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SAINT-ÉTIENNE-DES-GRÈS – Populaire dans les années 1960, l’amélanche aurait pu faire un grand retour dans les années 2000 lorsque des producteurs québécois s’y sont intéressés de nouveau. Aujourd’hui, rechercher des producteurs qui commercialisent ce petit fruit indigène équivaut à chercher une aiguille dans une botte de foin.
À Saint-Étienne-des-Grès, en Mauricie, Sylvain Éthier cesse l’autocueillette d’amélanches à la ferme après près de 20 ans d’activité. Dès cette saison, l’entièreté de la production ira à la confection de tartes et de confitures revendues à la boutique de la ferme.
La variété en question ratatinait rapidement lors du mûrissement du fruit, ce qui ajoutait une pression pour la récolter au bon moment.
M. Éthier souligne qu’il fallait aussi réquisitionner du personnel pour l’autocueillette d’amélanches, alors que le début de la saison chevauchait la fin de celle des fraises. Avec la boutique, c’était trop à gérer.
Après le tabac
En 2005, Sylvain Éthier et Gaétane Beaumier cherchaient à réorienter les activités de la ferme après la cessation des achats de tabac des grands cigarettiers sur leurs terres. Avec le temps, ils ont planté 1 200 amélanchiers, de même que des plants de fraises et de bleuets en corymbe. Ils ont aussi fait pousser de la courge, de la citrouille et développent l’agrotourisme. « Mettons que l’amélanchier n’a pas été notre planche de salut dans notre transition au niveau de l’argent, mais ç’a incité les gens à découvrir ça et on a travaillé là-dessus, et c’est vraiment bon transformé », affirme M. Éthier.
À Saint-Paul-d’Abbotsford, en Montérégie, David Côté a cessé l’autocueillette d’amélanches, il y a deux ans. Le produit frais se dégrade rapidement, ce qui le rend difficile à commercialiser. « On le vend frais [au début], mais pour garder sa fraîcheur et sa qualité, on doit congeler rapidement et après, on le vend congelé », dit-il en précisant que la période de récolte s’étend sur trois semaines seulement.
En proportion, 250 kg sont mis en vente à l’état frais au nouveau kiosque de la ferme contre 2 000 kg congelés sous vide et vendus à des restaurateurs. Selon lui, l’amélanche s’est fait dépasser par le bleuet dans la course à la popularité dans la province.
Dans sa région, ce sont la camerise et le sureau qui ont volé la vedette à l’amélanche. « Le goût de l’amélanche est très bon, mais il y a une petite noisette dedans. C’est plus pâteux et […] ça donne l’impression de croquer une pommette. […] Ça ne se mange pas à la poignée », mentionne-t-il. Les chefs et les restaurateurs en sont toutefois friands pour confectionner des coulis et des sauces.
Manque de publicité et de débouchés
À L’Isle-aux-Coudres, dans Charlevoix, Michel Pedneault dresse le même constat. « J’ai planté [un hectare] en 2003. Je pensais que ça allait lever dans ces années-là, mais non », dit-il.
Si l’amélanche a été devancée par la camerise, c’est justement en raison d’un travail important des producteurs de camerise pour faire découvrir cette dernière. L’amélanche, elle, est restée dans l’ombre. « Ce n’est pas connu […] et il n’y a pas d’acheteurs », souligne M. Pedneault.
Le manque de débouchés l’a incité à transformer ses fruits à la ferme, notamment en produits alcoolisés. Il explique même avoir planté un hectare supplémentaire d’amélanchiers, en 2010, pour combler la demande de produits transformés vendus à la ferme, mais la demande s’est stabilisée depuis.