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Lors d’une infection expérimentale, les poulets immunisés par le vaccin développé par les professeurs Steve Bourgault et Denis Archambault ― respectivement des départements de chimie et de sciences biologiques de l’UQAM ― et leurs collègues ont été protégés à 100 %, sans signes cliniques de la maladie, sans excrétion virale et sans lésions pathologiques.
« Ce sont des résultats percutants et on ne s’attendait pas nécessairement à ça », a admis M. Bourgault.
La nouvelle préparation vaccinale testée par les chercheurs a été conçue à l’aide de nanoparticules qui contenaient une séquence en acides aminés conservée entre les souches virales, appelées M2e, en plus d’une protéine recombinante, soit la partie globulaire HA1 de la protéine HA.
Le résultat a été une immunité que les chercheurs disent « stérilisante », à savoir que la transmission virale d’un individu à un autre est complètement annihilée compte tenu de l’absence d’excrétion virale.
Qui plus est, le nouveau vaccin est pratiquement « universel », puisque la souche du H5N1 qui a servi à infecter les poulets était très loin, d’un point de vue phylogénétique, de celle qui a servi à préparer une partie du matériel vaccinal.
On peut donc supposer que le vaccin serait en mesure de contrer n’importe quel variant du virus influenza H5N1, même s’il n’a évidemment pas encore été testé face à des dizaines de variants différents.
En termes un peu plus clairs, le vaccin développé dans le champ gauche s’est révélé efficace face à une infection qui arrivait tout droit du fond du champ droit.
« C’est vraiment la difficulté qu’on a avec l’influenza, a rappelé Steve Bourgault. C’est un virus qui mute beaucoup, qui change régulièrement. Souvent les systèmes immunitaires sont dirigés contre les portions du virus qui changent beaucoup. »
Le meilleur exemple, a-t-il ajouté, est le vaccin annuel contre la grippe chez l’humain. « C’est une prédiction : on prend trois ou quatre souches qu’on prédit vont être les plus présentes, on espère avoir bien ciblé, mais si jamais on se trompe un peu, ça se peut que le vaccin soit beaucoup moins efficace », a rappelé M. Bourgault.
La formulation du nouveau vaccin utilise aussi des portions du virus qui changent beaucoup, mais en les combinant à des portions qui ne changent pratiquement pas et que le système immunitaire peut donc reconnaître lors de chaque nouvelle infection.
Le virus H5N1 fait régulièrement la manchette. Il a, au fil des ans, nécessité la destruction de millions de volailles, aussi bien chez nous qu’ailleurs dans le monde, pour en freiner la propagation. On l’a récemment détecté chez des animaux domestiques comme le chat et le chien, mais aussi chez le phoque, le morse et même la vache.
Les infections humaines demeurent excessivement rares et surviennent habituellement chez des individus qui ont été en contact avec des animaux porteurs. Le taux de létalité chez les humains infectés varie entre 52 % et 62 %.
Cela étant dit, une première infection humaine sans contact animal apparent a été découverte au cours des derniers jours dans le Missouri. Plusieurs scientifiques préviennent que ce n’est maintenant qu’une question de temps avant que le virus n’acquière la capacité de sauter d’un humain à l’autre.
« Le vaccin a été testé chez la souris et le poulet, donc on ne peut pas vraiment extrapoler vers d’autres espèces, a prévenu Steve Bourgault. Pour le moment, c’est vraiment un vaccin vétérinaire et non humain. »
Les chercheurs demeurent néanmoins convaincus d’avoir trouvé une pièce très importante du puzzle H5N1, et seules les prochaines années nous diront jusqu’où leur découverte nous mènera.
« Maintenant, on comprend un peu mieux comment on peut neutraliser la sécrétion du virus qu’avant qu’il se propage, a dit M. Bourgault. Quels sont les éléments clés d’une réponse immunitaire robuste et protectrice? Il y a évidemment des applications vétérinaires à court terme, mais à long terme ça pourrait donner des pistes de solution pour des vaccins humains. »
Des chercheurs du Centre national des maladies animales exotiques, à Winnipeg, et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, en France, ont aussi participé aux travaux. Les scientifiques ont profité de subventions du Centre de recherches pour le développement international et de la Fondation Bill & Melinda Gates.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique NPJ Vaccines-Nature.
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