Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Le quota de production de poulet a la réputation d’être difficile d’accès en raison de sa rareté et de son prix élevé. Or, la mise en place d’un système centralisé de vente de quota pour cette production, il y a cinq ans, a ouvert la porte à de nouveaux joueurs, dont 25 dans la dernière année. De ce nombre, une dizaine sont des éleveurs de porcs qui ont saisi cette occasion pour diversifier leur entreprise ou reconvertir un ancien bâtiment d’élevage porcin en poulailler.
« Quand j’ai dit ça à mes amis qui sont dans la production laitière, que je me partais dans le poulet, c’était la surprise et ils me demandaient comment j’avais réussi à avoir du quota, comme si c’était inatteignable », rapporte Bruno Soucy, producteur laitier et porcin de Sainte-Croix, dans Chaudière-Appalaches.
Avec les coupures survenues dans le secteur porcin dernièrement, le producteur s’est retrouvé sans porcelets pour remplir son bâtiment utilisé pour l’élevage à forfait. « Donc, à l’automne, on a regardé les plans pour reconvertir le bâtiment, et on a eu vent qu’il y avait du quota accessible dans le poulet. Il fallait en profiter quand c’était le temps », raconte-t-il.
M. Soucy spécifie que son projet n’aurait pas été possible sans avoir « une petite poche à côté ». En effet, il a dû vendre une partie de son surplus de quota laitier inutilisé, qu’il gardait en réserve pour la relève, afin de pouvoir avoir une mise de fonds suffisante pour obtenir les 1 000 m2 de quota de poulet sur lesquels il a misé lors de la séance de vente qui s’est tenue au printemps dernier. Il a également dû couper dans certains coûts, comme ceux liés à la reconversion de son bâtiment porcin en poulailler, qu’il a choisi de faire lui-même, pour arriver à concrétiser son projet. Bien que cela représente un gros investissement en temps et en argent, il estime que ce sera profitable à long terme pour ses enfants.
C’est aussi en pensant à ses deux fils que le producteur porcin Dominique Leblanc, de Baie-du-Febvre, dans le Centre-du-Québec, a acquis 1 000 m2 de quota en mai. « Mes oncles qui sont dans le poulet nous ont dit qu’il y avait du quota disponible et ils ont suggéré à mon père de miser vu qu’on a une relève », explique-t-il. Sans de solides garanties, comme des terres acquises au fil des années et une production de porc Nagano, l’éleveur estime qu’il aurait été difficile pour l’entreprise d’investir un si gros montant pour obtenir le quota et construire le poulailler. « En ce moment, c’est le porc qui paie le projet. Car après l’achat du quota, il ne reste pas grand-chose au bout. À court terme, 0-5 ans, ce n’est pas rentable, mais à long terme, avec le pourcentage de croissance qu’on gagne [dans la production de poulet], oui », évalue celui qui dit avoir fait ce choix pour diversifier ses activités. « C’est pour une sécurité, affirme M. Leblanc. Avec une production sous gestion de l’offre, les prix sont plus stables que dans le porc, et c’est une belle production. À date, on est bien contents. »
Des prix très hauts, signe d’une production recherchée
Habitué jusqu’ici à construire des poulaillers pour d’autres, Dannick Chaput, entrepreneur en construction, achève la construction de son propre poulailler de deux étages à Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. Il fait partie des 11 nouveaux aviculteurs ayant obtenu du quota de poulet pour la première fois à la séance de vente tenue le 21 octobre. « C’était une suggestion d’un de mes clients qui m’a convaincu de faire du poulet. C’est une production avec une bonne rentabilité, et c’est très technique, surtout vers la fin d’élevage du lot, pour le gain de poids et la performance des oiseaux. C’est un défi qui m’intéresse », indique celui qui a aussi plusieurs engraissements porcins dans la région. « Avec le porc, le prix reste toujours pareil depuis de nombreuses années [pour la production à forfait]. C’est difficile de tirer notre épingle du jeu », fait-il valoir.
L’acquisition de son quota de poulet n’a toutefois pas été facile pour lui non plus, car il y avait de nombreux intéressés lors de l’enchère, ce qui a fait monter les prix. « Mais le prix du quota, ça fait partie de la game : ça garde sa valeur, et si tout le monde en veut, c’est parce que c’est une production qui va bien, qui est stable », analyse M. Chaput.
De son côté, Dominique Leblanc croit que pour maintenir cet accès plus facile au quota, il faudrait que les Éleveurs de volailles du Québec limitent le volume d’achat possible par entreprise, et peut-être également le prix. « Là, on est tombés dans une période où il y avait du quota disponible dans notre secteur, mais je connais des gens qui ont misé pour faire le même projet que moi, et qui ne l’ont pas eu, car ils ne pensaient pas que le quota était pour monter au-dessus de 2 000 $ le mètre », mentionne l’éleveur en précisant qu’il aimerait bien augmenter progressivement sa production.