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Déjà une préoccupation pour certains éleveurs, le phénomène de stress thermique dont peuvent souffrir les porcs en période de canicule n’ira pas en s’atténuant. La température moyenne annuelle continuera d’augmenter au cours des prochaines années, selon les prévisions d’Ouranos.
La température moyenne annuelle, en Montérégie par exemple, devrait grimper de 2,7 degrés, pour atteindre 9,2 °C en 2050. À titre comparatif, elle était de 6,5 degrés durant la période couverte entre 1981 et 2010. Dans les faits, le réchauffement climatique est déjà observé depuis les années 1950.
La hausse est d’ailleurs plus marquée dans le nord-ouest de la province, expose la responsable des simulations et des analyses climatiques chez Ouranos, Dominique Paquin, dans l’une des capsules vidéo diffusées par le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ).
Le phénomène est similaire pour les précipitations (pluie et neige) totales annuelles. Tout comme la température, elles sont en hausse depuis plus d’un demi-siècle, sauf dans les régions situées à l’ouest du Québec. À cet endroit, peu de changements ou même une diminution (jusqu’à 9 %) des précipitations ont été relevés.
Tendances à prévoir
De façon générale, les précipitations continueront d’ailleurs à être plus abondantes au cours des années à venir, selon le consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, Ouranos.
Détail : cette hausse devrait être perceptible davantage au printemps et durant l’hiver (plus de pluie que de neige).
Pour poursuivre l’exemple de la Montérégie, les précipitations totales annuelles devraient y avoir bondi de 73 mm en 2050, pour atteindre 1 113 mm, selon la fiche régionale de l’évolution du climat. Celle-ci, à l’instar de celles des autres régions québécoises, peut être consultée sur le site Internet du CDPQ.
Autres tendances qui devraient s’accentuer : la fin de la saison de croissance des végétaux plus tardive et le premier gel automnal observé plus tard. La couverture de neige maximum au sol est également appelée à diminuer.
Toujours selon les données d’Ouranos, l’augmentation des cycles de gel et de dégel en période hivernale, de même que la diminution des épisodes de froid extrême, sont à prévoir. Le dernier gel printanier pourrait en outre survenir de plus en plus tôt.
Et en été, il fera plus chaud. Une augmentation notable des degrés-jour et des unités thermiques maïs (UTM) est prévue dans le climat futur. Le nombre de jours avec une température de plus de 30 °C pourrait ainsi grimper et les canicules se faire plus fréquentes.
Si la quantité de précipitations devrait être similaire à ce qui a été observé au cours des étés passés, les épisodes de pluie intense et d’orages devraient toutefois être plus fréquents à l’avenir, ce qui aura pour effet d’aggraver le déficit hydrique des plantes.
Impacts potentiels
Plusieurs de ces tendances climatiques sont déjà observables à différents degrés selon les régions, souligne l’agronome Sébastien Turcotte, responsable bâtiments et régie d’élevage au CDPQ. Et elles ne sont pas exemptes d’impacts.
« L’augmentation du nombre de périodes de canicule va avoir un effet sur le bien-être des animaux, la consommation d’eau et les performances », fait-il valoir.
Cette baisse d’appétit chez les porcs survient généralement lorsque le mercure grimpe au-dessus de 23 ou 24 °C, souligne Sébastien Turcotte.
Selon lui, différentes stratégies, détaillées dans le matériel mis en ligne par le CDPQ, peuvent cependant être déployées auprès des porcs en engraissement et des truies pour diminuer l’effet de la chaleur. À commencer par la création d’un courant d’air dans le bâtiment.
L’eau peut également être mise à profit, si l’air est plus chaud que la peau du cochon, soit à partir de 28 à 30 °C.
Selon le responsable bâtiments et régie d’élevage au CDPQ, bien que ces informations soient connues par plusieurs producteurs porcins, elles ne sont pas encore largement mises en pratique. « Il y a peut-être de 10 à 15 % des producteurs qui le font, calcule Sébastien Turcotte. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour que ça soit adopté par un plus grand nombre. »
Différentes stratégies alimentaires, dont le fractionnement des repas et le décalage des repas vers les heures plus fraîches de la journée, peuvent en outre être adoptées pour réduire les impacts du stress thermique.
Gare aux bâtiments
L’augmentation des précipitations durant l’hiver pourrait par ailleurs faire en sorte que le poids de la neige et de la glace sur la toiture des bâtiments soit plus important certaines années.
« La plupart des bâtiments agricoles sont conçus pour supporter ces charges », relève l’agronome Sarah Delisle, au Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ), dans la capsule « Impact potentiel des changements climatiques en production porcine au Québec ».
Les changements climatiques détaillés par Ouranos auront également un impact sur les grandes cultures utilisées pour l’alimentation des porcs.
Si la durée de la saison de croissance des plantes est appelée à augmenter, les risques de pertes de rendement, entre autres en raison des épisodes de canicule, seront également plus présents pour certaines espèces.
Bonne nouvelle : plusieurs producteurs posent déjà des gestes, relève toutefois le conseiller en agroenvironnement, modélisation et démarches participatives au CDAQ, Sylvestre Delmotte. Et ceux-ci sont favorables à la lutte contre les changements climatiques, même si ce n’est pas toujours le but.
« Je pense à ceux qui modernisent leurs installations pour qu’elles soient plus efficaces quand il y a des canicules, dit-il. Même chose pour les producteurs qui essaient de sécuriser leur approvisionnement en eau, pour être sûrs de ne pas en manquer dans leurs bâtiments lors des sécheresses. Il y en a aussi qui revoient ou réfléchissent à la gestion du lisier. »