Une première coupe un peu manquée

Si le producteur Jacques Beauchemin était pleinement satisfait de sa nouvelle presse à balles rondes, il l’était un peu moins de la qualité du fourrage. « Quatorze pour cent de protéines, c’est le maximum qu’on a eu. La luzerne a gelé… Mais certains champs ont été ressemés. On devrait avoir une deuxième coupe incroyable », espère-t-il.

Jean-Philippe Laroche, expert en production laitière, en nutrition et en fourrages chez Lactanet, évalue qu’au niveau provincial, le rendement et la qualité semblent dans la moyenne d’une première coupe ou inférieure à la moyenne par endroits. La mortalité importante de la luzerne, comme en Abitibi-Témiscamingue, explique un niveau de fibre élevé qui déplaît aux producteurs. Cependant, M. Laroche fait remarquer que certains agriculteurs ont récolté une excellente qualité de fourrage en raison, notamment, de leur décision de faucher plus tôt. 

Il explique que dans un champ où les légumineuses côtoient les graminées, les deux types de plantes n’ont pas les mêmes dates de maturité. Dans un cas comme cette année, où la proportion de graminées devient plus importante, il aurait fallu choisir la période de fauche qui priorisait la qualité des graminées, car une récolte trop tardive augmente le niveau de fibre. Malheureusement, certains producteurs semblent donc avoir un peu manqué leur coup, constate l’expert, d’autant plus que les fenêtres de beaux temps pour récolter ont quand même été propices, cette année. 

Il rappelle qu’un fourrage moins fibreux, à près de 30 % d’ADF (fibres insolubles dans les détergents acides), est plus digestible. Le producteur peut donc en donner davantage à ses vaches, ce qui lui permet de réduire l’achat de concentré et de tourteau de soya.

Ces intrants coûtent cher et ont un impact qui peut être gigantesque sur la marge bénéficiaire d’une entreprise laitière.

Jean-Philippe Laroche, expert en production laitière, en nutrition et en fourrages chez Lactanet

Outils décisionnels gratuits

Le spécialiste rappelle que les producteurs disposent de différents outils pour mieux définir leur date de récolte de plantes fourragères. Ils peuvent d’abord suivre l’évolution des degrés-jour, une donnée météorologique gratuite que fournit le ministère de l’Agriculture du Québec et, ensuite, « marcher leurs champs » et évaluer les stades de maturité en fonction des types de plantes et leur prévalence dans le champ. Un autre outil plus poussé est le logiciel gratuit NUTRI-Fourrager, en ligne sur le site du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), qui tient compte, entre autres, de la hauteur des plantes.