L’un des rares à miser sur l’enrobage de foin stationnaire

David Hossay est l’un des rares producteurs qui n’enrobent pas leurs balles individuelles au champ. Il le fait plutôt à la ferme au moyen de machinerie stationnaire. Une pratique marginale de nos jours. 

Pour remplacer sa machinerie désuète, le producteur d’Albanel, dans le nord du Lac-Saint-Jean, a acquis une nouvelle enrobeuse, en juin. « Je voulais une enrobeuse stationnaire encore. Il y a de moins en moins de [fabricants de machines] qui en font. Il y avait juste Göweil qui m’offrait ce produit-là, dit-il. C’est vendu au Québec, mais c’est un produit d’Autriche. » Il aurait pu suivre la tendance et aller vers un système d’enrobage par une machine automotrice, c’est-à-dire qui avance d’elle-même en enrobant des balles enlignées qui formeront un grand boudin, mais il ne souhaitait pas modifier le système de récolte et d’entreposage de foin déjà en place chez lui. L’avantage des balles individuelles, croit-il, est d’avoir le choix de la qualité. « Si je vois qu’une balle est moins belle quand je la déballe, elle s’en va aux taures automatiquement », dit-il.

Chez lui, le foin est pressé au champ en grosses balles carrées de trois pieds sur quatre pieds sur six pieds, puis ces dernières sont ramassées et transportées à la ferme, où elles sont enrobées.

Lorsqu’on enrobe à la ferme, il y a moins de risques de briser le plastique que lorsqu’on enrobe les balles au champ et qu’on les ramasse déjà enrobées.

David Hossay

Avec la nouvelle presse acquise en 2023, qui produit l’équivalent de deux balles de son ancienne machine, le système lui permet un gain de temps au moment de presser et des économies de corde et de plastique à l’étape de l’enrobage. David Hossay évoque également une meilleure conservation des fourrages.

Le représentant qui a orchestré la vente chez Service AMS Normandin, Frédéric Bonneau, estime que seulement 10 % des producteurs utilisent un système comme celui de David Hossay. « Je dirais qu’environ 90 % des agriculteurs préfèrent le faire soit en champ, soit ramasser des balles et le faire avec une enrobeuse automotrice », constate-t-il. Il vend environ une enrobeuse de ce genre par année. « Ça dépend de comment le producteur est installé pour la nourriture. Pour David Hossay, c’était plus avantageux de faire ça comme ça côté rapidité et efficacité », dit-il. 

Andréas Hoechli

Le distributeur officiel de Göweil au Canada, Machinerie agricole St-Césaire, confirme que de moins en moins de producteurs se tournent vers un système d’enrobage individuel stationnaire. « C’est une poignée de main par année », indique le fils des propriétaires, Andréas Hoechli. 

Ce dernier explique la situation par un nombre de producteurs en décroissance, dont les entreprises grossissent, et qui se tournent vers l’ensilage de foin pour répondre à leurs besoins. « Ils ont besoin d’une trop grosse quantité de foin pour que la balle enrobée en vaille la peine. La plupart, ce qu’ils vont faire, même dans les gros, c’est d’en acheter une pareil, mais qui va durer peut-être 10, 15, 20 ans parce que c’est juste au cas où, par exemple, on annoncerait de la pluie ou les silos seraient pleins. Ils vont faire le restant en enrobé et soit les revendre ou les garder en back-up au cas où il en manquerait pendant l’hiver », dit-il. 

La balle enrobée offre toutefois une meilleure qualité de foin, poursuit-il, mais l’ensilage permet de travailler plus rapidement, de réduire l’espace d’entreposage, de réduire les coûts et de faire plus attention à l’environnement en réduisant l’utilisation de plastiques agricoles.