Porcs 1 août 2024

Plus d’antibiotiques utilisés en production porcine

Alors que les efforts se poursuivent pour réduire la consommation d’antibiotiques chez les animaux d’élevage, les données sur les ventes d’antimicrobiens vétérinaires au Canada montrent que la production porcine est de loin celle où l’utilisation d’antibiotiques est la plus élevée parmi les différentes productions animales au pays.

Les plus récentes données sur les ventes d’antimicrobiens, soient celles de 2022, montrent que 296 milligrammes (mg) d’antimicrobiens par kilogramme de population (PCU*) ont été vendus pour le secteur porcin, loin devant le secteur de la volaille, qui en a utilisé 128 mg/PCU, alors que le secteur bovin se situe autour de 75 mg/PCU.

Raphaël Bertinotti, directeur de la santé, de la qualité, de la recherche et du développement aux Éleveurs de porcs du Québec, souligne que ces chiffres donnent une bonne indication « macro » de la consommation dans l’industrie à l’échelle canadienne, mais qu’ils doivent néanmoins être interprétés avec un certain recul, notamment parce qu’ils sont calculés à partir d’un seul indicateur, soit le nombre de mg par PCU, et que plusieurs détails manquent, comme par exemple la catégorie des antibiotiques vendus et le secteur de production où ils sont utilisés.

À cet égard, il souligne qu’un premier effort fait par l’industrie porcine québécoise, de 2016 à 2020, a permis de réduire considérablement l’utilisation des antibiotiques « de classe 1 », soit ceux qui sont considérés comme plus problématiques pour l’antibiorésistance, un problème qui menace la santé humaine.

La moyenne d’utilisation québécoise en 2020 était 36 % plus basse qu’en 2016. Et pour les catégories 1, soit les antibiotiques les plus importants pour la santé humaine, nous avons réduit de plus de 98,5 % au Québec. Nous sommes parmi l’élite mondiale sur ce critère très important.

Raphaël Bertinotti, Éleveurs de porcs du Québec

La recommandation actuelle de n’utiliser cette catégorie d’antibiotiques qu’en dernier recours est donc, aujourd’hui, bien appliquée par les éleveurs, mentionne-t-il.

Par atelier de production, les réductions entre 2016 et 2020 se déclinent comme suit : 42 % en maternité, 28 % en pouponnière et 65 % en engraissement. Notons qu’il y a une forte réduction de l’utilisation des antibiotiques dans la période avant l’abattage, pour que les traces d’antibiotiques ne soient plus perceptibles dans la viande destinée à la consommation humaine.

Des efforts à relever d’un cran

Malgré ces améliorations, des efforts restent encore à faire pour diminuer davantage l’utilisation des antibiotiques, admet M. Bertinotti. Lors de l’assemblée générale annuelle des Éleveurs de porcs, en juin, il a d’ailleurs invité les producteurs à participer de manière volontaire à un nouveau système de suivi mis en place par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. 

Depuis 2023, les meuneries ont l’obligation de déclarer, via ce système, la part d’antibiotiques ajoutée à la moulée vendue. Les Éleveurs de porcs souhaitent donc pouvoir utiliser cette même plateforme pour suivre les achats d’antibiotiques solubles et injectables des producteurs. Ceci permettrait à l’organisation d’avoir un portrait complet des usages des différents types d’antibiotiques dans les diverses étapes de la production, pour ensuite arriver à trouver des solutions pour en réduire davantage l’usage, mentionne M. Bertinotti.

L’utilisation d’antibiotiques est un défi qui touche les productions animales à l’échelle mondiale, puisqu’il y a un risque de résistance, et donc une perte d’efficacité potentielle des traitements autant pour les animaux que pour les humains.

Quantité d’antimicrobiens vendus par les fabricants en 2022
Porcs

296 mg/PCU

Volailles

128 mg/PCU

Bovins

75 mg/PCU

Petits ruminants

25 mg/PCU

*La population correction unit (PCU) est une mesure de la biomasse animale qui tient compte du nombre d’animaux et de leur poids moyen au moment du traitement.