Petits fruits 3 août 2023

Des pertes importantes dans les fraises et les framboises

À l’instar des légumes de champ, les petits fruits souffrent des averses importantes des dernières semaines. L’accumulation d’eau dans les champs entraîne des pertes considérables, surtout pour les cultures de fraises et de framboises. « On marche dans l’eau pour cueillir nos fraises », déplore Nathalie Bruneau, de la Bleuetière Point du jour, à Lavaltrie, dans Lanaudière.

Situés à ras le sol, les plants de fraises sont vulnérables aux accumulations d’eau. Leurs racines peuvent également être endommagées par la moisissure.
Crédit : Facebook/Paradis des fraises

La productrice, qui évalue ses pertes de fraises à environ 50 %, mentionne qu’il y a beaucoup plus de sélection de fruits à faire et que plusieurs d’entre eux sont déclassés étant donné leur état. Robert Auclair, du Paradis des fraises, lui aussi à Lavaltrie, explique que les pluies à répétition provoquent de la moisissure grise sur les fruits. « La fraise est un fruit vulnérable. Il n’y a pas grand-chose à faire pour la protéger », se désole le producteur qui a, pour sa part, perdu entre 40 et 45 % de sa récolte.

Des tâches complexifiées

L’accumulation d’eau complique également les tâches d’entretien au champ. « On ne peut plus passer avec les tracteurs pour désherber ou appliquer des fongicides », soulève Nathalie Bruneau. En conséquence, les coûts d’entretien sont plus élevés.

Martin LeBel, qui cultive des fraises à Saint-Arsène, dans le Bas-Saint-Laurent, estime que « les prochaines semaines seront assez difficiles pour la cueillette ». Le producteur de la Fraisière LeBel, qui a encaissé des pertes de 30 %, explique que les fruits doivent être récoltés au sec. Ainsi, même les journées humides posent problème aux producteurs dans leurs récoltes.

Des dommages à long terme

Si les répercussions des intempéries se font déjà sentir, les producteurs prévoient qu’elles se perpétueront dans les prochaines saisons. « Les rendements des deux prochaines années sont hypothéqués », affirme Robert Auclair. À la Bleuetière Point du jour, des plants de framboises mis en terre il y a deux ans seulement — et dont la durée de vie est normalement de 12 à 15 ans, spécifie Nathalie Bruneau — ont péri dans les conditions pluvieuses des dernières semaines.

M. Auclair, qui n’a jamais vu des inondations de cette ampleur, s’inquiète également des conséquences sur la motivation de la relève. « Mes deux garçons sont en train de reprendre la ferme tranquillement, et ils se demandent si ça vaut la peine de continuer dans le domaine », rapporte le producteur.

De l’aide demandée

Patrice Léger-Bourgoin, le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, entend le besoin des producteurs de petits fruits de son association, surtout des régions de Lanaudière et de la Montérégie. « Nous avons formellement demandé au gouvernement de mettre en place des systèmes d’aide d’urgence. Il y a beaucoup de producteurs qui ont de très grands enjeux financiers », soutient le directeur.


L’eau s’accumule entre les rangs de bleuets, rendant l’accès avec les tracteurs plus difficile. Photo : Gracieuseté de la Bleuetière Point du jour

Les bleuets s’en sortent mieux

Bien que l’été s’avère ardu pour les producteurs de fraises et de framboises, ceux de bleuets s’en sortent mieux que leurs confrères, soutient Jean-Yves Goulet, le président du Regroupement des bleuetières de la Chaudière-Appalaches. « Le bleuet a très bien réagi à l’eau. À l’heure actuelle, c’est une excellente saison pour toutes les bleuetières de Chaudière-Appalaches », se réjouit le président. Il précise que les bleuets poussent moins près du sol et qu’ils peuvent rester jusqu’à 30 jours sur leur arbuste.  

Nathalie Bruneau, qui cultive des bleuets en plus des fraises et des framboises, remarque également que « la pourriture est moins importante » sur ses plants de bleuets.

Comme pour les fraises et les framboises, l’accumulation d’eau complexifie toutefois l’accès aux champs pour l’entretien. « Nous avons de la difficulté à entrer dans les champs pour la tonte de pelouse, par exemple. Nous avons endommagé les entre-rangs. Ce n’est donc pas l’arbre qui souffre [des pluies], c’est le producteur », explique Jean-Yves Goulet.

Les pluies peuvent également limiter l’autocueillette des bleuets. « L’autocueillette est très importante pour les bleuetières de Chaudière-Appalaches. Si elle est moins présente à cause des pluies, ce serait catastrophique », prévoit le propriétaire de la Bleuetière Goulet, de Saint-Frédéric.