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QUÉBEC – De nombreux éleveurs de porcs qui souhaitent continuer en production après la période de décroissance que traverse leur industrie craignent ne pas pouvoir passer à travers la crise.
Ils ont été nombreux à prendre le micro, lors de l’assemblée générale annuelle de leur organisation, les 8 et 9 juin à Québec, pour réclamer de nouveaux programmes d’aide d’urgence auprès des ministres provincial et fédéral de l’Agriculture, qui sont venus à leur rencontre.
« Ça fait un mois que je regarde la nouvelle convention avec mon consultant. On essaie de virer ça sous tous les bords, mais dans les deux prochaines années, si on est encore sur l’ASRA [assurance stabilisation des revenus], on va être fermés. Je fais comment pour passer au travers? », a notamment exprimé M. Pilote.
Les éleveurs des régions éloignées sont d’autant plus à risque, puisque leurs coûts de production sont plus élevés, a souligné Denis Champagne, consultant en production porcine, qui a également demandé au ministre Lamontagne une intervention rapide. « Si rien ne change, ils vont disparaître petit à petit. Ce n’est pas la charité qu’on demande, c’est l’équité! »
De la même manière, le président de l’Union des producteurs agricoles, Martin Caron, a répété dans son discours livré aux éleveurs qu’il serait impensable d’attendre encore un an. « Il faut avoir un programme d’aide. On vit une situation exceptionnelle et donc, ça prend des programmes exceptionnels », a-t-il martelé.
Lancement d’une étude
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, a encore une fois demandé aux éleveurs de patienter, répétant qu’il préférait attendre la mise en place du mécanisme de retrait temporaire avant de déterminer quel type d’aide sera mieux adapté à la situation des éleveurs qui resteront en production.
Il misera, de plus, sur une nouvelle étude du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture portant sur l’industrie porcine québécoise pour l’aider à orienter ses décisions. « Cette étude permettra une meilleure compréhension du rôle de chacun : des éleveurs indépendants, des intégrés, des meuneries, des abattoirs. On va identifier les moyens pour améliorer la compétitivité de la filière et planifier la relance à partir de janvier 2024 », a-t-il indiqué. Une position déplorée par de nombreux éleveurs sur place, qui ont répliqué au ministre qu’ils n’étaient plus capables d’attendre encore longtemps. « Vous parlez d’avant et d’après [la crise], mais il ne faut pas oublier le ‘‘pendant’’ aussi », lui a signalé Sébastien Pagé, éleveur de porcs en Estrie. Le ministre a dit comprendre, en spécifiant que l’étude devait être rendue en moins d’un an.
Amélioration des liquidités
À plus court terme, les éleveurs peuvent se rabattre sur le devancement de six semaines du premier versement de l’ASRA pour l’année 2023 et l’étalement de l’aide en cinq versements plutôt que trois pendant l’année. « Ça aide, parce qu’on a besoin de liquidités, mais au bout du compte, on recevra quand même le même montant », a réagi Serge Blouin, un éleveur de porcs de Saint-Isidore, dans Chaudière-Appalaches, questionné par La Terre après l’allocution du ministre provincial.
Du côté fédéral, la ministre Marie-Claude Bibeau n’a pas annoncé de nouveaux plans d’aide, mais a promis qu’elle évaluerait différentes possibilités, dont le dépoussiérage du programme de retrait des animaux reproducteurs, qui avait été mis en place en 2009 pour soutenir les éleveurs face à l’effondrement de la valeur des truies de réforme. Une situation qui se répète aujourd’hui, a d’ailleurs rappelé l’éleveur Pierre Massy.
La ministre Bibeau a également été interpellée pour contribuer financièrement au mécanisme de retrait temporaire que les Éleveurs de porcs mettront en place pour amorcer la décroissance de leur production d’un million de porcs d’ici janvier 2024.
Bientôt la fin du remboursement de la grève chez Olymel
Les éleveurs de porcs n’auront bientôt plus à payer un montant de 2,65 $ par 100 kg de porc pour rembourser la dette reliée à la grève des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction. C’est ce que leur a annoncé Julie Leblanc, directrice de la comptabilité et des finances aux Éleveurs de porcs du Québec, lors de l’assemblée générale de l’organisation, le 8 juin. Ce prélèvement a été mis en place en août 2022 et devrait se terminer vers la fin du mois de juin ou au début de juillet, a-t-elle spécifié. Cette dette, qui représente un montant d’environ 15 M$ au total, provient de différents frais, comme le coût de détournement des animaux vers d’autres abattoirs pendant les quatre mois de grève à l’usine de Vallée-Jonction, déclenchée à la fin avril 2021. La Convention de mise en marché des porcs 2019-2022 prévoyait que dans une telle situation, les frais devaient être partagés à parts égales entre les transformateurs et les éleveurs. La nouvelle convention de mise en marché des porcs, signée récemment, comprend encore cette clause.