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Les changements climatiques pourraient bien représenter l’opportunité tant attendue des producteurs de foin de fourrage commercialisé pour enfin s’imposer comme une grande culture à part entière au Québec.
« Le message est en train de passer au ministère, mais c’est encore tout un exercice de faire comprendre aux producteurs spécialisés dans le maïs et le soya les bénéfices d’introduire des productions fourragères dans leurs rotations de cultures », explique Alphonse Pittet, président du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), qui a pris part en avril dernier aux consultations sur la Politique bioalimentaire menées par le ministre de l’Agriculture André Lamontagne.
Le producteur laitier de Saint-Tite, en Mauricie, souligne que les producteurs de foin de commerce sont désormais admissibles à certains programmes gouvernementaux, ce qui n’était pas le cas auparavant.
En 2022, le CQPF avait obtenu un financement de 400 000 $ dans le cadre du Plan d’agriculture durable visant à jumeler 12 producteurs de maïs et de soya avec autant de producteurs de foin commercial qui auraient échangé des parcelles de champs pour justement démontrer les bénéfices de ce type de rotation.
« Le projet n’a pas décollé en raison du contexte exceptionnel du prix des grains. L’indemnité que les producteurs auraient reçue n’était pas assez élevée pour compenser la diminution de leurs revenus. Si on exclut les années où les prix sont très élevés, le foin de commerce se positionne avantageusement par rapport à ces autres cultures », souligne-t-il d’un ton convaincu.
Pour répondre aux besoins des marchés
En dépit de ce revers, le CQPF a cependant pu conserver son financement en vue de former des conseillers de première et deuxième ligne. « Il nous faut plus de conseillers spécialisés dans la production fourragère pour aider les producteurs à produire du foin de commerce qui répond aux besoins des marchés. Ceux-ci sont favorables au foin de commerce, mais il faut arriver avec des volumes et de la qualité qui rejoint les besoins de ces secteurs-là. »
Alphonse Pittet rappelle que dans des années de sécheresse comme en 2020 et 2021, il était facile de vendre sa production même si elle ne répondait pas nécessairement aux normes de qualité. À l’inverse, lors d’une saison comme en 2022, très favorable du côté de la production, il a été très difficile pour les producteurs de vendre leur foin à des prix qui couvraient leur coût de production.
Depuis sept ans qu’il préside le CQPF, l’agriculteur d’origine suisse est un témoin privilégié du chemin parcouru. « Le grand objectif, c’est d’essayer d’arrêter la diminution des superficies en production fourragère. Dans les cinq dernières années, on constate que la baisse a été moins marquée. Nous avons aussi plus de producteurs spécialisés en foin de commerce. Les volumes et les superficies ont augmenté de ce côté et les prix étaient au rendez-vous. Par contre, le nombre de vaches laitières étant stable et le troupeau de vaches de boucherie ayant baissé drastiquement dans les 10 dernières années, ce sont des consommatrices de foin qui ne sont plus là », conclut Alphonse Pittet.