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Le Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM) lancera un projet d’étude en 2023 avec la participation des producteurs, afin de déterminer l’ampleur des infections liées au virus du fruit rugueux brun de la tomate dans les serres du Québec. Pour l’instant, on en connaît peu sur ce virus qui peut faire des ravages dans les cultures de tomates.
« Il y a seulement deux producteurs qui ont [signalé avoir été affectés au Québec], mais on sait qu’il y en a bien plus que ça », indique Caroline Provost, directrice et chercheuse au CRAM. Les serriculteurs, dit-elle, sont frileux à l’idée de révéler la présence du virus dans leur entreprise, car ce dernier infecte les plants et entraîne des malformations des fruits, les rendant invendables. Le virus devient quasiment incontrôlable une fois qu’il fait son entrée dans un établissement.
Consciente de la sensibilité du sujet pour les producteurs, la chercheuse promet donc que le projet d’étude sera fait de façon totalement confidentielle. Pour cerner l’ampleur du problème dans la province, déterminer quels types d’entreprises sont infectées, mieux documenter la provenance du virus et vérifier si des variétés sont plus susceptibles que d’autres d’être infectées, le CRAM, de concert avec une équipe de l’Ontario et l’Institut national de la recherche scientifique, procédera à une collecte de données, auprès des producteurs, qui s’échelonnera sur un an, en 2023. Ensuite, un protocole de détection et des mesures de biosécurités adaptées à la réalité québécoise pourront être établis.
Des serriculteurs de tous types sont invités à envoyer des échantillons de feuilles issues de leur entreprise pour analyse, qu’ils soient contaminés ou non. Ils seront aussi invités à remplir un questionnaire.
Traitements à l’eau de javel
Après avoir été découverte vers 2015 en Jordanie et en Israël, la rugose s’est propagée de façon exponentielle dans le monde, par l’entremise de semences infectées, a mentionné Antoine Dionne, biologiste au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du ministère de l’Agriculture du Québec, dans un webinaire diffusé le 28 octobre faisant état de la recherche sur le virus. Au Québec, il a été détecté pour la première fois en novembre 2020.
S’il est difficile de se débarrasser du ravageur lorsqu’il s’est implanté dans une entreprise, des solutions préventives peuvent être appliquées, a ajouté son confrère Philippe-Antoine Taille, conseiller et expert en culture en serre. Il a notamment donné l’exemple d’un traitement de semences à l’eau de javel. Un protocole à suivre pour ce faire est d’ailleurs en préparation. « Quand vous vous procurez des semences, assurez-vous qu’il y a un certificat sanitaire […] qui [confirme] qu’elles ont été testées », a-t-il ajouté, suggérant aussi l’ajout d’autres mesures comme l’instauration d’un protocole de nettoyage de vêtements de travail, d’une politique de visiteurs, ou encore la désinfection des surfaces. « Ça prend une approche intégrée qui superpose plusieurs mesures », a dit le conseiller en précisant toutefois qu’il n’y a pas de solutions miracles à ce jour.