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Un pépiniériste de Mirabel, Jean-Marc Rochon, laisse ses pommiers en serre neuf mois par année, y compris l’été, en prévision de la plantation au printemps dans les vergers. Cette pratique singulière accélère de beaucoup l’arrivée à maturité de ses jeunes arbres, affirme-t-il, par rapport à ceux qui sont préparés en champ.
« En serre, ça prend un an; en champ, ça prend deux ans. Tu gagnes une année », résume celui qui préconise les deux techniques à sa pépinière des Laurentides et qui est à même de faire la comparaison.
En laissant ses plants croître en serre neuf mois consécutifs, y compris l’été, il estime par ailleurs obtenir une meilleure prévisibilité, puisqu’il contrôle mieux l’environnement dans lequel sont cultivés ses plants.
Production de 50 000 pommiers
Le complexe de serres qu’opère Jean-Marc Rochon, plutôt innovant au Québec, a été agrandi de façon considérable l’automne dernier. Le pépiniériste est désormais capable de produire 50 000 pommiers en serre annuellement sur des superficies de 30 000 pieds carrés, soit plus du double de ce qu’il produisait de 2020 à 2023. Ses clients sont des pomiculteurs qui s’approvisionnent chez lui en arbres qu’ils plantent dans leur verger, au printemps.
À la base, l’idée de construire des serres à sa pépinière émerge d’une volonté de produire plus facilement au Québec des pommiers développés aux États-Unis qui ont la propriété d’être résistants au feu bactérien, un ravageur qui peut causer des dommages importants dans les vergers. « Ces porte-greffes-là étaient vraiment difficiles à implanter en champ au Québec; ils étaient vraiment capricieux. C’était un casse-tête monumental. Si au printemps, c’était trop sec et trop chaud, trop rapidement, le porte-greffe n’aimait pas ça. Si au contraire, on avait un printemps froid et pluvieux, il ne décollait juste pas, non plus », raconte celui qui, après plusieurs années d’essais infructueux et de pertes, a eu l’idée d’essayer d’en produire en serre, dans un environnement contrôlé.
Les subventions débloquées par Québec en 2020 pour stimuler la production en serre l’ont encouragé à aller de l’avant avec son projet. Après une première année de production en 2021, il a compris que la serriculture ne serait pas simple et que plusieurs essais et erreurs seraient requis avant de trouver la technique qui lui convient, mais il a vite observé que les porte-greffes répondaient mieux à cet environnement surveillé. Dès la deuxième année, ses résultats ont été meilleurs, dit-il, ce qui l’a encouragé à continuer à se développer et à parfaire sa technique.
Le champ vs la serre
Le pépiniériste Jean-Marc Rochon explique qu’en 2024, les nouveaux pommiers qu’il prépare en champ ont été plantés en mai. Ils passeront l’été 2024 ainsi que le suivant en champ, puis seront arrachés à l’automne 2025 pour être entreposés durant l’hiver, dans un caveau, en dormance. Ils seront prêts pour la livraison dans les vergers au printemps 2026. Les arbres qu’il prépare en serre, quant à eux, ont commencé leur croissance en février, donc près de quatre mois plus tôt. Ils resteront en serre jusqu’en octobre, après quoi ils seront mis en dormance dans un caveau, durant l’hiver, puis seront livrés au printemps 2025, soit un an plus tôt.
Un apprentissage constant
Encore aujourd’hui, Jean-Marc Rochon doit s’ajuster selon les défis de la production de pommiers en serre, qui n’est pas toujours rose. Cette année, par exemple, il a réalisé, après avoir eu des soucis de sécheresse, que son système d’irrigation n’était plus adéquat depuis l’agrandissement de ses installations pour la production de 50 000 pommiers. Celui-ci devait être refait. Il a également voulu remplacer les insecticides par l’introduction de prédateurs pour la gestion des pucerons, mais admet avoir connu des ratés. « Je me suis un peu planté là-dessus. J’ai introduit les prédateurs trop tard et je me suis retrouvé avec un pas pire volume de pucerons, mais l’année prochaine, je vais me prendre beaucoup plus tôt », raconte celui qui en apprend un peu plus chaque année.