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SAINT-JUDE – En marchant autour des bâtiments de l’élevage de dindon démarré par son père, Luc Leblanc raconte comment il a progressivement fait grossir la Ferme du dindon, qui compte aujourd’hui neuf poulaillers à Saint-Jude, en Montérégie.
Depuis deux ans, le site est toutefois à vendre, faute de relève. Le fils de M. Leblanc devait pourtant suivre ses traces, mais il a changé d’idée en cours de route, préférant plutôt prendre la relève de la ferme de poulet de son oncle.
Ce qui l’a principalement découragé est un article de règlement adopté il y a une dizaine d’années, qui oblige, lors d’une vente de ferme, le versement d’un volume équivalent à 25 % du total du quota de production de dindon détenu par l’entreprise au système de vente aux enchères administré par les EVQ. Lorsqu’il a été instauré, ce règlement servait à assurer la disponibilité de quota de production de dindon dans le système de vente aux enchères, notamment pour le rendre accessible pour la relève, souligne M. Leblanc.
Quand son fils souhaitait reprendre la ferme familiale, il y a un peu plus de deux ans, il souhaitait le faire avec un associé, ce qui impliquait l’ajout d’un actionnaire et, ainsi, l’obligation de verser 25 % du quota à l’encan. « Pour nous, ça représentait 4 500 m2 qu’on devait verser à l’encan sur les 17 000 m2 qu’on avait. Moi, il me manquait déjà un peu de quota, que je louais, et je me trouvais avec encore moins de quota en trouvant un actionnaire. On se serait retrouvés avec une entreprise moins rentable qu’elle l’était. C’est aussi un problème maintenant, car si je vends l’entreprise à un étranger, la personne qui achète est obligée de verser 25 % à l’encan. Oui, il sera payé pour, mais il ne les aura plus pour produire. Déjà que les gens sont plus réticents à acheter du quota de dindon, parce que ça ne va pas super bien [dans cette production] », se désole l’éleveur.
Un autre gros désavantage de la production de dindon actuellement, selon l’éleveur, est le plafonnement de la valeur du quota de production à 500 $ par m2, alors que du côté des ventes de quota de poulet, cette valeur n’est pas plafonnée, suivant le jeu de l’offre et de la demande. « Le prix du quota de dindon, à l’époque, était environ la moitié de celui du poulet. Là, le poulet est rendu autour de 2 000 $ du mètre carré, alors que nous, on est restés gelés à 500 $ depuis quinze ans. Donc, c’est difficile côté croissance, autant monétaire, avec les quotas qui ne prennent pas de valeur, que pour la production de dindon, qui est en décroissance », constate-t-il.
Des changements prévus
Questionné sur ces enjeux, le président des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), Benoît Fontaine, a reconnu que le temps était probablement venu de revoir certains articles du règlement pour les réajuster à la nouvelle réalité de la production de dindon, notamment sur cette question du versement d’une part de 25 % aux enchères en cas de vente d’élevage.
Il a également révélé que les EVQ souhaitaient lever le plafonnement de 500 $ dans les ventes de quota de dindon. Pour ce faire, l’organisation envisage la mise en place d’un système de vente aux enchères qui permettrait « de faire monter la valeur du quota de manière profitable, mais contrôlée, un peu comme ce qui se fait présentement du côté du poulet », explique M. Fontaine.