Année après année, les différents constructeurs de machinerie agricole parviennent à nous surprendre avec des pièces d’équipement de plus en plus sophistiquées, compactes et performantes. Les fabricants de matériel destiné à la culture de la pomme de terre ne font pas exception. Ces manufacturiers conçoivent désormais de la machinerie fortement robotisée, connectée et automatisée, emplie de capteurs optiques reliés à des algorithmes de plus en plus puissants. L’objectif? Permettre aux agriculteurs de satisfaire
les consommateurs avec de meilleurs produits, plus rapidement et plus efficacement, avec un minimum de main-d’œuvre.
Dans cette optique, les différents concessionnaires québécois proposeront cette saison de nouveaux modèles de machinerie pour la culture de la pomme de terre. Voici un tour d’horizon en trois temps : planter, récolter, trier.

PLANTER

Une planteuse polyvalente

Lancée en Europe en 2017, la fameuse planteuse pliante Grimme GL 860 Compacta sera offerte au Québec à compter de cet été chez le concessionnaire Équipements Capital de Saint-Ambroise, au Saguenay. Ce semoir réunit tous les avantages d’une planteuse à huit rangs traînée avec ceux d’une planteuse compacte, fait valoir le constructeur allemand. En effet, son repliage particulier le rend aussi étroit qu’une planteuse à quatre rangs, ce qui permet de passer rapidement d’une parcelle à l’autre et, du même coup, d’augmenter sa productivité. 

D’ailleurs, Grimme revendique un record de productivité au nom de sa GL 860 Compacta. Dans un champ déjà labouré, cette planteuse est parvenue en mai 2021 à planter 41,59 hectares en 12 heures, malgré un bris qui a entraîné une pause de 10 minutes. À noter que tous les remplissages avaient été réalisés à l’arrêt.  

La GL 860 peut contenir jusqu’à 9 020 litres de graines ou de pommes de terre de semence. Il est possible de les mélanger dans le même réservoir si le producteur le juge nécessaire. Son fonctionnement exige une force de 170 chevaux. Sa cadence de travail impose une limite de vitesse de 12 km/h. Il est équipé du nouveau pupitre de commande ISOBUS CCI 800 ou CCI 1200 à présentation intuitive du boîtier GDI avec application Diagnostics. Cette planteuse est également équipée de capteurs d’erreur pour éviter des sections vides dans les rangs. Le conducteur sera alerté si une anomalie empêche trop souvent de faire tomber les semences.
De plus, des vibreurs installés sur la courroie de distribution évitent de planter plus d’une pomme de terre au même endroit.  

Avec la grande variété d’options offertes, cette planteuse peut être configurée selon l’utilisation, les besoins, le niveau de confort et les mécanismes d’automatisation désirés par chaque producteur, affirme Alexandre Joyal, d’Équipement Capital. « La liste est longue », assure-t-il.

Le concessionnaire saguenéen prévoit d’organiser quatre ­journées de démonstration d’un exemplaire « générique » en avril et en mai dans les régions de Lanaudière, de la Montérégie, de Portneuf et du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

RÉCOLTER

L’Enduro bientôt en sol québécois

Une deuxième génération de la récolteuse automotrice à quatre rangs Enduro, du constructeur belge Dewulf, rejoint sa grande sœur Kwatro au Québec pour la saison 2024. « Elle est un véritable atout pour les ­producteurs, alliant performance, polyvalence et innovation », affirme Éric Decourval, du concessionnaire québécois Machinerie Del Mont Guay. Selon M. Decourval, cette récolteuse possède cinq atouts qui en font « un choix incontournable pour les producteurs québécois ».  

« L’Enduro se distingue tout d’abord par la plus grande surface de tamisage de son segment sur le marché », souligne-t-il. « Avec une capacité de tamisage jusqu’à 50 % supérieure à celle de la concurrence, elle permet un tamisage optimal des pommes de terre. Cette force de travail garantit un rendement extrêmement élevé et un nettoyage maximal des pommes de terre. »

L’Enduro est aussi équipée d’un deuxième essieu arrière, réduisant la compaction du sol. « La pression au sol la plus faible du marché », soutient M. Decourval, tout en vantant la traction inégalée de cette arracheuse sur pneus, même dans les conditions les plus difficiles. « Cela permet de travailler efficacement en toutes conditions, sans compromettre la qualité du terrain. »

Particularité de l’Enduro, le conducteur peut ajuster en continu l’inclinaison du module de nettoyage de 0 à 12 degrés, selon les besoins de nettoyage et les conditions. De plus, le module à ­rouleaux axiaux peut être dérivé au besoin, grâce à un tapis. « Cette option se montre un avantage indéniable, en particulier dans les champs vallonnés ou lors des conditions sèches où un nettoyage minimal est suffisant », fait remarquer M. Decourval.

Enfin, l’élévateur en anneau offre une capacité pouvant atteindre 200 t/h, sans contre-chaîne et en utilisant de nombreux sacs. Des capteurs permettent de réguler automatiquement sa vitesse pour préserver les pommes de terre. Ces dernières sont ensuite conduites vers une trémie de 10 tonnes en deux parties, celle proche de ­l’élévateur étant inclinée pour faciliter la vidange sans utiliser de contre-rouleaux. La vidange est réalisée par un élévateur à ­barrettes, afin d’éliminer au maximum la terre.

TRIER

Un trieur intelligent

Le manufacturier Downs propose cette année au Québec son trieur optique de nouvelle génération pour les pommes de terre non lavées. Avec ses caméras industrielles couplées à un algorithme d’intelligence artificielle, il peut ­analyser les tubercules sous leurs angles afin de les classifier avec précision à une cadence élevée. Grâce à ce trieur, la compagnie française a obtenu la médaille d’or du concours d’innovation du Salon international du machinisme agricole (SIMA) en 2021.

« C’est une machine conçue pour être utilisée à la sortie des champs », explique Mathieu Ricard, président de la compagnie Riego, qui distribue les produits Downs au Québec. « Son but est de réduire la main-d’œuvre nécessaire pour trier les roches, les mottes de terre, les plantons, les pommes de terre pourries, difformes et coupées, selon ce que le producteur veut enlever. »

Sa cadence de travail de 80 à 100 tonnes à l’heure constitue l’une des ­principales qualités de ce trieur, souligne M. Ricard. « Son autre avantage, c’est qu’il peut aussi séparer les pommes de terre de qualité numéro 2 du reste de la récolte si le producteur le commande. La sélection du tri désiré se fait à partir d’un écran interactif et intuitif. »

Selon le manufacturier, chaque pomme de terre est inspectée sur toutes ses surfaces par des caméras en circulant sur des rouleaux. Selon le degré de tri sélectionné, l’appareil écarte rapidement les déchets avec ses doigts pneumatiques. Les algorithmes avancés de l’appareil permettent même de séparer les roches et les pommes de terre pourries du reste des rejets. « Le producteur peut ainsi remettre les mottes, les pommes difformes et les cotons de maïs dans son champ, tout en se débarrassant des vrais déchets », explique M. Ricard. « Il peut s’en servir à l’entrée ou à la sortie de l’entreposage, selon son mode d’opération. »

Vendu à un prix variant entre 300 000 $ et 525 000 $ selon la configuration et les options choisies, ce trieur accomplit le travail de quatre à six employés, affirme le président de Riego. Une soixantaine d’exemplaires sont actuellement en activité dans le monde. « L’un d’eux est installé chez un producteur de ­Saint-Hyacinthe », souligne M. Ricard avec fierté.