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L’environnement et les défis climatiques arrivent au premier rang des préoccupations des producteurs de plantes fourragères, d’après les résultats d’un sondage réalisé en 2022 par le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Le développement de pratiques visant à optimiser leur rendement et leur valeur nutritive demeure une priorité en matière de recherche.
Lors d’une conférence présentée en février dernier à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de La Pocatière, le directeur du Pôle d’expertise en plantes fourragères du Québec (Pôle PFQ), Guy Allard, a proposé quelques pistes de solutions pour adapter la culture des plantes fourragères et les pratiques agricoles aux changements climatiques.
S’adapter aux étés secs
Quand il y a des étés très secs, comment doit-on adapter nos cultures pour faire face à cette situation? L’une des solutions étudiées par les chercheurs est d’accroître le nombre d’espèces dans les mélanges, explique M. Allard. Il est intéressant, selon lui, d’évaluer le potentiel de réussite en introduisant trois ou quatre espèces, dont le brome et la fétuque élevée, deux graminées tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, et de modifier les proportions de chacune dans les mélanges.
Copropriétaire de la Ferme Pittet de Saint-Tite, Alphonse Pittet a fait l’expérience de la fétuque. « Pour nous, ça n’a pas été le meilleur choix. On introduit plutôt du dactyle dans nos mélanges de luzerne fléole, car c’est une graminée qui supporte mieux la chaleur que la fléole et qui résiste à la sécheresse », dit-il.
La fléole demeure une excellente graminée qui comporte beaucoup d’avantages, selon M. Pittet, qui est aussi président du CQPF. Toutefois, elle a besoin de temps frais et d’humidité, deux conditions qui tendent à disparaître avec les étés plus secs. « Comme les étés sont généralement plus chauds, explique le producteur, l’évaporation est plus forte. Donc, il reste moins d’humidité pour les plantes dans les premiers centimètres du sol », dit-il. Les plantes fourragères dotées d’un système racinaire développé en profondeur sont, selon lui, à privilégier.
« Le dactyle est comme une police d’assurance pour compenser les pertes engendrées par la fléole, qui tombe en dormance et arrête sa croissance durant la période de sécheresse », ajoute M. Pittet.
Nouvelles espèces
Guy Allard propose aussi d’évaluer le potentiel de production d’espèces moins utilisées au Québec. Alphonse Pittet croit également que cela fait partie de la solution, pourvu que l’on puisse adapter ces espèces à la réalité du climat québécois. « On a un climat assez caractéristique et on ne peut pas reprendre ici à 100 % ce qui s’est fait dans les pays d’origine de ces plantes et les gérer de la même façon », dit-il. Il y a tout un nouvel apprentissage à faire. « C’est là que la recherche, le développement et le transfert de connaissances ont toute leur utilité », ajoute-t-il.
Ajuster les régies de coupe pour mieux répondre aux changements climatiques fait aussi partie des solutions proposées par Guy Allard.
Réduire l’empreinte environnementale
Lors de sa conférence, M. Allard a en outre parlé de l’importance de réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture. Déjà, dit-il, il est reconnu que certaines espèces sont bonnes pour l’environnement et contribuent à la réduction des gaz à effet de serre et à la séquestration du carbone, notamment lors des rotations de culture. Une partie de la recherche doit aussi, d’après lui, évaluer comment on peut augmenter les teneurs en matière organique des sols.
L’arrêt des labours et l’implantation de nouvelles techniques de semis s’ajoutent aux bonnes pratiques environnementales, note M. Pittet.
Pérennité des sols
Dans un contexte de protection de l’environnement, assurer la pérennité des sols est un autre aspect majeur sur lequel la recherche doit se pencher, selon M. Allard. Pour mesurer les rendements au champ et réduire les coûts de production, ce dernier propose notamment une meilleure utilisation de capteurs de rendements sur les équipements de récolte.
« La promotion des bénéfices écosystémiques des plantes fourragères pérennes sur l’environnement passe, entre autres, par le développement de méthodes pour en estimer la valeur économique », note Guy Allard. On pourra ensuite utiliser ces valeurs économiques dans les comparaisons de revenus par culture à la ferme.
Enfin, conclut le directeur du Pôle PFQ, la formation continue – tenant compte, notamment, du rendement et de la fertilisation des prairies – ainsi que le transfert de connaissances permettront d’outiller les producteurs en vue d’ajuster leurs pratiques. Il faut donc, ajoute-t-il, ajuster la formation aux enjeux actuels de la production de plantes fourragères et s’assurer du transfert des nouvelles connaissances en la matière.