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Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, le tiers des fruits et légumes est perdu chaque année à cause de maladies fongiques ou bactériennes. La fraise est le sixième fruit en importance cultivé dans l’ensemble des provinces canadiennes. En 2020, sa production représentait 24 158 tonnes métriques. La recherche scientifique sur le sujet est donc importante pour l’industrie.
Selon le chercheur en phytopathologie à Agriculture et Agroalimentaire Canada Hervé Van der Heyden, les trois principales maladies fongiques qui affectent la fraise sont la moisissure grise, l’anthracnose et le blanc du fraisier.
« Encore aujourd’hui, ce sont les plus importantes, d’abord parce qu’elles affectent les fruits, donc directement le rendement », dit-il. Le blanc du fraisier, par exemple, affectera la partie foliaire, les fleurs et les fruits, ce qui aura pour conséquence de diminuer le rendement des plantes, ajoute-t-il.
Moins de rendement
D’autres maladies affecteront le système racinaire et le collet, ce qui aura pour conséquence de donner des plants plus petits et moins résilients aux stress. « Il peut aussi y avoir aussi des pourritures racinaires qui vont empêcher la croissance du plant, ce qui occasionnera une densité plus faible au champ et une perte de rendement puisqu’il ne produira pas autant de fruits », dit-il.
Ces maladies ne nuiront pas au rendement durant toute la saison, ajoute toutefois le spécialiste. En fonction de la météo, il y aura des périodes durant la production où elles seront davantage présentes. La solution au problème des principales maladies fongiques réside encore dans l’utilisation des fongicides, souligne M. Van der Heyden. Or, « il y a de plus en plus de biofongicides qui sont intégrés à la régie conventionnelle », dit-il. Ceux-ci peuvent réduire l’utilisation de fongicides chimiques et répondre davantage aux enjeux environnementaux et de santé auxquels les producteurs font face.
Un autre problème s’ajoute toutefois. Les microorganismes développent une résistance aux fongicides, ce qui diminue leur efficacité, ajoute le chercheur. Une étude a démontré que jusqu’à 80 % des souches recueillies dans différentes régions du Québec étaient résistantes à certains fongicides. Bref, les producteurs voient les problèmes s’accentuer et ont moins d’outils pour y faire face, conclut M. Van der Heyden.
Les rayons UV
Marie Thérèse Charles, scientifique au Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu d’ACC a dirigé une étude en collaboration avec d’autres chercheurs pour trouver des solutions de rechange aux pesticides.
L’équipe a découvert que le fait d’exposer des fraisiers en croissance à de faibles doses d’UV-C améliorait leur capacité d’autodéfense contre les maladies, et ce, sans danger pour la consommation humaine.
Comme l’explique Mme Charles, il faut respecter les doses. La valeur de la dose optimale varie d’une espèce végétale à l’autre. Si les doses appliquées sont trop élevées, elles causent des dommages qui peuvent affecter de façon importante les rendements et la qualité. « Un traitement efficace aux UV consiste en plusieurs applications répétées d’une dose dans la période pendant laquelle on désire protéger la plante. La fréquence et le nombre de doses pour le bon traitement aux UV sont déterminés de façon similaire pour l’application d’un pesticide ou pour l’administration d’un médicament à un patient », poursuit la chercheuse.
Chez les fraises, la dose efficace est de 0,6 kJ/m2. En appliquant cette dose une fois tous les deux jours, on a observé une réduction du blanc du fraisier. En inoculant les fraisiers avec l’agent responsable de la tache commune, on a découvert que les plants traités aux UV avaient beaucoup moins de symptômes.
Selon Mme Charles, la réduction des symptômes serait liée à un possible effet direct sur les organismes pathogènes et serait également associée à une activation de la résistance naturelle de la plante. « Il convient de mentionner que les travaux menés à date avec d’autres espèces que la fraise indiquent que les traitements aux UV sont efficaces aussi bien contre les maladies fongiques que les maladies bactériennes », conclut Marie Thérèse Charles.