercial de poulets de sa région. Il doit passer par une autre province pour faire abattre ses oiseaux, faute d’abattoir accessible à proximité.
C’est son acheteur, Olymel, qui a orienté la production de M. Paquet vers Sunnymel, un transformateur partenaire d’Olymel situé à Clair, au Nouveau-Brunswick. « Pour moi, c’est plus avantageux que mes oiseaux fassent 280 km pour aller à Sunnymel que 700 km pour aller à l’abattoir d’Olymel à Saint-Hyacinthe, souligne M. Paquet. Pour le bien-être animal, moins ils font de route, mieux c’est. C’est la réalité de notre région. S’il y avait une place capable d’abattre mes volumes dans le village voisin, c’est là que j’irais. »
Les plus petits éleveurs de volailles de l’est de la province doivent, quant à eux, transporter leurs oiseaux jusqu’à l’Abattoir R. Pouliot et Fils, à Saint-Henri, dans Chaudière-Appalaches. Cet abattoir multiespèces n’abat toutefois pas d’oiseaux aquatiques comme les canards et les oies. Les producteurs de ces espèces doivent se tourner vers l’abattoir de la Ferme Orléans, sur l’île d’Orléans, mentionne Yan Gosselin, directeur des services aux producteurs et du développement régional pour la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent. Ce manque d’accès aux services d’abattage de proximité nuit au développement de ce type d’élevage dans la région, que ce soit à petite échelle ou à échelle commerciale, observe-t-il.
« C’est la question de l’œuf et de la poule : est-ce qu’il n’y a pas beaucoup d’élevages de volaille parce que les abattoirs sont trop loin, ou est-ce qu’il n’y a pas d’abattoirs parce qu’il n’y a pas assez d’élevages pour les alimenter ? » questionne M. Gosselin.
Un abattoir mobile serait non rentable
Ce dernier a piloté une étude sur la faisabilité d’un projet d’abattoir mobile pour les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Chaudière-Appalaches afin de combler ce manque de service. Les conclusions ont toutefois montré que ce type d’installation ne serait ni optimal, puisqu’il ne permet pas un abattage rapide, ni rentable. « Si le projet n’est pas supporté par des fonds publics, on estime qu’il générerait un déficit de 300 000 $ par année, de manière récurrente », précise-t-il en entrevue avec La Terre.
Ces résultats ont été expliqués aux producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent lors d’un Forum sur les abattoirs régionaux à Sainte-Luce, à la fin mars. L’événement a rassemblé environ 180 personnes sur place et en ligne. Plusieurs éleveurs ont d’ailleurs été déçus que « cette espèce de rêve d’un abattoir mobile » ne soit pas concluant, rapporte Maude-Alex St-Denis-Monfils, agente de concertation en autonomie alimentaire pour la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent. « Mais nous avons fait plusieurs ateliers pour trouver des idées, et on sait qu’il y a des gens qui travaillent actuellement sur une autre solution intéressante d’abattage pour la volaille », a-t-elle signalé, sans vouloir en révéler davantage pour le moment.