Pommes de terre 26 mars 2023

Une industrie qui regarde vers l’avant

L’industrie québécoise de la pomme de terre accélère son virage vers une agriculture plus durable. Un train de mesures sont envisagées pour améliorer la performance de l’industrie, adopter de meilleures pratiques agroenvironnementales et poursuivre le positionnement
de la pomme de terre du Québec, ici et sur les marchés étrangers. Ce vaste chantier devrait occuper les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ) au cours des prochaines années. 

Michelle Flis, directrice générale des Producteurs de pommes de terre du Québec

Le chantier lancé par les PPTQ ratisse large. Du renforcement de la filière à de meilleures pratiques agroenvironnementales, en passant par l’implication syndicale de la relève, la productivité des entreprises et le positionnement de la pomme de terre d’ici sur les marchés intérieurs et d’exportation, tout semble sous la loupe. Les PPTQ souhaitent, par exemple, que tous les membres de la filière serrent les rangs. « On trouve important d’améliorer la communication et la cohésion entre tous les acteurs de la chaîne », indique Michelle Flis, directrice générale des PPTQ. Producteurs, emballeurs, semenciers, chercheurs et autres professionnels de la filière sont invités à renforcer leurs liens pour permettre à l’industrie de profiter de la richesse de cette émulation. « On veut développer le réflexe de discuter avec eux dès qu’une problématique ou de nouveaux projets se présentent, souligne Michelle Flis. Nos projets pourraient ainsi devenir plus grands. »

Les producteurs souhaitent également poursuivre leurs efforts pour améliorer la qualité des patates mises en sac. « Nous observons une belle constance à ce niveau depuis quelques années, mais il faut poursuivre notre travail », soutient la directrice générale des PPTQ. Si le syndicat veut des pommes de terre plus belles, c’est notamment pour courtiser les consommateurs qui s’ignorent. « On tente d’innover pour aller chercher les plus jeunes, moins familiers avec le produit que la clientèle plus âgée, explique Michelle Flis, et ça, ça passe par le soin apporté à notre image de marque, mais surtout, par la qualité du produit. »

Nos producteurs font tellement de bons coups, ils sont si vigilants en matière de biosécurité et de qualité de leurs produits qu’il faut en faire la promotion auprès des consommateurs.

Brandon Fombuena, chargé de projet aux Producteurs de pommes de terre du Québec

Sensibles aux impacts de leur production

Brandon Fombuena est chargé de projet en développement agroenvironnemental aux Producteurs de pommes de terre du Québec.

Les efforts entrepris par les PPTQ s’inscrivent dans sa démarche pour développer une filière responsable, en phase, notamment, avec le Plan d’agriculture durable (PAD) du gouvernement du Québec. Le résultat de consultations menées auprès des membres de l’industrie, depuis l’automne 2021, montre d’ailleurs que l’idée d’une agriculture plus verte semble bien installée. La santé des sols, l’utilisation responsable de l’eau, la réduction des pertes et une meilleure valorisation des résidus de production, ainsi que l’utilisation plus disciplinée des produits phytosanitaires, représentent les principales préoccupations manifestées par les producteurs. 

« Nos gens sont sensibles aux impacts environnementaux et sociaux de leur production », remarque Brandon Fombuena, chargé de projet en développement agroenvironnemental aux PPTQ. Il ne s’agit pas d’une sensibilité de façade, soutient l’agronome. « L’industrie s’engage à poser des gestes concrets pour faire face aux enjeux qui la concernent, dit-il. Plusieurs moyens se trouvent à notre disposition, comme ajouter des cultures de couverture et limiter l’épandage d’herbicides. » 

Michelle Flis ajoute pour sa part que la démarche entreprise se veut réaliste. « On sait qu’on ne peut pas devenir tous bio demain matin. Notre objectif, c’est de trouver un équilibre entre l’atteinte de bons rendements au champ, et la mise en place de saines pratiques agroenvironnementales », dit-elle.

Vers un nouveau programme de certification des semences

Le programme actuel de certification des semences remonte à 2008. Avec la transformation de l’industrie bioalimentaire, sa refonte s’impose manifestement. « La révision du programme nous donne la chance de travailler sur tout ce qui concerne l’aspect réglementaire du secteur, en plus de nous arrimer aux règles imposées par Agriculture Canada et le MAPAQ. » 

Encore une fois, la prochaine mouture du programme de certification des semences veut coller aux préoccupations de l’industrie. « Cinq grands enjeux sont sortis de nos discussions avec des semenciers et des producteurs », souligne Brandon Fombuena. Les membres de la filière souhaitent, par exemple, ­profiter d’un plus grand choix de ­produits ­phytosanitaires autorisés.

Ils demandent également l’uniformisation des normes fédérales et provinciales, en plus d’une application plus simple du programme, grâce à la création d’un registre en ligne, par exemple. 

Les acteurs de la pomme de terre espèrent aussi que leurs efforts pour une agriculture durable soient davantage mis en valeur auprès du public. « Nos producteurs font tellement de bons coups, ils sont si vigilants en matière de biosécurité et de qualité de leurs produits qu’il faut en faire la promotion auprès des consommateurs », estime le chargé de projet.

Les travaux pour la réforme du programme de certification des semences arrivent à leur terme. Si tout se passe comme prévu, la nouvelle mouture du programme devrait être présentée aux producteurs ce printemps, pour une entrée en vigueur quelque part à l’été.