Virentia accroît ses achats de luzerne destinée à l’alimentation humaine

La compagnie Virentia, qui appartient majoritairement au géant Premier Tech, augmente sa transformation de luzerne québécoise. « Quand on a commencé en 2021, on récoltait environ 200 hectares. En ce moment, on est à peu près à 400 ha. On cherche toujours des producteurs; on est toujours en développement. On aimerait augmenter à 600 ha [avec un rendement moyen de 40 tonnes de matière humide à l’hectare] », indique Philippe Vézina, chef agricole chez Virentia. L’entreprise fournit la semence et s’occupe de récolter la luzerne des producteurs situés près de son usine de Nicolet. Cette usine mobile peut aussi se déplacer pour effectuer la récolte des regroupements de producteurs de luzerne qui seraient situés dans des secteurs plus éloignés. 

L’entreprise paie 40 $ la tonne humide de luzerne aux producteurs et offre des bonis aux plus performants.

On essaie de pousser. On offre une bonification en haut de 45 t/ha, selon des braquettes. Ça incite les producteurs à fertiliser leurs champs, à y mettre un peu d’amour. Et on en a qui font 60 t/ha.

Philippe Vézina, chef agricole chez Virentia

L’usine, qui traite jusqu’à 220 tonnes par jour, presse la luzerne à froid. Le liquide qui en ressort sert ensuite à créer des ingrédients alimentaires à valeur ajoutée.

Virentia prétend que le concentré de luzerne contient une teneur en protéines de 50 %, ainsi que des vitamines et des minéraux conférant à « chaque portion [l’équivalent de] plusieurs portions de légumes verts ». Le procédé d’extraction permettrait également de conserver les antioxydants naturels, la vitamine E, le bêta-carotène et la chlorophylle. 

La matière fibreuse qui ressort de l’usine est laissée aux producteurs, qui l’étendent au champ. Seule la luzerne certifiée biologique est acceptée par l’entreprise. Selon M. Vézina, la capacité de l’usine devrait être multipliée par dix en 2027 ou 2028.  

Une culture à prendre au sérieux

En raison de son importance pour l’environnement et pour tout le système agronomique cultural d’une ferme, l’agronome Sophie Rivest-Auger estime que le développement des entreprises de transformation de la luzerne est primordial, que ce soit, par exemple, Virentia ou Éco-Luzerne, au Lac-Saint-Jean. Dans une conférence donnée lors du 10e colloque Bio pour tous, à Victoriaville, le 29 février, elle a souligné qu’à la fin de sa vie, lorsque la luzernière est enfouie, celle-ci procure un retour fort intéressant de près de 150 kilos d’azote à l’hectare à la culture subséquente. La luzernière se révèle entre autres un nettoyant pour plusieurs adventices et améliore la structure du sol par son enracinement en profondeur. Mais contrairement à la croyance populaire, une culture de plantes fourragères comme la luzerne ne doit pas être prise à la légère, souligne Mme Rivest-Auger. « Si le producteur consacre sa moins bonne terre pour faire du foin, les résultats en écoperont. Avec des champs bien drainés, nivelés et fertilisés adéquatement, les producteurs sont capables d’aller chercher du 10 tonnes à l’hectare de matière sèche », assure-t-elle, en comparant ce résultat à la moyenne provinciale de 6 à 7 t/ha de matière sèche.