Pommes de terre 20 octobre 2023

Une récolte de pommes de terre sous le signe de la fébrilité

SAINT-EUGÈNE-DE-GUIGUES – Depuis les petites heures, la Ferme Lunick fourmille en cette mi-septembre. Des camions qui portent le slogan « Lâche pas la patate! » se relaient pour déposer les premières pommes de terre de la saison sur des convoyeurs où une trieuse optique les classe selon le calibre. Formats standard, jumbo et grelot prennent ainsi le chemin des entrepôts. Malgré la fine bruine, la bonne humeur est au rendez-vous en ce premier jour de récoltes du deuxième plus gros producteur de pommes de terre au Québec. 

Mike Lafontaine et Fanny Baril

« On est excités! Il ne reste quasiment plus de patates dans l’entrepôt. Ça fait longtemps qu’on a semé et on a hâte de les récolter, de voir leur croissance », fait valoir Mike Lafontaine.

L’ancien bûcheron s’est épris de la pomme de terre depuis qu’il a mis les pieds chez Lunick, véritable fleuron du Témiscamingue fondé par ses beaux-parents. « Dans l’agriculture, tu pognes la piqûre ou non. Ça n’a pas été long que je suis tombé en amour. C’est une vraie passion : tu produis de la vie. C’est de toute beauté! » s’exclame celui qui a repris les rênes de l’entreprise familiale avec sa conjointe, Fanny Baril, et deux autres actionnaires. 

Cap sur la croissance

Depuis son arrivée, la superficie en culture est passée de 500 acres à près de 1 100 acres, soit 445 hectares, notamment grâce à son travail de développement des marchés. Cette année, ce sont entre 61 et 62 millions de livres de pommes de terre qui vont entrer dans les entrepôts, une croissance qui n’aurait pas été possible sans l’apport de travailleurs latino-américains, évalue-t-il. 

L’arrivée de ces travailleurs, qui a coïncidé avec la mise sur pied d’un centre d’emballage dernier cri, est un défi qui a convaincu Fanny Baril de revenir au bercail pour s’occuper du recrutement.

J’ai toujours été la petite fille qui venait travailler. Je n’ai jamais vraiment décroché de l’amour de la patate. On a commencé les démarches en 2016 et deux premiers Mexicains sont arrivés. Aujourd’hui, on est rendus à 20 et on va en avoir plus encore. On est comme une grosse famille. »

Fanny Baril
Jacques Langlois peut calculer le rendement d’un champ confortablement assis dans son arracheuse dotée d’un capteur de rendement à la fine pointe de la technologie.

Gains de productivité à venir

Aux champs, où nous conduit le Français Matthieu Bertholot, formé en agronomie et spécialisé dans les sols, on constate qu’après avoir plus que doublé les superficies en culture, l’heure est maintenant à l’optimisation. 

« Mon but, ce n’est pas de faire des patates bio — je ne serais jamais capable avec la surface qu’on a —, mais de faire de l’agriculture raisonnée. Donc, de mettre le moins de produits possible et de les mettre quand il faut », explique-t-il, précisant que la technologie, dont une arracheuse dernier cri, qui permet de récolter quatre rangs à la fois, et des capteurs de rendement, qui cartographient le rendement en temps réel, contribuent à tirer le meilleur des champs. « Si je suis capable de faire la même chose avec moins de surface, tout le monde est gagnant! »

Engrais verts, participation à des projets de recherche, aménagement d’atmosphères contrôlés dans les entrepôts : la table à dessin de Lunick déborde de projets pour améliorer la productivité aux champs comme à l’usine. Bref, il y a de quoi alimenter la passion de toute l’équipe de relève, affirme Mike Lafontaine. « Être des millionnaires, ce n’est pas ça qui compte dans la vie. Aimer ce que tu fais, c’est le secret. Il faut te lever tôt et te sentir bien de ce que tu fais. Nous quatre, on a tous cette vision-là. On est chanceux! »

Comme Ferme Lunick approvisionne différents grossistes et épiciers, plusieurs emballages de tous formats sont à portée de main en tout temps à l’usine. On peut donc trouver les pommes de terre Lunick sous leur nom officiel, mais aussi sous le nom de plusieurs marques maison vendues en épicerie.