Volailles 3 juillet 2024

Des stratégies pour optimiser son élevage

Selon les Éleveurs de volailles du Québec, près de 35 % des bâtiments existants doivent être rénovés et quelque 600 poulaillers supplémentaires construits pour répondre à la demande de consommation anticipée. Des perspectives lourdes d’implications, mais où les solutions sont plus flexibles qu’on pense.

Des bâtiments mieux conçus et dotés de technologies intelligentes maximisent les conditions d’élevage. Mais pour l’auditeur Stéphane Beaudoin, l’efficacité reste une affaire de conception. « Sans favoriser un modèle ou un autre, le bâtiment doit accommoder toutes les étapes de la production, c’est-à-dire l’entrée des poussins et la sortie des animaux et du fumier, donc avoir des portes et un design qui permettent de travailler facilement avec la machinerie. Au quotidien, je dois avoir du plaisir à suivre l’évolution de mes oiseaux et être capable d’intervenir en temps réel avec des équipements de pointe », ajoute-t-il.

Plus d’espace svp

L’agronome et conseiller Stéphane Grondines en convient : une mise à niveau s’impose dans plusieurs installations avicoles. « Il faut composer avec des poulaillers construits il y a 40 ans. On voit encore beaucoup de bâtiments de 36 ou 38 pieds [10-11 m] de large. Aujourd’hui, on construit des poulaillers de 40-42 pieds [12,80 m] sur deux ou trois étages, et de 58 pieds et plus [17,6 m] sur un étage », observe-t-il, notant que l’augmentation des surfaces permet de hausser les volumes de production. « Dans les années 1990, on produisait autour de 23-24 kilos par mètre carré. Aujourd’hui, on atteint facilement 32-33 kilos, grâce à des équipements mieux adaptés aux besoins des animaux. Les nouvelles constructions peuvent intégrer de 4 à 5 lignes d’eau et au moins 3 lignes de soigneurs pour des bâtiment de 2 et 3 étages », illustre-t-il.

Les nouvelles constructions peuvent intégrer de 4 à 5 lignes d’eau et au moins 3 lignes de soigneurs selon le type de bâtiment.

Des investissements rentables

Si tous les producteurs doivent tôt ou tard investir pour demeurer compétitifs, il n’y a pas de formule universelle. « Le retour sur investissement dépend de la nature des améliorations », indique M. Grondines. « Est-ce la ventilation qui va permettre plus de gain de poids, ou l’ajout d’un chauffage d’appoint au démarrage des poussins? On doit évaluer l’ensemble des éléments pour déterminer où on va obtenir une valorisation. » Ici, l’analyse des coûts de production sera souvent ­révélatrice des rénovations à faire. Cependant, tout n’est pas strictement question d’économie.

Les éleveurs sont très fiers de la qualité de leur production. Et pour produire un oiseau de qualité, si on veut densifier, on doit rajouter des équipements pour permettre à l’oiseau d’exprimer son plein potentiel de gain.

Stéphane Grondines, agronome

Financement : la logique gagnante 

Dans le contexte économique actuel, quels sont les incontournables à l’obtention d’un financement? « Partant de la prémisse que l’entrepreneur(e) possède son quota, un budget de construction rigoureux et élaboré avec des spécialistes des bâtiments avicoles est nécessaire », explique Vincent Cloutier, directeur principal Stratégie Agriculture à la Banque Nationale du Canada. « Il faut aussi démontrer une capacité de rembourser cette dette supplémentaire. Le calcul des fonds générés après projet implique l’élaboration de budgets d’opération réalistes, qui tiennent compte des enjeux de l’industrie », signale-t-il. 

« Pour élaborer le montage financier, le partenaire financier prévoira un amortissement des bâtiments sur 20 ans, et 10 ans dans le cas des équipements, afin d’arrimer le financement à la durée de vie des actifs », interjette sa collègue Anne Leblanc, directrice Service aux entreprises, Agriculture. Les échéances de réalisation et les maladies avicoles feront partie des risques évalués, tout comme la variation des taux d’intérêt. « La sélection de plusieurs termes, certains à taux variables, d’autres fixes, peut s’avérer une bonne stratégie de gestion du risque », suggère Mme Leblanc, ajoutant que divers scénarios de non-­réalisation des budgets seront analysés. « L’idée est de tester la résistance du montage à des chocs externes. Des variations de rentabilité (marge/kg) et de taux d’intérêt seront simulées pour en évaluer l’impact sur les finances du projet », indique-t-elle. 

Un coup de pouce du fédéral 

Rappelons que jusqu’au 31 mars 2030, les éleveurs de volaille et d’œufs peuvent s’inscrire au Programme d’investissement à la ferme pour la volaille et les œufs (PIFVO). Cette initiative vise à aider les producteurs sous gestion de l’offre en soutenant les investissements susceptibles d’accroître la productivité. « Pour être admissibles, les éleveurs doivent démontrer qu’ils ont investi dans des équipements novateurs, factures à l’appui », précise Stéphane Grondines. Le gouvernement du Canada versera une contribution pouvant atteindre 70 % des coûts du projet, et jusqu’à 85 % pour les jeunes agriculteurs.


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